Parcelles inondées : faut-il resemer et comment ?

Avec les pluies diluviennes d’automne, les semis des céréales risquent de ne pas lever correctement. Le gel et le ressuyage des terres permettent de semer à nouveau, mais sous certaines conditions.

L'eau est restée parfois plusieurs semaines dans les parcelles, noyant tout espoir de levée. Une solution "en rustine" est envisageable dans ce cas.

© Olivier Levêque

Durant les trois derniers mois de 2023, de nombreux semis de céréales ont « bu la tasse », avec des pluies exceptionnelles. Sur les parcelles saines et semées tôt, la croissance est bonne. Ce n’est pas le cas des cultures à peine levées ou mal tallées dans les situations gorgées d’eau. Le gel de ces derniers jours ouvre une fenêtre pour intervenir, mais les situations très hétérogènes imposent de rester prudent face à la tentation de semer à nouveau.

Resemer ou ne pas resemer, telle est la question

Avant toute intervention, il importe de ne pas se précipiter et de bien pondérer les options.

Dans les zones où l’excès d’eau s’est maintenu, l’ensemble des plantes a probablement disparu. Dans ce cas, un resemis « en rustine » peut s’imposer. Le choix de la culture et de l’espèce doit se faire en respectant l’alternativité des variétés (voir les documents techniques d'Arvalis). Le décalage du cycle se réduira peu à peu, pour aboutir à moins de deux semaines à la moisson.

Dans les parcelles affectées par un engorgement en eau durable et/ou l’apparition d’une croûte de battance, le taux de levée peut avoir été fortement abaissé. Dans ce cas, l’intervention ne se justifie pas au-dessus de 60 à 100 plantes bien réparties. Certes, le rendement est pénalisé, mais ça permet de couvrir les coûts déjà engagés. Ce seuil est cependant à moduler en fonction du contexte de chaque parcelle :

  • si la parcelle est irrigable, un blé dur, une orge de printemps ou un maïs sont conseillés. À l’inverse, si la parcelle est séchante, s’engager vers une culture de printemps ou d’été est risqué
  • si la structure du sol a été dégradée lors de l’implantation, les capacités de rattrapage seront limitées
  • si la parcelle est enherbée et sera difficile à nettoyer, ou, à l’inverse, si un herbicide a déjà été appliqué et pourrait poser problème en cas de changement d’espèce.

En cas de très faible densité, le sursemis est possible. Mais la gestion de plantes d’âges différents sur la parcelle va complexifier fortement l’accompagnement de la culture.

Ces recommandations doivent permettre d’assurer une montée à épi, sauf en cas de scénario climatique très extrême. Un différentiel de rendement de 20 à 30 % est probable, mais l’itinéraire peut permettre quelques économies sur le désherbage ou le traitement des maladies.