Une mine d'or ! Des milliers de variétés de blé avaient été collectées au cours des années 1920 et 1930 dans une trentaine de pays à travers le monde par un botaniste britannique, Arthur Ernest Watkins, premier scientifique à déterminer le nombre de chromosomes dans le blé. Cette collection a été analysée ces 10 dernières années par des spécialistes de l'Université de Bristol (Royaume Uni) et de l'Institut de génomique agricole de Shenzhen (Chine). Les résultats viennent d'être publiés dans la revue Nature.
Une collection datant d'avant la sélection intensive
Ils sont prometteurs. En effet, la collection contient des variétés de blé qui ne sont plus cultivées, car elles sont antérieures à la sélection intensive de la part des semenciers et à la mondialisation du commerce de blé. Unique au monde, cette collection montre l'énorme diversité des blés anciens ainsi que la dispersion des variations génétiques, dans des clusters, appelés aussi « groupes ancestraux », à travers le monde.
Les chercheurs britanniques et chinois ont ainsi découvert qu'au niveau mondial, les variétés de blé, venues à l'origine d'Europe centrale et orientale, qui se décomposaient en sept groupes ancestraux, ne sont maintenant plus que deux à être utilisées dans les sélections actuelles.
Une étude menée sur le génome
Mais surtout, en observant le génome de quelque 1.000 variétés de blé de la collection, les scientifiques actuels ont confirmé un appauvrissement certain dans les nouvelles variétés systématiquement sélectionnées aujourd'hui. De fait, nombre de caractéristiques présentes dans les anciennes variétés ne se retrouvent plus dans les blés contemporains.
Plus de la moitié de la diversité génétique a disparu
Les chercheurs ont ainsi étudié 137 traits particuliers et découvert que c'est même 60 % de la diversité génétique de la fameuse collection qui n'est plus présente dans les blés modernes.
Autant de caractéristiques qui pourraient être réintroduites, d'autant qu'elles présentent de nombreux avantages, dont la résistance à certaines maladies, des insectes nuisibles ou des limaces, et une meilleure efficacité d'utilisation de l'azote. De quoi améliorer le blé moderne et nourrir de façon plus durable une population mondiale en forte croissance.
Une puce de génotypage pour accélérer la nouvelle sélection
Mieux, les chercheurs ont développé une puce de génotypage qui permettra aux semenciers de repérer ces variances génétiques lorsqu'ils les incorporeront dans les nouvelles variétés qu'ils mettront au point à l'avenir.
Cela permettra d'accélérer le processus de sélection des semences, car les semis pourront être contrôlés dès le départ au lieu d'attendre toute la croissance pour vérifier qu'ils contiennent bien les caractéristiques désirées, comme la résistance à une maladie.
Efficacité de l'utilisation de l'azote, un enjeu clé
Quant à l'amélioration de l'efficacité d'utilisation de l'azote, elle permettra aux agriculteurs d'acheter moins d'engrais. Un avantage tant financier qu'environnemental. Accroître cette efficacité est en effet un défi dans de nombreux pays et en particulier en Chine, font remarquer les chercheurs.