Plutôt M ou R?

John Deere série 6000 : Plutôt M ou R?

John Deere série 6000 : Plutôt M ou R?

Retour en octobre dernier, juste avant les semis de blé. La rédaction a demandé à Mickaël Chalon, polyculteur-éleveur dans le nord des Deux-Sèvres, de tester le nouveau 6140 M, en face-à-face avec son grand frère le 6130 R. Même si la météo s’est montrée peu clémente, ne lui laissant qu’une journée de travail possible sur les quatre jours de l’essai, notre agriculteur, habitué de la marque, a pu départager les deux tracteurs, qui se ressemblent étrangement.

Même empattement, de 2,58 m, même châssis, quasiment le même poids (6,2 tonnes pour le 6130 R, contre 5,8 tonnes pour le 6140 M), même motorisation de 4,5 l et 4 cylindres… Sur le papier, les deux tracteurs ont vraiment beaucoup de points communs ! Mais s’il y a bien un aspect sur lequel les deux tracteurs sont totalement différents, c’est au niveau de la cabine ! 

Il n’y a pas photo entre les deux cabines, constate d’emblée Mickaël Chalon, notre agri-essayeur. La cabine du R est beaucoup plus spacieuse, c’est frappant. D’ailleurs, celle-ci ne reçoit que cinq montants – avec un côté droit totalement dégagé, ce qui offre une meilleure visibilité, alors que la cabine du 6M possède six montants. Finalement, la cabine des 6M me fait penser à l’ancienne cabine, que l’on retrouvait sur les séries 6900. Si elles étaient satisfaisantes à l’époque, l’utilisateur habitué aux cabines de dernière génération que je suis se retrouve un peu à l’étroit dans ce genre de cabine de nos jours. Mais cela doit être une question d’habitude, car mon père, tout juste à la retraite, se sent plus à l’aise dans la cabine du 6M. 

L’espace en cabine n’est pas le seul avantage du 6R, selon notre essayeur. 

 Les finitions entre les deux modèles n’ont vraiment rien à voir. Dans le 6M, le plastique est très présent, les différentes commandes, comme les clignotants, par exemple, sont assez grossières. Alors que la finition du R est beaucoup plus soignée. De plus, la console de direction du 6M peut gêner pour accéder en cabine, car l’espace entre celle-ci et le siège passager est assez restreint. 

Le CommandPro à l’épreuve

Pour notre essai, John Deere avait équipé le 6130 R du joystick CommandPro. Grâce à celui-ci, toutes les commandes nécessaires au bon fonctionnement du tracteur sont regroupées au même endroit : sens d’avancement, relevage, distributeur hydraulique, quatre roues motrices… Si notre agri-essayeur possède déjà un 6R dans la cour, ce joystick était une découverte pour lui : 

C’est vrai que cela change réellement de ce que j’ai l’habitude d’avoir sur mon tracteur, explique Mickaël Chalon. Le joystick peut paraître assez complexe au premier abord, mais il faut saluer le travail des ingénieurs, car la prise en main est idéale. Même après une demi-journée d’utilisation à avoir la main constamment sur la poignée, je n’ai pas eu mal, ni au pouce ni au poignet ni au coude, ce qui est assez rare avec ce genre de poignée qui demande une prise en main continue. 

Une petite journée de travail

Pour bien prendre en main cette poignée, notre essayeur a pu profiter d’une petite accalmie au niveau de la météo pour aller faire du broyeur. 

«C’est sans doute une question d’habitude, mais je trouve qu’en ayant toujours la main sur le levier, le tracteur a tendance à avoir plus d’à-coups. De même, comme je ne suis pas habitué à ce genre de levier multifonction, j’ai le réflexe d’inverser le sens de marche avec la main gauche. Mais pour l’essai, je me suis un peu forcé à utiliser les boutons situés sur le Command Pro, et l’habitude pourrait venir assez vite finalement. Le seul petit défaut que je trouve à cette commande, c’est qu’elle est située un peu près du volant et de la console, cela peut gêner pour certaines manœuvres. 

