Le Fendt 1042 défie un Challenger MT775 E

Le 1042 a exploré les coteaux du Lauragais.

Au Sud-Est de Toulouse, la pente et les argiles dictent leur loi. Bienvenue sur les terres du Lauraguais. Impitoyables, elles collent des tracteurs sur place et brisent les outils. Véritable enfer pédo-climatique, cet ancien pays cathare est un juge de paix ! Ici, tester un tracteur frise l’hérésie, mais qu’importe… Nous avons opposé le seigneur bavarois à un Challenger MT775 E. Ce dernier règne en maître, grâce à ses chenilles, sur des pentes qui atteignent parfois 40 %. Le Fendt 1042, à la pointe de la technologie et armé du télé-gonflage, compte bien enterrer son vieillissant cousin.

Dès l’arrivée du Fendt 1042 dans la cour de ferme, son gabarit et les 12,4 litres du moteur MAN de 420 chevaux n’impressionnent pas les agriculteurs outre mesure. De nombreux céréaliers du secteur ont abandonné les pneumatiques pour les travaux lourds. Pendant des décennies, René Safforis, a cumulé, de bosse en bosse, les heures de tracteur. Selon lui, « seule la chenille arrive à monter et à tenir dans les pentes ! ». Son fils, Michel, et son neveu, Jérôme, chefs d’exploitation sont tout aussi sceptiques en scrutant les différences entre leur Fendt 933 et ce tracteur d’exception. Depuis son arrivée sur la ferme, leur chenillard Challenger de presque 430 chevaux et 7 cylindres n’a jamais été inquiété.

Un bloc-moteur qui étonne

Quand on lève le capot vert bardé de phares LED, le bloc de refroidissement est l’élément qui impressionne le plus. Avec le système CAS (Concentric Air System), le ventilateur pousse de l’air frais avec son moteur hydraulique indépendant. Chaque radiateur transmet une commande de refroidissement intégrée par l’électronique du tracteur. La réponse à la somme des besoins, chirurgicale, conduit à un faible niveau sonore au ralenti et au travail. Pour souffler la bête, il faut enlever le carénage latéral. On constate alors un placement très bas du moteur MAN. L’espace au-dessus du bloc 6 cylindres de quoi loger un filtre à air de grande taille.

Confort, technologie, la cabine du 1000 excelle

Victor Iziquel, notre essayeur, est saisonnier chez un propriétaire de Challenger MT 775 E. Il connaît bien la marque. Les heures enchaînées sur la brute jaune d’AGCO rendent un verdict incontestable pour la cabine du 1000 : « Elle est très confortable ! » Selon lui, « un utilisateur habitué aux Fendt ne sera pas perdu ». Le bouton du pont avant manque à l’appel à cause du VarioDrive. Ce système pilote les deux sorties de puissance (pont avant et arrière) et l’engagement et le désengagement des 4 roues motrices, tout cela automatiquement. Les heures d’essai réalisées de nuit ont marqué l’essayeur : « La puissance d'éclairage pour travailler la nuit est impressionnante ! Quelle que soit la largeur de l'outil, les LED sont capables de tout éclairer. »

Sur route, le confort est au niveau d’un camion. Pour V. Iziquel « on surfe sur la chaussée, c’est impressionnant ! Le freinage est également très bon » ! Le poste de conduite relativement haut donne de la visibilité, améliorée par une caméra frontale, rassurante lors des manœuvres avec une masse frontale. L’enthousiasme à propos du poste de pilotage est aussi dû à l’assise : « le siège Evolution est sensationnel ! Il réduit fortement la fatigue tant il est confortable. Les rétroviseurs grand angle donnent une bonne vision de l’outil ; c’est un vrai bonheur ! » L’insonorisation aurait presque raison du vrombissement addictif du chenillard : « Par rapport au Challenger, c’est le jour et la nuit ! » s’exclame notre essayeur. Ce niveau de confort génère un petit effet pervers : « À 12 km/h avec le déchaumeur, on n’a pas l’impression d’aller vite. Une vitesse trop élevée pourrait abîmer les outils sur le long terme. » explique V. Iziquel.

