Rémi Gaget (Loiret) : un rover autonome multitâche fait maison

C’est pour se faciliter la tâche et gagner du temps sur certains travaux que Rémi Gaget développe un robot autonome électrique. À l’origine prévu pour l’effarouchage et l’épandage de trichogramme, il lui envisage d’autres activités comme le désherbage localisé grâce au système Carbon Bee.

Agriculteur à Ascoux, dans le Loiret, Rémi Gaget développe un robot autonome électrique.

© Willy Deschamps

Céréalier dans le Loiret, Rémi Gaget est également féru de technologies. Depuis 2021, il travaille à la conception d’un rover autonome pour diverses applications telles que :

  • l’effarouchage des oiseaux ;
  • le semis de couverts végétaux ;
  • le désherbage ultra-localisé ;
  • et l’épandage de trichogrammes.

L’idée du robot autonome lui est venue afin de gérer deux problématiques, les oiseaux dans son maïs et la lutte contre la pyrale.

« Plutôt qu'une solution chimique, je souhaitais utiliser les trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs, explique l’agriculteur. Je me suis alors équipé d’un drone pour faciliter leur épandage, mais j’ai dû faire face à de nombreuses contraintes pour la mise en œuvre de l’appareil. En plus de l’aspect réglementaire (assurances, etc.), je suis proche d’un aérodrome, ce qui m’impose de faire une déclaration avant chaque vol. J’ai finalement abandonné cette technique. »

Un robot à chenilles pour effaroucher

En parallèle, pour faire fuir les pigeons et les corbeaux dans ses maïs, il bricole un petit robot à chenilles du commerce sur lequel il installe une enceinte pour effaroucher. Malheureusement, l’engin n’est pas fiable et ne résiste pas à une utilisation « intensive ».

Il persévère dans le développement d’un robot et remporte en 2021 le grand prix Xavier Beulin d’AgreenTech Valley pour son projet. La dotation de 5.000 euros lui permet d’acheter les composants les plus chers et il profite d’une mise en relation avec des entreprises afin d’avancer dans sa démarche. C’est le cas notamment de l’Industry Lab d’Orléans, qui a travaillé sur la partie électronique et les organes de sécurité comme le lidar.

L'engin comporte un châssis qui accueille une batterie ainsi que quatre roues motrices.

© Willy Deschamps

Un tarif estimé entre 17.000 et 18.000 euros

En février 2022, le rover autonome effectue ses premiers tours de roues. L’engin comporte un châssis qui accueille une batterie ainsi que quatre roues motrices. Sur le dessus, une plateforme amovible permet d’ajouter les différents outils.

Le Dart, c’est son nom, dispose de 4 heures d’autonomie, pèse 100 kg et peut recevoir une charge utile de 100 kg. Il mesure 50 cm de large afin de passer entre deux rangs de maïs et peut enjamber un rang de betteraves.

« Je prévois d’en sortir un avec une voie plus large de 2 m, afin de passer dans les oignons ou les pommes de terre pour le désherbage, témoigne Rémi Gaget. Je travaille également sur une version où la batterie serait interchangeable facilement au champ pour gagner en autonomie. Mon but est sa commercialisation à terme et je souhaite que si un composant est défaillant, l’utilisateur puisse le changer lui-même. »

Le céréalier se fixe encore toute l’année 2024 pour peaufiner son appareil avant une éventuelle commercialisation. Il estime le tarif entre 17.000 et 18.000 euros pour le rover avec une batterie et l’effaroucheur.

Vente « à la carte »

Il envisage une vente « à la carte » : le rover seul, avec plusieurs batteries, avec ou sans outils. Concernant les outils, l’effaroucheur se compose d’un boîtier standard du commerce monté sur l’engin.

Pour le semis de couverts, il s’agit d’un épandeur type Delimbe. Les trichogrammes sont distribués à travers une boîte spécialement conçue qui les dépose tous les 10 m.

Quant à l’équipement de désherbage localisé, il comprend une cuve de 30 l et une rampe de 3 m avec des buses espacées de 20 cm. Il est complété par un kit de chez Carbon Bee pour la détection des adventices en vert sur marron et vert sur vert.

L'utilisateur définit son tracé dans la parcelle avec des points GPS. Il peut effectuer cette tâche depuis la télécommande du robot ou sur une application Smartphone.

© Willy Deschamps

Détection d’obstacles par lidar

Concernant la mise en œuvre, le Dart se dirige grâce à une télécommande pour le déplacer. Depuis celle-ci, ou par une application Smartphone, l’utilisateur définit son tracé dans la parcelle à travailler à partir des points GPS.

« Pour qu’il évolue seul dans le champ sans présence humaine, sa vitesse est limitée à 5 km/h maximum, précise Rémi Gaget. Je balise également les quatre coins du champ pour indiquer aux gens que le robot est en activité. Une fois le champ terminé, il s’arrête automatiquement. Pour la sécurité en cas d’obstacle, il possède un lidar uniquement à l’avant, car il n'est pas prévu pour travailler en arrière. Je prévois aussi de mettre un système de type bumper à l’avant en complément. »

Quant au guidage du rover, il utilise le RTK via le réseau Onocoy avec une précision de 2 cm.