La lutte antigrêle progresse

Alors que les phénomènes de grêle s'intensifient et se multiplient, causant des millions d'euros de pertes chaque année, des solutions de détection des orages permettent d'anticiper et minimiser les risques.

Des solutions de lutte connues

- Reconnus par les assureurs, les filets de protection peuvent être déployés sur des zones particulièrement vulnérables. Une solution qui s'avère efficace dans la plupart des cas de chutes de grêle, à condition que celles-ci ne soient pas importantes. Mais le principal inconvénient est que ce système actif de protection est contraignant à mettre en œuvre et peut réduire sensiblement le rayonnement solaire. Particulièrement onéreux (un hectare couvert coûte entre 4000 à 6000 €, sans compter le matériel et la main d'œuvre nécessaires à l'installation), ce procédé est surtout déployé en arboriculture, maraichage ou en viticulture. Il est démontré qu'il ne perturbe pas la physiologie et l'état sanitaire de la vigne.

- Les fusées paragrêles ensemencent d'iodure d'argent les embryons grêleux afin de limiter leur croissance en accélérant la cristallisation. Il s'agit par conséquent non pas de stopper la création de glace mais de faire en sorte que celle-ci germe rapidement pour que les grêlons soient moins gros lors de la chute. Faciles à mettre en œuvre et relativement peu onéreuses, elles nécessitent toutefois un lancement précis au bon moment. 

- Composés d’une chambre d’explosion et d’un diffuseur conique, les canons anti-grêles sont utilisés pour empêcher le grossissement des embryons grêleux dans l’atmosphère. Les canons génèrent une onde de choc en mélangeant de l'acétylène (gaz extrêmement explosif) à de l'air sec. Assez efficace s'il est actionné - aujourd'hui via un smartphone - au bon moment, entre 20 et 25 minutes avant l'averse orageuse, ce dispositif est pointé du doigt pour le bruit qu'il génère (plus de 130 dBA). S'il n'y a pas d'études scientifiques qui le prouvent, certains considèrent également ce principe comme responsable de sécheresse, en détournant la pluie de son chemin. 

Qu'il s'agisse de fusées ou d'un canon anti-grêle, et devant le caractère imprévisible des orages, il est nécessaire de disposer d'outils d'aide à la décision, donc de systèmes de détection de la formation d'orages et de grêle performants. Issu du partenariat entre Selerys, fournisseur de solutions de détection du risque orageux, et Lacroix, leader des services et solutions pyrotechniques, Laïco est le premier système intégré composé d'un service de détection en temps réel du risque de cellules orageuses, couplé à un nouveau système de diffusion : des ballons gonflés à l'hélium sur lesquels sont embarquées des torches chargées de sels hygroscopiques.

Détecter pour mieux anticiper

La technologie avancée de détection et d'anticipation des risques orageux, constitue la première brique de ce système. Il s'agit du Skydetect, un radar permettant de détecter les phénomènes météo de forte intensité, analyser l'avancée des cellules orageuses minute par minute dans un rayon de 30 kilomètres et alerter en amont un ou plusieurs producteurs via un sms ou un email afin de déclencher les systèmes de lutte active au bon moment. Car le dispositif constitué d'un radar nouvelle génération, d'un logiciel d'analyse des cellules orageuses et d'une base de données est onéreux, de l'ordre de 60.000 euros, mais peut profiter à plusieurs producteurs moyennant un abonnement annuel de 800 euros. 

Selerys
Le radar analyse la cellule orageuse, sa direction, son intensité grâce à un algorithme, afin de prévoir où et quand tombera la grêle, avec une précision de 150 mètres.

Entre 30 minutes et 1 heure avant l'arrivée de l'orage sur son exploitation, l'agriculteur est alerté par mail et sms, lui laissant ainsi le temps de mettre en œuvre son système de lutte active. « Contrairement aux radars pluviométriques classiques regardant uniquement ce qu'il est en train de tomber, nous regardons chaque nuage en amont et nous intéressons donc à ce qu'il risque de tomber. Grâce à notre solution qui analyse la dangerosité des cellules orageuses, de façon précise, en temps réel et sur un périmètre local, nous apportons une aide précieuse à la décision pour piloter ou enclencher des mesures de protection anti-grêle. Selerys permet aux utilisateurs de ne manquer aucun épisode orageux à risque de grêle et permet une utilisation raisonnée des moyens de lutte. L'aide à la décision est un élément essentiel pour optimiser le moyen d'ensemencement » déclare Fabrice Caquin, Directeur Général chez Selerys.

Plusieurs Chambres d'Agriculture ont choisi de tester, et même supporter l'investissement afin de proposer ce service de détection à un collectif de minimum 40 agriculteurs, viticulteurs, arboriculteurs et maraichers situés à 30 kilomètres autour du lieu d'implantation du radar.

Des ballons pour ensemencer les nuages

La deuxième brique est un système d'ensemencement par sels hygroscopiques envoyés dans le nuage grâce à une torche reliée à un ballon équipé d'une micro puce électronique. Les sels hygroscopiques, un principe actif non polluant, sont libérés au bon endroit : dans la zone susceptible de générer de la grêle. Utilisés depuis 15 ans dans la lutte active contre la grêle, leur efficacité a été prouvée par LACROIX et des spécialistes mondiaux. Diffusés en particules très fines, ils permettent de transformer les grêlons en fines gouttes de pluie. 
En 2015, face aux complexités techniques, juridiques et aux coûts de revient trop élevés, le groupe Lacroix prenait la douloureuse décision de ne plus fabriquer de fusées.

Selerys

 
« L'abandon de la fusée NG par Lacroix aurait pu sonner le glas de la lutte active contre la grêle par ensemencement dans le nuage, mais Selerys a eu l' idée de remplacer la fusée par un ballon gonflé à l'hélium. Le partenariat s'est naturellement mis en place : à Lacroix le développement d'une torche hygroscopique spécifique pour le ballon, à SELERYS le développement du ballon, du système de déclenchement et de la station de lancement » déclare Philippe Laborde, Responsable Marketing et Ventes chez LACROIX. « Mais ballon ou fusée, la pierre angulaire reste l'aide à la décision pour savoir où et quand intervenir, et là, c'est la vraie valeur ajoutée du système LAÏCO qu'offre Skydetect ».
 
Le système Laico sera utilisé en 2017 dans le Châtillonais en Bourgogne, dans la Drôme, les Bouches du Rhône, et les Côtes du Rhône. Comptez environ 1200 euros pour un gonfleur et 350 euros à chaque lâcher de ballon.