Transbordeur : choisir le bon dimensionnement

Face à des moissonneuses au débit de chantier de plus en plus conséquent, la logistique du transfert des grains jusqu’au point de stockage s’en trouve souvent chamboulée. Le transbordeur est alors l’une des alternatives pour suivre cette cadence et ne pas interrompre la moissonneuse. Si la taille et le débit de la moissonneuse influent sur le dimensionnement du transbordeur, d’autres facteurs entrent aussi en jeu lorsque l’on souhaite s’équiper.

Si la taille et le débit de la moissonneuse influent sur le dimensionnement du transbordeur, d’autres facteurs entrent aussi en jeu lorsque l’on souhaite s’équiper.

© Willy Deschamps

« L’objectif d’un transbordeur est que la logistique d’un chantier de récolte ne s’arrête jamais, explique Pierre Havet, commercial chez Perard. L’un des critères pour choisir le bon dimensionnement de son transbordeur est d’abord la taille du chantier. Nous considérons que, pour une moissonneuse de 9 m de coupe, il faut envisager un transbordeur à partir de 40 m3 afin que le chantier ne s’arrête pas. Si le lieu de vidange est à 6 km du champ et que la coupe de la moissonneuse fait 9 m de large, un transbordeur de 40 ou 46 m3 suffit. » La taille de la machine et son débit horaire sont donc à prendre en compte au début de la réflexion. Les volumes à évacuer par heure ne seront pas les mêmes entre une moissonneuse de 12 m de coupe et une autre de 7 m. Idem s’il y a une ou plusieurs machines dans la même parcelle. Le secteur géographique et les potentiels de rendement influent également. « J’ai l’exemple d’un client qui n’a besoin que d’un Interbenne de 46 m3 pour suivre ses trois moissonneuses et leur largeur de 21 m de coupe totale, commente le commercial de Perard. Certains de nos clients nous remontent gagner entre 15 et 20 % de temps de battage journalier grâce au transbordeur. »

Vidanger le transbordeur en une fois

Il faut aussi considérer la capacité des véhicules dans lesquels le transbordeur décharge ; l’idéal étant de vider l’intégralité du contenu en une fois afin de limiter les pertes de temps. « Chez Perard, un modèle de 46 m3 correspond globalement à un camion complet, excepté pour le colza, relève Pierre Havet. Dans du blé autour de 78 à 80 de poids spécifique, le 40 m3 permet également de faire un camion complet en une fois. En revanche, dans d’autres espèces comme l’orge, le colza ou le tournesol, cela n’est pas possible. »

Un autre facteur à prendre en compte concerne le type de culture à récolter et son rendement. Il y a par exemple une différence de débit de récolte entre des cultures estivales telles que le blé, l'orge, le colza, et du maïs à l’automne. « Dans notre gamme de transbordeurs, un appareil au débit de vidange d’environ 400 t/h peut suffire dans le cas de récoltes de céréales uniquement l’été, témoigne Sébastien Dillies, directeur commercial chez Ropa France, distributeur Bergmann. En revanche, pour suivre la cadence d’un chantier de maïs, nous recommandons plutôt un modèle de 1100 t/h. L’un de nos appareils de 43 m3 et 1100 t/h de débit suit deux moissonneuses pour la récolte du maïs dans le Sud-Ouest. Il arrive ainsi à charger une semi-remorque en un tour et met environ une minute trente secondes pour vidanger. » Un débit de déchargement qui est conditionné par la taille de la vis. Un diamètre plus gros garantit une vidange plus rapide. Il contribue aussi à préserver davantage le grain.

Un matériel utilisable en conventionnel comme en bio

Il y a bien sûr une clientèle pour les modèles de plus petite capacité. Certains optent pour ceux-ci parce qu’ils conservent des bennes agricoles, pas forcément de grande taille, en bout de champ. « Pour les 30 m3 que nous commercialisons, il faut presque un transbordeur et demi pour remplir un camion, explique le commercial de Perard. Il y a des clients qui recherchent aussi une machine moins grosse, en tandem plutôt qu’en tridem. » Reste que le transbordeur n’est pas réservé qu’à de grosses structures et peut convenir à toute taille d’exploitation. Il peut être utilisé aussi bien en agriculture conventionnelle qu'en production biologique. « Nous avons aussi des clients en agriculture biologique, note Pierre Havet. Il n’y a pas de profil type d’utilisateur pour ce genre d’appareil. Selon moi, un transbordeur est envisageable dans toute exploitation qui réalise entre 150 et 180 ha de récolte par moissonneuse. Quant aux transbordeurs utilisés en agriculture biologique, il n’y a pas de différence en matière d’équipement par rapport au conventionnel. »

 

Polyvalence : Le transbordeur valorisé en dehors des périodes de récolte

Le transbordeur ne sert pas uniquement à débarder du grain entre la moissonneuse et les bennes en bout de champ. Pour l’amortir davantage durant l’année, certains le valorisent au ravitaillement de l’engrais ou des semences. Bergmann propose par exemple de diviser la caisse du transbordeur en deux parties, afin d’embarquer semences et engrais en même temps, ou deux semences distinctes. « Presque la moitié de nos clients effectuent les engrais avec leur transbordeur, constate Pierre Havet, commercial chez Perard. Un tiers d’entre eux s’en sert aussi comme boisseau. Lorsqu’ils vident leur stockage à plat, ils remplissent le transbordeur et déchargent ainsi rapidement son contenu dans un camion. »