Le SSV va-t-il détrôner le quad ?

Le quad est souvent mis en avant pour effectuer certaines tâches des exploitations agricoles. Mais il n’a pas le monopole. Les SSV veulent également entrer dans les cours de ferme. Retour en 2015, dans la Meuse, pour tester les deux véhicules.

Habitués et possesseurs de SSV, les associés du Gaec des Brillères ont tendance à le comparer au véhicule utilitaire historique de l’exploitation qu’est le C15. C’est donc un exercice nouveau pour eux de comparer le quad Polaris Sportsman 570 au SSV Ranger diesel de la même marque.

Carte d’identité des essayeurs :  Le Gaec des Brillères est situé à Avocourt (Meuse) et emploie 4 associés dont Laurent et Olivier Drouet (essayeurs). La SAU de 200 ha est composée de 70 ha de prairies et de 130 ha de cultures où se succèdent maïs ensilage, colza, blé, triticale. Les 95 vaches laitières simmental produisent 760 000 litres de lait.

La première comparaison ne se fait pas attendre et concerne les capacités de chargement des deux véhicules« Si le quad se prête très bien à différentes tâches de l’exploitation, il est presque nécessaire d’y atteler une remorque dès lors que l’on veut transporter quelque chose, indiquent Laurent et Olivier Drouet. C’est notamment le cas pour l’épandage de l’anti-limace ou la pose de clôtures à gibiers. Dès lors, les capacités de franchissement de l’ensemble sont fortement réduites. Au contraire, la benne intégrée au SSV permet à celui-ci de réaliser les mêmes tâches qu’un quad tout en disposant d’une capacité de charge importante sans y ajouter d’autres équipements et en conservant donc les capacités de franchissement initiales du SSV. » Les capacités de chargement du SSV sont en effet sans commune mesure avec celles du quad. « La benne peut être assimilée à un porte-outil, lance Laurent. Il est possible d’imaginer des modules à fixer rapidement dans la caisse en fonction des travaux à effectuer sans pénaliser la capacité de charge. Il peut s’agir d’un épandeur à granulés anti-limace, d’un pulvérisateur et pourquoi pas même d’un petit établi en cas de panne au champ, etc. » 

Outre la benne, le SSV dispose d’un autre gros avantage face au quad pour une utilisation agricole : trois personnes peuvent prendre place sur la banquette« Un détail important quand il s’agit d’aller poser une clôture », indique Olivier. Si les capacités de charge tant humaines que matériel sont en faveur du SSV, les deux frères soulèvent toutefois un avantage du quad dans l’application de granulés anti-limace. « Avec la force d’aspiration créée par le SSV, une quantité non-négligeable de grains est aspirée dans la caisse et la cabine. Une difficulté qui n’est pas rencontrée avec le quad. Il est alors indispensable de placer un dispositif entre l’épandeur à anti-limace et la caisse pour parer ce problème ».

Chacun son style 

En utilisation agricole, l’aspect utilitaire est très important mais il ne doit pas totalement occulter la conduite. Entre le quad Sportsman 570 et le SSV Ranger diesel, c’est une nouvelle fois comme le jour et la nuit. « Le premier assure une conduite nerveuse voire sportivede l’avis des deux agriculteurs essayeurs. Le second ne procure pour ainsi dire pas la moindre sensation. Peu importe les conditions de terrain, le SSV assure un confort par la position assise. Même en condition scabreuse, la stabilité est telle qu’il y a peu de danger. Crispé au volant, le chauffeur garde malgré tout le contrôle de sa trajectoire même dans les pentes les plus raides. Le SSV a cela d’intéressant que n’importe qui peut le conduire sans expérience – le poste de conduite est similaire à celui d’une voiture. Pour être convenablement maîtrisé, le quad demande quant à lui quelques heures d’apprentissage. »

Le quad a tout de même trouvé grâce aux yeux des deux agriculteurs pour son côté joueur. « Même pendant des travaux agricoles, il est possible de se faire plaisir avec le quad et de travailler tout en ayant des sensations, assure Laurent. Mais après une journée de travail, la position et la conduite plus sportive fatiguent davantage. C’est particulièrement marquant pour les travaux en pente où la recherche de stabilité par le positionnement du corps sur la machine est incessante. Et d’autant plus, s’il faut aussi compenser le poids d’un outil arrière tel qu’un épandeur à anti-limace ou un pulvérisateur. » Des outils arrières qui peuvent, en plus, entraver la montée et la descente sur le quad et ainsi la rendre plus délicate et surtout plus fatiguante en fin de journée.

Même pendant les travaux, il est possible de prendre du plaisir avec le quad. Mais les outils fixés à l’arrière peuvent entraver la monté et la descente du véhicule.

Le quad plus gourmand : Polaris annonce des consommations de l’ordre de 3,5 à 5 litres de GNR par heure pour le SSV Ranger diesel et proche de 12 à 15 litres d’essence par 100 kilomètres pour le quad Sportsman 570. L’essai mené à Avocourt (Meuse) semble montrer que le SSV est plus sobre que le quad sans pouvoir avancer de chiffres précis au regard de l’utilisation des deux véhicules et du faible kilométrage effectué.  Il est à noter que le SSV utilisé carbure au GNR. Si cela a un avantage incontestable en termes de consommation, c’est pénalisant pour les performances du SSV. Laurent Drouet estime « qu’un utilisateur qui cherche un SSV avec plus de punch devra plutôt s’orienter sur un modèle essence. Mais il faut savoir ce que l’on veut. »

Deux engins passe-partout

En condition agricole, les limites de franchissement du quad et du SSV ne peuvent pas être atteintes de l’avis des deux frères associés. « Pour observer les limites des deux outils, il faut faire du “hors-piste”, certifient-ils. À ce petit jeu, le SSV rivalise avec le quad mais avec des sensations totalement différentes une fois encore. Le SSV ne laisse place à aucune sensation alors que le quad est beaucoup plus sportif. » Pour le franchissement d’un talus par exemple, les deux véhicules passeront exactement au même endroit. Avec le quad, il faut jauger l’accélération et faire usage de son corps pour trouver l’équilibre alors qu’avec le SSV il suffit de se présenter face à l’obstacle, d’accélérer et de lui laisser faire le reste. Seul l’empattement plus long et la largeur plus importante du SSV peuvent le pénaliser pour le franchissement. Si l’empattement n’est jamais un souci en agriculture, la problématique de la largeur pourra être résolue par quelques aménagements sur la ferme aux endroits concernés. 

Assurément conquis par le SSV, les associés du Gaec des Brillères confirment le côté joueur et sportif du quad mais valident le SSV pour son côté utilitaire et ses capacités de franchissement avérées avec un niveau de risque très faible.