
Ecorobotix: une solution de désherbage ciblé commercialisée en fin d’année. © Michel Blossier
De nouveaux essais viennent de tester la troisième génération du désherbeur robotisé d’Ecorobotix, l’Ara. L’appareil était expérimenté sur l’exploitation de Tereos, à Chevrières dans l’Oise.
La mission de ces essais était d’améliorer les performances de ce nouveau système robotisé, dans le cadre des travaux menés sur la culture de la betterave par le service agronomique de Tereos. Pour la coopérative, l’objectif est de permettre à ses coopérateurs de bénéficier des dernières technologies, contribuant à l’amélioration des pratiques culturales durables et à la réduction des coûts de production.
Développé grâce aux échanges entre les experts de Tereos et d’Ecorobotix, constructeur suisse, l’Ara est une machine autonome, équipée d’une rampe de 6 mètres de large, repliable et attelée à un tracteur. Neuf caméras très haute définition détectent les adventices grâce à un algorithme de reconnaissance. Ainsi, la pulvérisation est déclenchée uniquement lorsqu’une mauvaise herbe est détectée. Les buses, positionnées tous les 4 cm, assurent une pulvérisation précise et une réduction de l’utilisation d’herbicides pouvant aller jusqu’à -95%.
© Michel Blossier
L'Ara était au départ un robot, puis il a muté au bout de cinq années d’essais, et est désormais attelé sur un tracteur. Ce dernier intègre à l’avant une cuve de 600 litres. L’ensemble avance à une vitesse d’environ 5 km/h et désherbe jusqu’à 30 ha/jour. Son utilisation est devenue plus intuitive, grâce au développement d’une tablette tactile utilisable depuis la cabine du tracteur.
Francis Bazelaire, du service agronomique et responsable de l’exploitation polyculture Tereos de Chevrières, explique : L’Ara peut être utilisé à partir du stade 2 à 4 feuilles des betteraves, stade à partir duquel les caméras arrivent à différencier la culture des adventices. Avant cela, il est conseillé d’effectuer un désherbage en plein. Cette année, compte tenu des conditions froides mais d’une présence importante d’adventices, ce sont deux traitements en plein qui ont été nécessaires avant l’usage de l’Ara.
Deux passages du désherbeur robotisé sont ensuite prévus, évitant ainsi deux traitements herbicides en plein avec un pulvérisateur classique. Cette année, Francis Bazelaire estime à 40% la réduction d’herbicide sur la totalité de l’itinéraire betteraves de l’exploitation.
© Michel Blossier
L’un des avantages de l’appareil, du fait de sa conception carénée et proche du sol, est de s’affranchir des conditions venteuses. Les horaires et conditions météorologiques ne sont plus une contrainte pour les traitements. Néanmoins, il n’est pas adapté à du traitement en plein, mais s’inscrit en complément du pulvérisateur classique dans la stratégie de désherbage. En effet, il faut un certain « décalage » pour faciliter la reconnaissance des adventices, et une pression suffisamment faible afin d’obtenir une baisse d’herbicide intéressante.
Avec Ecorobotix, nous avons eu l’idée d’inverser le processus de détection des adventices, afin qu’il reconnaisse les betteraves, évoque Francis Bazelaire. L’idée est de valoriser la machine pour du traitement insecticide, en ne ciblant le produit que sur la betterave. Avec les réductions importantes de produits phytosanitaires que permet cette machine à l’hectare, je pense que cela a tout son sens vis-à-vis des exploitations dans des démarches de certification de type HVE, MAE, etc.
Enfin, l’Ara serait rentable sur un minimum de 200 ha à traiter. Ecorobotix prévoit sa commercialisation en France pour la fin de l’année.