« Si tous les tracteurs de plus de 200 ch, dédiés aux travaux lourds, avaient les fonctions de gestion de pression et la transmission VarioDrive, on y gagnerait beaucoup ! » Victor Iziquel.

Taillé pour les grands travaux

Dans une parcelle de 40 ha, déchaumée en 5 heures, l’essayeur concède que l’agilité manque lors les demi-tours. « Comparé au Challenger qui peut reprendre la ligne suivante avec des largeurs d’outils inférieures, je suis content d’avoir le guidage EGNOS pour pouvoir sauter une ligne sur deux. Le rayon de braquage est un peu juste sur ce modèle de démonstration. »

C’est le seul grief, en termes de maniabilité, que V. Iziquel fait au Fendt 1000. La comparaison reste néanmoins difficile avec un tracteur muni de deux chenilles. L’écrasement du pneu dans les demi-tours a perturbé Jérôme Safforis lors des relevages du déchaumeur de 8 mètres. La stabilité du Challenger l’avait sans doute mal habitué. Malgré une carrière marquée par quelques roues déjantées dans les pentes, les agriculteurs ont validé la consigne de 0,8 bar donnée par le Grip Assistant. Cette aide à la décision préconise la pression des pneus, le lestage et la vitesse de travail. Ceci, en fonction de l’outil, du sol, du type d’outil et de son dispositif d’attelage. Victor Iziquel y voit un avantage indéniable : "Si tous les tracteurs de plus de 200 ch, dédiés aux travaux lourds, avaient les fonctions de gestion de pression et la transmission VarioDrive, on y gagnerait beaucoup ! Les gains seraient élevés pour le respect des sols, l’adhérence et la performance globale. »

Côté consommation de GNR, avec le Joker 8 RT, le terminal Vario affiche près de 7 litres/ha et 32 litres/heure. Ce n’est qu’une indication mais ce score est en phase avec l’exigence des coteaux.

Un tracteur conquérant et volontaire

V. Iziquel évalue la part de la transmission Vario aux deux tiers de la performance globale quand le moteur s’adjoint le tiers restant. À l’heure de trouver quelques défauts au tracteur bavarois, notre essayeur ne nous aide pas. Dans la boîte à détails, un seul regret traîne : le porte-téléphone trop étroit pour le smartphone de 7,3 cm de large et sa coque anti-choc. Au moment de remiser l’outil, un point oublié au fil des heures ressurgit : les petits gabarits doivent tendre les bras pour accéder aux prises hydrauliques. L’immense 1042 rappelle qui il est. Le Challenger se bat comme il peut et dégaine un marchepied plus accessible et qui requiert moins d’efforts pour accéder à la cabine.

Le Fendt 1042 est un tracteur talentueux, intelligent et polyvalent. Son moteur déploie à bas régime un couple titanesque de 2108 Nm : presque 10 % de plus que le Challenger MT775 E. Enterré dans presque tous les domaines : confort sur route et au champ, technologie, transmission, facilité de réglage, le chenillard résiste sur l’efficacité au champ. Les bandes de caoutchouc, vissées à la terre du Lauragais lui offrent une consolation. Même outil, même champ, lancé à plus de 8 km/h il affiche un taux de patinage de 4 % face à la pente. Sans hurler, sans souffrir, le 1042 patine bien plus, il déborde de puissance. Au vu de la maestria avec laquelle le savoir-faire Fendt dompte le moteur MAN, on regrette cette dispersion d’énergie. On se prend à rêver d’un Fendt 1000 à chenilles… 

L’épilogue du combat sacre le Fendt. Oui, il a mordu très fort dans le Challenger qui lui était opposé. Il ne l’a pas tué et sans doute à dessein ; les chenilles s’en sortent bien. Quelques jours avant ce test, laissait sortir de sa chrysalide une nouvelle génération de chenillards : le MT 900 Vario ! Le groupe AGCO propose trois modèles de 380 à 431 ch qui reçoivent plusieurs éléments du Fendt 1000. Même gestion du bloc moteur, transmission VarioDrive adaptée, même cabine ainsi qu’une suspension et un train roulant redessinés. Ce mélange des gènes a du potentiel pour convertir les derniers résistants dans les zones de forts reliefs. Le 1000 peut continuer, sans aucune crainte, sa croisade dans les plaines. 

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