Moisson : l'incertitude règne sur la récolte céréalière 2024

Compte tenu des conditions météo, les experts de FranceAgriMer, qui présentaient le 11 juillet les premiers enseignements concernant les récoltes en cours, notamment de blé tendre, sont réservés concernant la quantité comme la qualité. De quoi, aussi, faire perdre des parts de marché à la ferme France.

Moissons 2019

Les experts de FranceAgriMer sont réservés quant à la quantité comme la qualité de la récolte de blé tendre cette année.

© Olivier/Adobe Stock

Benoît Piétrement, agriculteur, président de la coopérative Novagrain, à Sézanne dans la Marne, et du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, n'a qu'une envie : en finir avec cette situation. Il ne parle pas de la crise politique française, mais de sa moisson.

De fait, au-delà de conditions météo adverses pendant presque tout le développement des plantes, ces derniers mois, les récoltes sont elles aussi perturbées par les caprices du temps, avec des activités en mode « stop-and-go ».

En conséquence, les experts de FranceAgriMer, qui se sont exprimés le 11 juillet, sont, comme ceux d'Agreste ou d'Arvalis, réservés. Et ce, aussi bien concernant les rendements à l'hectare et la quantité totale que la qualité des grains cette année. Il faudra attendre la fin des moissons pour en savoir plus.

La production de blé tendre attendue en baisse de 15 %

Mais d'ores et déjà, FranceAgriMer estime la production française de blé tendre à 29,6 Mt pour la campagne 2023-2024, en recul de 15 % par rapport à l'année passée.

Il convient de manier ces hypothèses avec précaution, prévient encore FranceAgriMer, tant l'incertitude règne sur les récoltes et, en conséquence, sur les volumes des exportations, « dont le niveau dépendra non seulement du contexte de marché et de concurrence internationale, mais aussi du disponible exportable, en volume et en qualité, une fois les utilisations intérieures servies ».

Hausse des exportations vers l'UE

Il n'empêche, des quantités plus faibles impliquent forcément de moindres disponibilités pour l'extérieur et éventuellement des exportations en baisse.

FranceAgriMer estime les futures exportations de blé français en recul vers les pays hors Union européenne (- 2.700 kt, soit - 26 %), même si une hausse est attendue pour les pays de l'Union. En effet, nombre d'entre eux ont aussi été victimes, les uns de pluies excessives, les autres de sécheresse.

Pas de quoi faire grimper les prix

Cette rareté relative a-t-elle de quoi faire grimper les prix ? Pas nécessairement, répond Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucres pour FranceAgriMer. Ils sont actuellement plutôt orientés à la baisse – l'échéance la plus proche du contrat à terme échangé sur Euronext se situait à 226 €/t le 9 juillet – et entraînés en cela par d'autres marchés, aux États-Unis, en Russie, en Ukraine ou en Argentine. Surtout, la production, qui ne faiblit pas, ou pas partout, pèse aussi sur la baisse des prix.

Toutefois, malgré une hausse de la production prévue en Chine (140 Mt), au Canada (35 Mt), aux États-Unis (51 Mt), en Australie (30 Mt) et en Argentine (19 Mt), la production mondiale de blé tendre 2024-2025 est attendue à 758 Mt, en baisse de 0,5 % sur la campagne précédente et devrait être la plus basse en 3 ans.

Problèmes de trésorerie

Autant d'éléments qui pèseront sur la trésorerie des exploitants français. « Si la récolte est mauvaise à tous points de vue et que les prix stagnent, alors que les engrais ont été auparavant achetés au prix fort, cela crée forcément, en particulier pour les petites exploitations, des difficultés », résume sobrement Benoît Piétrement.