Les inondations pourraient affecter les cultures d'automne

Les innondations subies cet automne et surtout la stagnation de l'eau pendant plusieurs jours pourraient engendrer des pertes de surfaces en céréales d'automne. Crédit: S. Leitenberger/Adobe Stock

Selon le conseil spécialisé grandes cultures - marchés céréaliers de FranceAgriMer, la situation dans le nord de la France risque de perturber les semis de blé tendre et d'orge d'hiver. Au-delà de cette récente évolution, d'autres éléments ont été notables ces derniers mois: la montée en puissance de la Turquie sur le blé dur et le recul des exportations françaises de blé tendre vers l'Algérie.

Si le conseil spécialisé grandes cultures - marchés céréaliers de FranceAgriMer, qui s'est tenu le 15 novembre, visait à faire le point sur les productions de la filière, ses exportations et les points de vigilance, les inondations dans le nord de la France ont largement occupé – et assombri – les esprits. Tout avait pourtant bien commencé. Octobre s'annonçait radieux pour les premiers semis. Puis, patatras, la pluie est arrivée. En surabondance. Au-delà des aspects humains, notamment dans le Pas-de-Calais, "une baisse des surfaces est inévitable", déclare Benoît Piètrement, président du conseil.

S'il n'a pas d'inquiétude particulière pour le blé dur, qui se sème plus tard dans la saison, le blé tendre, ainsi que l'orge d'hiver, pourraient être affectés. Au point de voir une bascule vers les orges de printemps et le maïs ? "Tout dépendra de la météo dans les semaines et les mois à venir dans certaines régions", répond-il. Pour l'heure, les champs, en particulier dans le Nord, sont toujours inondés et prendront du temps à sécher. Impossible, aujourd'hui, de dresser un bilan précis et encore moins de faire des prévisions.

Un contexte relativement porteur

Avant cela, les choses se présentaient assez bien ces dernières semaines. Certes, l'euro s'est récemment apprécié face au dollar, à mesure que les traders intègrent le fait que la Réserve fédérale américaine fait une pause dans le mouvement de hausse des taux d'intérêt qu'elle a entamé il y a quelques mois pour tenter de contenir l'inflation. De quoi amoindrir la compétitivité européenne à l'export. Mais le cours du brut (Brent de mer du Nord), après avoir fait du yoyo en fonction de divers développements géopolitiques, a tendance à se stabiliser sur les niveaux de 80 dollars le baril ces derniers jours. Quant au prix du gaz naturel et, partant, de l'électricité et des engrais, exprimé pour le premier par les contrats à terme Dutch TTF, il reste élevé, certes, mais à des niveaux qui n'ont rien à voir avec les pics de la mi-2022... Enfin, le couple offre-demande, affecté d'une part par un ralentissement de la croissance économique mondiale et de l'autre, par des perspectives de rendements céréaliers corrects en Chine et aux États-Unis mais attendus en baisse en Argentine et en Australie, ne semble pas causer de grandes inquiétudes.

Exportations françaises

Le conseil spécialisé grandes cultures - marchés céréaliers de FranceAgriMer, dans son bilan chiffré, relève toutefois deux évolutions notables. D'une part, le fort recul des exportations françaises de blé tendre vers l'Algérie. Et d'autre part, la montée en puissance de la Turquie, aussi bien en matière de production que d'exportation de blé dur. "Avec une forte progression des surfaces et une grande partie de la production fournie par la Russie et réexpédiée à l'étranger sous forme de farines, la Turquie pourrait redevenir un acteur mondial significatif sur le blé dur", avance ainsi Benoît Piètrement.