Concernant la console, justement, notre agri-essayeur est sous le charme :

 Elle est vraiment simple d’utilisation, toutes les informations sont accessibles facilement, de manière intuitive. Et même si, sur mes John Deere, j’utilise du guidage Trimble depuis peu, je trouve la prise en main du GPS vraiment très simple. Je n’ai pas eu de problème particulier au moment de configurer le GPS, ni pour faire mes lignes A-B pour le broyage. 

Le 6M reçoit aussi l’autoguidage

En montant dans le 6140 M, notre agri-essayeur trouve une bonne surprise : une partie des informations traditionnellement intégrées dans le tableau de bord se retrouve désormais sur le montant avant droit de la cabine. 

C’est quelque chose que j’apprécie chez d’autres constructeurs, confirme Mickaël Chalon. Cela donne un vrai coup de jeune à la cabine et permet de n’avoir aucune information sous le volant, j’apprécie vraiment ! 

Concernant l’accoudoir et la prise en main de la transmission, l’exploitant est en terrain connu : 

C’est exactement la même disposition que je retrouve sur mon 6R, donc la prise en main est instantanée ! Les distributeurs hydrauliques sont plutôt bien placés, ils sont à portée de main. Concernant les autres commandes, je reste sur mon idée lors de l’arrivée des tracteurs, les finitions sont bien inférieures à celle d’un 6R.  

S’il y a bien un élément sur lequel John Deere a totalement innové avec cette nouvelle série 6M, c’est au niveau de la gestion du guidage. En effet, le constructeur américain propose de gérer le GPS avec le petit écran situé sur le montant droit de la cabine. 

 Bien entendu, l’écran est beaucoup plus petit qu’une console habituelle, constate l’exploitant. Mais cela reste une bonne idée, car il est ainsi possible d’utiliser l’autoguidage de manière très simple, en économisant près de 3 000 euros de console. Bien entendu, ce guidage ne sera utile que pour faire de simples lignes A-B, mais cela permet déjà de répondre à beaucoup de besoins. Les réglages se font par la molette située sur le côté droit de la cabine, qui permet de gérer le menu. Tout se trouve assez facilement, même si cela reste, bien entendu, moins fluide que sur la grande console du 6130 R de l’essai. Mais ce dispositif est, je trouve, une bonne idée, pour tous ceux qui voudraient du guidage sur un 2e tracteur qui ne fait que de la pulvérisation et de l’épandage d’engrais, par exemple. En travail du sol ou semis, les reprises de lignes doivent être un peu plus complexes, car la carte est vraiment petite. 

Deux tracteurs très proches

Après seulement quatre jours d’essais, essentiellement marqués par la pluie, l’heure est venue de tirer un bilan pour notre exploitant.

 Globalement, les deux tracteurs sont vraiment très proches. En matière de capacité, ils sont équivalents. La différence se trouve essentiellement en cabine, au niveau de la finition. Moi qui suis habitué au confort de travail d’un 6R sur mon exploitation, j’aurais peut-être un peu de mal à redescendre en gamme avec un 6M. Mais avec la différence de prix importante, de l’ordre de 10 000 euros a priori, cela reste à réfléchir ! Car, finalement, le 6M fera le même travail qu’un 6R ! 

ENTRETIEN

Quelques efforts à faire encore

Pour Mickaël Chalon, John Deere peut encore améliorer la série  6, notamment en ce qui concerne l’accès aux différents organes d’entretien. « Je trouve ça surprenant, sur des tracteurs de cette catégorie, de ne pas avoir de capot moteur intégral, par exemple, constate l’exploitant. Pour avoir accès aux différents filtres, il faut démonter deux plaques, après avoir levé le capot. Je trouve que c’est dommage. De même, les batteries se situent sous l’escalier droit. Donc l’hiver, en cas de panne, il faut démonter l’escalier pour avoir accès à la batterie. Là encore, ce sont de petits détails, mais qui peuvent être dommageables à la longue pour l’utilisateur. »