« Pour les régions du nord de la France, au-dessus de Paris, les conséquences du réchauffement climatique seront moins importantes qu’au sud de l’Hexagone d’ici à 2050. À Lille, par exemple, le cumul de pluies annuel pourrait augmenter de 10 %. Et globalement, l’impact du réchauffement climatique sur les cultures d’hiver, notamment le blé, sera favorable au potentiel de rendement. Cependant, les cultures d’été avec des récoltes plus tardives verront leurs performances réduites. »
>>> À quoi s’attendre d’ici à trente ans ? Alors qu’elle est aujourd’hui la seconde année la plus sèche après 1986, avec un volume de précipitation inférieur de 25 % à la moyenne, pour l’expert, une année climatique comme 2022 fera partie de la norme.
« Il est donc essentiel de résoudre les problématiques rencontrées l’année dernière afin d’être parés à affronter 2050 ! », a-t-il alerté lors de son intervention.
Des sécheresses plus fréquentes et plus intenses
Lille devrait donc recevoir plus de pluie à l’horizon 2050. Cependant, cette simulation ne signifie pas que la région sera préservée des sécheresses et autres conséquences du changement climatique.
« Le piège est de se concentrer uniquement sur le cumul des pluies annuel », évoque l’agroclimatologue. En effet, la répartition des pluies a évolué, avec une « tendance à davantage de pluie en hiver et moins en été, pour un cumul de pluie annuel globalement similaire sur l’ensemble du territoire. »
>>> Il détaille ainsi les conséquences de cette évolution :
- D’abord, l’intensité des pluies sera plus importante, son augmentation est estimée entre 10 et 20 %.
- De ce fait, mécaniquement, une moins grande quantité d’eau s’infiltre dans les sols.
- L’eau qui ne s’infiltre pas ruisselle jusqu’aux cours d’eau et s’en va rapidement se jeter à la mer.
- Cette quantité d’eau n’est donc pas efficace pour les plantes et les cultures.
Les extrêmes se normalisent
Il ajoute que « des températures plus importantes induisent une augmentation de l’évapotranspiration. Couplées à une moindre quantité d’eau en été, il y a donc moins d’eau disponible pour les plantes dans les sols. Les sols s’assèchent. L’humidité des sols étant le meilleur marqueur pour caractériser les sécheresse. »
Pour ce critère d’ailleurs, Serge Zaka estime que les moyennes basses de ces dernières années seront la norme entre 2070 et 2100, même pour les régions où le cumul de pluies pourrait augmenter.
« Alors que c’était exceptionnel au début des années 2000, un été sans canicule nous paraîtrait presque bizarre aujourd’hui, avance Serge Zaka. En agriculture, l’indicateur qui compte le plus en été est le nombre de jours où le thermomètre dépasse 35 °C. » Pourquoi ? « C’est à partir de cette température que les dégâts sur les cultures d’été interviennent. »
>>> Quelles perspectives pour le futur ? « Dans les scénarii les plus optimistes, ce nombre sera multiplié par deux à la fin du siècle. Dans les scénarii pessimistes, il sera multiplié par six par rapport à ce que l’on connaît aujourd’hui. »
Le blé, comme toutes les cultures d’hiver, sera moins impacté par ces températures extrêmes. D’ailleurs, le réchauffement climatique est favorable à la culture, du moins, au Nord de l’Europe.
Au nord de Paris, les rendements pourraient en profiter. Mais les journées de forte chaleur au moment du remplissage du grain pourront rappeler aux producteurs l’existence du réchauffement climatique.
D’ici à 2050, nous devrions connaître une dizaine de journées supplémentaires avec des températures supérieures à 25 °C.