« Le nouveau plan pollinisateur détruira la cohabitation arboriculture-apiculture »

Avec le nouveau plan pollinisateur, le cadre serait étendu à tous les produits phytosanitaires, et plus uniquement aux insecticides. Photo : Fotolia Pictures news

Le nouveau plan pollinisateur aura-t-il la peau de l’arboriculture française ? C’est en tout cas ce que craint Josselin Saint-Raymond, directeur de l’ANPP. « Ce plan proposé au mois de décembre, qui se base sur des recommandations de l’Anses de 2018, et auquel nous n’avons pas été associés, intègre dans une de ses parties la révision de l’arrêté Abeille du 28 novembre 2003, qui conduirait à ne plus pouvoir faire cohabiter arboriculteurs et apiculteurs ! »

Ce nouveau texte intègrerait deux durcissements du texte actuel, détaille Josselin Saint-Raymond. Premièrement, le cadre du plan pollinisateur serait étendu à tous les produits phytosanitaires, et plus uniquement aux insecticides, obligeant notamment les firmes, sous 18 mois, à apposer la mention abeille sur l’ensemble de leurs produits utilisables durant la floraison. « Seraient concernés les produits anti-tavelure et l’éclaircissage chimique, pour les producteurs Vergers éco-responsables, mais aussi bio. Tout le monde serait touché ! », insiste le directeur de l’ANPP.

Deuxième durcissement : l’application de produits bénéficiant de dérogations d’usages durant la floraison serait autorisée uniquement après le coucher du soleil et pendant les 3h ou 5h qui le suivent. « Aujourd’hui, il est impossible de produire des fruits sans assurer la protection des vergers au moment de la floraison, que ce soit pour les fruits à pépins ou les fruits à noyaux. Une dérogation d’usage nocturne est incompatible avec les besoins de protection de nos cultures et conduirait à devoir tripler le parc matériel et le nombre de chauffeurs pour intervenir dans le temps imparti. Et on ne parle pas des enjeux sociaux ou des nuisances aux riverains. »

Faire confiance aux acteurs

Pour Josselin Saint-Raymond, le cadre actuel suffit donc à protéger les insectes pollinisateurs. « Il y a de bonnes relations entre nos arboriculteurs et des apiculteurs qui mettent leurs ruches au sein des vergers et continuent de le faire. S’il y avait des problèmes de mortalité, ils ne reviendraient pas ! Il faut davantage faire confiance aux acteurs qui mettent en place des pratiques respectueuses des pollinisateurs, comme nous l’avons travaillé avec les contrats de pollinisation élaborés en partenariat avec Ada France depuis douze ans, et comme le montrent les 9000 ruches installées à l’année dans les Vergers écoresponsables ! »

Dernière critique de Josselin Saint-Raymond : arrêter de focaliser sur les produits phyto, face au déclin des abeilles. « Il faudrait avoir une formation obligatoire des apiculteurs, notamment autour de la gestion des problèmes sanitaires de l’abeille, avoir une protection du parasitisme mieux encadrée, et développer les abris et ressources alimentaires des pollinisateurs, ce qui n’est pas uniquement le rôle des agriculteurs, mais aussi des collectivités et des organisations professionnelles apicoles ! »

La concertation reste ouverte jusqu’en mars 2021. « Si nous avons pu rencontrer le cabinet du ministre de l’Agriculture, les échanges restent limités. Notre position est d’insister sur le fait que le nouveau Plan pollinisateur ne doit pas conduire à la destruction de l’arboriculture française, alors même que la règlementation actuelle est déjà la plus restrictive d’Europe et que nos pratiques permettent de faire cohabiter la production fruitière et la préservation des pollinisateurs sauvages et domestiques », termine le directeur de l’ANPP.

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