Dès que vous avez une voiture, l’assurance est obligatoire. Savez-vous que sur les marchés des matières agricoles (comme bien d’autres), l’assurance n’est pas obligatoire mais elle s’avère très précieuse et, pour cause, elle permet de protéger le producteur contre la volatilité du marché. Ainsi elle va vous permettre de fixer un prix de vente à l’avance, quand bien même à l’échéance et à l’exécution du contrat, les prix sont inférieurs à celui fixé au préalable. Dans le jargon ce type d’assurance s’appelle un Put. Autrement dit, un Put donne le droit de fixer un prix à terme sur un niveau prédéfini (strike) et ce sans prendre le risque appel de marge à cause de la volatilité. L’autre outil assurantiel qui permet à l’inverse de se sécuriser par rapport à la hausse des marchés, c’est le Call.
Concrètement, deux cas de figure peuvent se poser. En effet, dès que vous sortez le semoir pour réaliser vos semis, quel est le risque qui se présente ? Le risque que les prix de vente de vos blés descendent sous les coûts de productions. L’option PUT va donc pouvoir vous assurer contre cette baisse et sécuriser un prix minimum garanti.
Autre situation, au moment où vous vendez votre récolte, quel risque prenez-vous ? Celui de voir les marchés remonter et de fait avoir un manque à gagner. L’option Call va vous assurer contre cette hausse. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les options Put ou Call sont des assurances, donc des outils de sécurisation, qui ne servent pas à gagner de l’argent, mais qui permettent de ne pas en perdre.
Petite mise en situation, février 2016, les conditions de culture sont bonnes, les fondamentaux sont lourds, il serait peut-être judicieux, compte tenu de mes coûts de production, d’assurer un prix minimum garanti sur la future récolte dont je ne connais encore ni la qualité ni la quantité.
La première étape va donc consister à déterminer un prix minimum garanti qui doit être supérieur à mon coût de production. C’est ce prix minimum garanti qui va aider à choisir le strike et le contrat d’option. NB : ces éléments sont disponibles auprès d’opérateurs privés, OS… broker, et plateformes de trading.
Par exemple, si je définis mon prix minimum garanti à 160 euros/t
Il faut partir sur un strike 185 euros/t (échéance septembre 2016) à un coût de 10 euros/t
=>185 – 10 (coût option) – 15 (coût base) =160€/t
Autre possibilité, choix d’un strike à 190 euros/t (échéance septembre 2016) à un coût de 11 euros/t
=>190 -11 (coût option) - 15 (coût base) = 164 euros/t
Cette deuxième possibilité pour un coût supérieur d’option de 1 euro seulement permet de sécuriser un meilleur prix garanti.
S’assurer contre la baisse
Le mois de septembre arrive, la récolte a été exceptionnelle, les stocks de blé mondiaux sont records, le marché est à 140 euros/t. Je vais donc faire valoir mon assurance en vendant ma position :
Cette opération m’a permis de fixer un prix minimum de ma tonne de blé à 160 euros/t avec une option Put à 10 euros et un strike de 185 euros/t ou encore à 164 euros/t avec une option Put à 11 euros et un strike de 190 euros/t. J’ai atteint mon seuil de commercialisation qui intègre mes charges et mon revenu. Sans cette opération, j’aurai vendu sur une base de 125 euros/t au moment de la récolte.
Si, a contrario, le marché s’est renchéri, le prix est monté à 200 euros/t alors je n'utilise pas ma protection contre la baisse, je perds le coût de l’assurance 1000 euros, pour 100 tonnes et j’opère ma vente physique tout en profitant de la hausse du marché :
S’assurer contre la hausse
Le mois d’octobre arrive, il faut que je vende ma marchandise pour refaire ma trésorerie.
Je vends 100 tonnes à 150 euros/t, mais je vais prendre une option Call strike 150 euros/t échéance décembre 2016. Ce qui me donnera la possibilité de bénéficier d’une hausse éventuelle. Le coût de cette assurance est de 10 euros/t.
Le mois de décembre arrive, le conflit entre la Turquie et la Russie ne fait que s’amplifier. Le détroit du Bosphore est fermé. Les prix Euronext pour le blé sont remontés à 200 euros/t. Je fais donc valoir mon assurance. L’assurance Call va compenser le manque à gagner au moment de la vente physique de mes 100 tonnes.
À retenir