Pour racheter ou régulariser des trimestres manquants pour sa retraite, il est conseillé de s’y prendre tôt. Et plus encore pour préparer sa stratégie patrimoniale.
D’ici quelques années ou quelques mois, vous entamerez une nouvelle étape dans votre vie : la retraite. Pour appréhender le plus sereinement possible ce changement, rien de plus simple : il suffit de prendre le temps de bien la préparer. Depuis la réforme des retraites, vous connaissez votre âge de départ à la retraite - 62 ans si vous êtes nés à partir de 1955 - et le nombre de trimestres à valider pour bénéficier d’une retraite à taux plein à cet âge-là. Il vous faut par exemple 166 trimestres d’assurance si vous êtes né en 1955, 1956 ou 1957. Ce nombre augmente d’un trimestre toutes les trois générations, pour atteindre 172 trimestres pour les assurés nés à partir de 1973. Il convient d’examiner le relevé de carrière adressé désormais tous les cinq ans par « Info Retraite ». « Avant tout, il faut rassembler les justificatifs d’activité pour les périodes lacunaires : les bulletins de salaire doivent être soigneusement conservés dans le cas d’emplois salariés (puisque des entreprises peuvent avoir cessé leur activité) et surtout dans le cas de contrats à durée déterminée ou de missions d’intérim, sans oublier les emplois exercés à l’étranger », indique Claude Voinson, responsable des prestations sociales à Cogedis.
Il est conseillé de ne pas attendre le dernier moment pour reconstituer sa carrière et effectuer les rachats nécessaires. « Pour les rachats de trimestres, s’y prendre l’année précédant le départ en retraite ne permet pas d’optimiser les déductions fiscales et sociales. Il est préférable d’y songer dès l’âge de 55 ans », recommande la responsable.
Le rachat de trimestres, sous conditions
Si l’étude du relevé de carrière fait apparaitre que la durée d’assurance nécessaire à l’obtention d’une retraite à taux plein ne sera pas atteinte à 62 ans, il est en effet possible de racheter des trimestres de cotisations manquants.
Les agriculteurs peuvent en premier lieu se tourner vers le rachat des cotisations des périodes au cours desquelles ils avaient le statut « d’aide familial mineur ». Ces périodes concernent les personnes qui ont exercé une activité non salariée sur l’exploitation, entre l’âge de fin de scolarité obligatoire et l’âge légal d’affiliation au régime d’assurance vieillesse (21 ans jusqu’au 31 décembre 1975, 18 ans après). « Il est également possible de régulariser les périodes d’"aide familial majeur" qui n’ont pas été cotisées par les parents ainsi que les périodes d’apprentissage, avec une difficulté toutefois: les périodes en Maison Familiale Rurale ne sont pas considérées par la MSA, sauf exception, comme des périodes d’apprentissage mais comme des périodes d’études », indique Claude Voinson
Un autre dispositif, plus onéreux, permet de racheter 12 trimestres maximum. Cette opération, aussi appelée versements pour la retraite ou rachat « Fillon » est soumise à plusieurs conditions. « Elle permet de racheter uniquement les trimestres d’études supérieures validées par un diplôme mais aussi les années incomplètes où moins de quatre trimestres de cotisations ont été validés », précise Claude Voinson. Ces rachats sont possibles auprès du régime général des salariés, des régimes agricoles, des régimes des indépendants, des régimes des professions libérales. Il est également possible de racheter des trimestres dans la fonction publique au titre des années d'études (mais pas pour les années incomplètes).
Il existe deux options de rachat de trimestres. Avec l'option 1, au titre du "taux seul", la moins onéreuse, les trimestres rachetés sont intégrés pour calculer le nombre de trimestres d’assurance, mais ne sont pas pris en compte pour le calcul de la retraite. Cette option permet d'atténuer les effets de la décote, voire de la supprimer et d'obtenir une retraite au taux plein si tous les trimestres manquants sont rachetés pour atteindre la durée d'assurance requise. Avec l'option 2, au titre des "taux et durée", les trimestres rachetés servent à calculer à la fois le nombre de trimestres d’assurance et le montant de la retraite. En plus de la décote, elle minore ou annule tout prorata. « Attention, le coût de ces trimestres est excessivement élevé et dissuasif. Il varie selon l'âge auquel ils sont achetés (plus on est âgé, plus le coût est élevé), le revenu au moment du rachat (plus il est élevé, plus le trimestre est onéreux) et selon l'option de rachat retenue. Le rachat d’une année de cotisations à 60 ans dépasse les 12000 euros et s’adresse donc aux catégories socio-professionnelles aux revenus très élevés », prévient Claude Voinson.
À noter que le rachat des trimestres de retraite permet de bénéficier d'une déduction fiscale (voire sociale en cas de rachat d’années d’aide familial par un exploitant). « Celle-ci sera d’autant plus intéressante que le rachat aura lieu en période de revenu élevé. »
Épargner pour sa retraite
Épargner apparait comme nécessaire pour obtenir un complément de revenus quand sonnera l’heure de la retraite. « Dans l’état actuel de la réglementation, le montant des pensions de retraite agricole - de 900 à 1100 euros en général, pour une carrière complète de chef d’exploitation - ne suffit pas au niveau de vie souhaité par les retraités. Les agriculteurs n’ont pas d’autre choix que de se constituer une épargne en vue de leur départ à la retraite. Le premier placement retraite, c’est déjà être propriétaire d’une résidence principale aménagée pour la retraite, et bien isolée », souligne Claude Voinson qui recommande de bâtir une stratégie patrimoniale le plus tôt possible, dès 40 ans.
Retrouvez l’article complet dans Cultivar de septembre 2016
Danielle Bodiou avec Claude Voinson, de Cogedis