
Aujourd’hui, Cultivar se fait le relais de la Gazote, la gazette de l’azote, qui apporte des éléments de réflexion importants quant au placement du premier apport d’azote sur blé. Si celui-ci n’a pas encore été réalisé pour cette campagne, plusieurs éléments incitent à le retarder, voire à en faire l’impasse.
La première donnée est la minéralisation importante de l’azote organique dans les sols compte tenu de l’hiver relativement doux. « La minéralisation peut être suivie par le calcul de jours normalisés qui correspondent à une température de 15°C sur un sol à la capacité aux champs, peut-on lire. Depuis le 1er août 2022, le nombre de jours normalisés pour la minéralisation est dans la fourchette haute observée ces dix dernières années, d’un niveau proche de 2014-2015 et largement supérieur à une année moyenne. Cela laisse donc présager des quantités importantes d’azote disponibles dans les sols. »
Des moyens simples de mesurer la disponibilité de l’azote dans le sol
Au-delà de la théorie, les rédacteurs de la Gazette de l’azote, proposent des solutions bien concrètes pour vérifier le taux d'azote dans le sol :
La première, la plus scientifique, consiste à réaliser une mesure de reliquat azoté en sortie d’hiver. Si cela a été effectué et que le résultat de ce dernier affiche « une valeur supérieure à 60 kilogrammes par hectare d’azote sur l’horizon 0 à 60 centimètres, alors il est inutile d’envisager un premier apport d’azote minéral ».
La seconde consiste à observer le comportement d’une bande double densité. À condition d'avoir pensé à semer une bande double densité à l’automne précédent. Mais la Gazote, qui a plus d’un tour dans son sac, note que « même non implantée spécifiquement, il n’est pas rare qu’une zone de recoupement ait été doublée en semis dans une parcelle ».
La décoloration des céréales dans cette zone à fort peuplement est le signe d’une carence précoce. Elle permet d’anticiper un apport pour le reste de la parcelle.
Or, force est de constater que les décolorations se font attendre dans la plupart des parcelles suivies dans ce cadre dans la région Grand-Est. Cela peut rassurer les agricuteurs qui n'ont pas encore déclenché leur premier apport.
De plus, l’hiver doux a engendré « la mise en place d’un nombre important de talles. Mais seules les talles primaires de plus de trois feuilles au stade épi 1 centimètre sont réellement susceptibles de monter à épi. Les talles secondaires, voire tertiaires, sont de fait naturellement condamnées à régresser ». Fertiliser trop tôt, c’est prendre le risque d’alimenter ces talles qui ne vont pas participer au rendement de la culture.