Biocontrôle : « savoir raison garder »

Lors de la Journée biocontrôle, Luc Barbier, président de la FNPF et Gérard Roche, vice-président de Légumes de France ont participé à la table ronde sur le thème : "Quelle place du biocontrôle en fruits et légumes ?". Photo: L.Rubio/Pixel Image

Faire passer le biocontrôle de 5 à 15% du marché1 de la protection des plantes en France, d’ici 2020: c'est l'objectif fixé par IBMA France, l'association des entreprises de produits de biocontrôle. Et les fruits et légumes sont clairement concernés par cet essor: sur les 32 membres actifs de l'assocation, les trois quart ont une activité liée aux F&L. 

Cet engouement autour du biocontrôle est encouragé au niveau niveau politique, notamment dans le plan Écophyto II, et par le biais de la loi d'avenir agricole qui prévoit des allègements réglementaires: exemptions sur l’interdiction de publicité commerciale, sur l’obligation d’agrément phyto en cas de prestation de services ou sur l’obligation de réduction des usages.

Les organes de recherche sont eux-aussi aussi parties prenantes: le Consortium Biocontrôle, qui associe acteurs du public et du privé, sera fonctionnel dès cette année 2016.

Des stratégies de lutte à combiner

Mais qu'en pensent les principaux concernés: les producteurs? Certains points ont pu être soulevés lors de la table ronde qui a ponctué la Journée biocontrôle organisée au CTIFL de Balandran le 10 décembre dernier.

Si Luc Barbier, président de la FNPF, comme Gérard Roche, vice-président de Légumes de France, soulignent l'intérêt de développer de nouvelles pratiques culturales, ils espèrent toutefois que l'engouement général ne fera pas oublier les réalités de la production.

"Il faut savoir raison garder, précise Gérard Roche. Le biocontrôle est un outil parmi d’autres dans la lutte contre les ravageurs. Il faut rester vigilant pour que les autres outils, comme la lutte chimique, ne disparaissent pas plus vite que les solutions alternatives ne se développent. Le risque est de laisser les maraîchers sans solutions de lutte et d’avoir des productions qui disparaissent petit à petit sous la pression croissante des ravageurs."

Soutenir la compétitivité des producteurs 

D'ailleurs, le biocontrôle peut s'avérer assez complexe en milieu ouvert comme en arboriculture, ce qui demande davantage de technique. Or, alourdir la technique peut influer sur la compétitivité.

Pour Luc Barbier, il est donc essentiel de ne pas perdre de vue les difficultés des producteurs français face à leurs concurrents européens, souvent soumis à des contraintes réglementaires moins contraignantes:

"Il y a un vrai problème de confiance entre notre société et ses agriculteurs qui engendre une surabondance de réglementation. Le plan Écophyto 2 en est le parfait exemple. La tendance en France veut que les agriculteurs justifient le moindre acte technique. Très bien, mais qu’en est-il chez nos voisins européens?"

(1) IMBA France estime qu'actuellement le marché du biocontrôle représente 1,6 milliard d’euros dont 550 millions en Europe.