Le MultiFarmer à l’épreuve du Pays vert

Le MultiFarmer à l’épreuve du Pays vert

Le MultiFarmer à l’épreuve du Pays vert

Merlo a présenté la nouvelle gamme de MultiFarmer lors du Sima 2019. Ce chargeur télescopique a la particularité de recevoir un bloc prise de force relevage arrière, le rendant polyvalent. Histoire de voir si ce chargeur peut remplacer un tracteur, nous avons demandé à Jérôme Bros, éleveur dans le Cantal et utilisateur d’un tracteur-chargeur, de le tester pendant les foins !

Fin juin, la canicule frappe la France. Et le Cantal n’est pas épargné par la vague de chaleur. Pendant que le thermomètre frôle les 40 °C, un MultiFarmer 34.7 CS débarque à Cros de Montvert, sur l’exploitation de Jérôme Bros. Ce télescopique, capable de lever 3,4 tonnes à 7 mètres, reçoit une cabine suspendue, d’où l’appellation CS. Si Jérôme se montre assez enthousiaste à l’idée de tester le Merlo, son père Rémy, à l’image de beaucoup d’agriculteurs français, est assez craintif sur le fait d’utiliser un télescopique dans les champs. "Nous n’avons jamais eu de télescopique sur la ferme, mais pour moi, c’est un engin assez peu polyvalent, explique Rémy Bros, le père de l’essayeur. Un télescopique est capable de faire seulement de la manutention. Alors, aller faner avec ce genre d’outil, je ne sais pas trop"

Pourtant, dès le lendemain, c’est bien Rémy que l’on retrouve en train de faucher une nouvelle parcelle, avec la faucheuse traînée attelée derrière le MultiFarmer ! "C’est assez déconcertant au début, explique Rémy. Mais après 30 minutes d’adaptation, on oublie que l’on est dans un télescopique. Le plus compliqué, c’est surtout d’être dans une cabine excentrée. Nous n’avons pas les mêmes points de repère que dans un tracteur. Sur la route comme dans les champs, la vigilance est accrue. Mais, globalement, le MultiFarmer fait le job. Les 134 ch du moteur Deutz entraînent parfaitement la faucheuse de 2,80 mètres, même dans les travers."

Une prise en main simple

À l’heure de venir remplacer son père, Jérôme tient le même discours : "Même si nous n’avons jamais travaillé avec ce genre d’engin sur la ferme, la prise en main est très rapide. Nous craignons un peu lors de l’attelage, mais, finalement, la vue sur l’arrière est adaptée pour atteler des outils sur le relevage. En revanche, pour atteler un plateau, c’est une autre histoire. Nous n’avons aucune visibilité sur l’anneau d’attelage. Donc, en l’absence de rétroviseur ou même de caméra, nous préférons être deux pour éviter des allers-retours interminables en cabine."

Niveau cabine justement, qu’en pense notre essayeur ? "Le fait d’avoir une petite cabine est bénéfique en cas de canicule : la surface vitrée est moindre, et donc la climatisation est efficace rapidement. En revanche, c’est vrai que le bras télescopique gène la visibilité sur la droite. Et le fait d’être dans un espace réduit oblige le constructeur à mettre les boutons proches les uns des autres. Ainsi, j’ai plusieurs fois baissé le relevage au lieu d’abaisser la manette hydraulique en andainant par exemple, les deux leviers étant vraiment très proches. Mais globalement, l’environnement reste accessible pour quelqu’un comme moi habitué aux tracteurs. Le plus compliqué reste l’accès en cabine justement. Nous ne sommes pas habitués aux télescopiques et au fait d’avoir les marches sous la cabine. L’accès en cabine est plus raide que sur mon tracteur. Il faut descendre en marche arrière en prenant soin de faire demi-tour en sortant de la cabine."

À l’aise dans les champs

Nouvelle journée d’essai, nouvelle activité pour l’éleveur, qui a décidé de tester le MultiFarmer sur l’andaineur double. "C’est la bonne surprise de l’essaidétaille Jérôme Bros. Le fait d’avoir les quatre roues directrices est un véritable atout pour ce genre de chantier. En bout de champ, lors des demi-tours, le MultiFarmer est vraiment à l’aise pour tourner court sans détruire les andains déjà faits. Il est même plus habile qu’un tracteur pour ce genre d’exercice. En revanche, encore une fois, le bras télescopique peut gêner la visibilité lors du détourage de la parcelle. C’est une habitude à prendre je pense."

Une autre bonne surprise apparaît quelques jours plus tard, lorsque Jérôme décide d’utiliser le MultiFarmer pour rentrer le foin. "Sur une tourelle, c’est un plaisir de reculer avec les quatre roues directrices activées, là où ça peut être compliqué avec un tracteur classique de réaliser ce genre de manœuvre. Et globalement, que ce soit pour tirer un plateau ou une tourelle, le MultiFarmer se révèle efficace sur la route, même dans les montées. Il faut juste s’habituer à la cabine déportée, qui peut être piégeuse dans certaines situations."

Un peu nerveux en manutention

Rentrer les foins justement, a été une bonne occasion pour notre essayeur de tester le MultiFarmer pour faire de la manutention, son domaine de prédilection. "Le vrai point positif, c’est la souplesse de la transmission pour les manœuvres d’approches, confirme Jérôme Bros. Même si le MultiFarmer possède une pédale d’approche pour être encore plus précis, nous n’avons pas eu besoin de l’utiliser. En revanche, j’ai trouvé le MultiFarmer assez nerveux au niveau de l’hydraulique. Pour empiler les bottes dans le hangar notamment, la pince était assez violente. De plus, contrairement à un chargeur sur tracteur ou nous devons appuyer sur un bouton et incliner le levier dans un sens ou dans l’autre pour ouvrir ou fermer l’outil, là il s’agit d’un simple bouton-poussoir sur le levier. Celui-ci demande de la souplesse pour le manipuler. Si pour du foin, cela ne semble pas perturbant, cela pourrait l’être pour de l’enrubannage par exemple, où il faut suffisamment fermer la pince pour tenir fermement la botte, mais pas trop au risque de faire exploser le film."

Des outils 100 % Merlo

Le dernier point d’étonnement concernant le MultiFarmer pour notre essayeur concerne les outils de manutention justement. "Même si c’est valable pour toutes les marques de télescopiques du marché, je trouve dommage de ne pas pouvoir atteler mes outils de chargeur sur le télescopique. En effet, je suis habitué à rentrer mon foin avec des pics, que je ne peux pas atteler sur le Merlo. Dans le cadre d’un achat sur une ferme utilisant un tracteur chargeur, cela nécessite de prévoir un budget pour adapter tous les outils existants, ou alors de faire installer une interface Merlo-attache tracteur, ce qui peut faire grimper la facture."

Concernant un achat potentiel justement, après près de 40 heures d’utilisation, qu’en pense l’agri-essayeur ? "Ponctuellement, le MultiFarmer peut parfaitement remplacer un tracteur, constate Jérôme Bros. Pour les agriculteurs qui font beaucoup de manutention, le MultiFarmer peut être une alternative. Mais, chez moi, j’utilise majoritairement mon tracteur chargeur pour de la traction, la manutention est minoritaire. Donc à l’heure actuelle, je ne pense pas investir dans un télescopique. En revanche, c’est sûr que si cela venait à changer dans les années à venir, la polyvalence du MultiFarmer pourrait faire la différence ! "