>>> Lutte contre le gel : 2,6 ha de persiennes contre le gel étudiés à la Sefra
La station Sefra a installé début 2022 un démonstrateur de 2,6 ha de persiennes photovoltaïques dynamiques bifaces Sun’Agri, sur des plantations de pêches, abricots et cerises. Un hectare de plantations témoins sans panneaux a été mis en place à côté.
Aussi, un verger de nectarines jaunes de 0,31 ha planté en 2016 à la Sefra a reçu sur les deux tiers des ombrières, dans une démarche d’optimisation du pilotage des panneaux (trois modalités : sans panneaux, avec ombrage constant et avec ombrage ciblé à certains stades phénologiques).
Des premiers résultats prometteurs
« Même si les stations météo sous persiennes n’étaient pas encore installées avant un épisode de gel début mars 2022, nous avons pu mesurer des pertes sur fleur d’environ 9 % sous panneaux, contre 34 % dans la partie témoin, indique Yannick Montrognon, chargé d'expérimentation à la Sefra. Ensuite, des différences de 1 °C ont été mesurées entre ombrières déployées et témoin lors de nuits de gel en avril, en l’absence de vent. En présence de vent, peu de différences étaient constatées. »
En période de canicule, la réduction de température allait jusqu’à 3 °C sous abris en l’absence de vent.
Les suivis du dispositif à la Sefra sont programmés sur 5 ans. En 2022, la quantité de fruits commercialisables était plus faible sous panneaux (53 t/ha contre 67 t/ha sur la partie témoin), avec des calibres plus faibles en A+ (71 et 77 %, contre 85 % sur le témoin) et identiques en B et B+, sans différence significative de coloration, et avec - 25 % d’irrigation.
« Nous allons donc continuer de chiffrer les avantages sur le gel, la canicule et les consommations d’eau, tout en cherchant à obtenir une production la plus proche en qualité et quantité à la partie témoin, grâce à un pilotage affiné des ombrières », conclut Yannick Montrognon.
>>> François Idiart, aspersion sur frondaison : un dispositif qui nécessite 42 m3 d’eau/h/ha
Chaque année, François Idiart, arboriculteur dans le sud des Landes, protège ses 43 hectares de kiwis du gel. Depuis 2015, il observe que si les périodes et la sévérité des gelées restent comparables (de mi-mars à mi-mai, jusqu’à - 4° C), les épisodes sont plus fréquents.
« En 2021, nous avons eu neuf gelées et, cette année, quatre consécutives », indique l’adhérent de la Scaap Kiwifruits de France.
De bonnes ressources en eau nécessaires
Pour cette raison, la technique d’aspersion sur frondaison lui paraît la plus appropriée, d’autant qu’il dispose de ressources en eau suffisantes. « Ici, nous avons trois grandes rivières. J’ai également un petit lac collinaire, mentionne-t-il. Il faut des pompes et des groupes d’aspersion puissants. J’en ai cinq, car la lutte antigel demande au minimum 42 m3 d’eau/heure/ha. »
Actuellement, il évalue le prix d’une telle installation à environ 50.000 euros/ha. Le coût de fonctionnement s’avère de son côté modeste, puisque l’entretien reste limité et que les prélèvements d’eau pour la lutte antigel, qu’il déclare annuellement, sont exonérés de redevance.
Avec parcimonie
En matière d’efficacité, il se dit satisfait du système dans 95 % des cas. En effet, il peut toujours y avoir un problème technique (panne, jet bouché…) ou une gelée noire mal anticipée.
Un des enjeux pour lui consiste aussi à ne pas trop arroser les kiwis (en durée et en quantité), car ils sont sensibles au risque d’asphyxie racinaire.
Il déclenche ainsi le plus tard possible la lutte, manuellement, en s’aidant de quatre stations météorologiques Sencrop et de son réseau local. Les filets paragrêles déployés au printemps lui apportent enfin un « petit gain » en cas de gelées blanches (+ 0,5 à + 1° C).
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