Quelle stratégie de lutte adopter ?

Très polyphages, les larves de D. suzukii causent des dégâts importants sur de nombreuses cultures. Photo : La Tapy
Le CTIFL vient d’actualiser sa note technique, rédigée avec l’AOP cerises de France et la FNPF, sur les éléments techniques à prendre en considération pour la protection phytosanitaire contre Drosophila suzukiiL’occasion de rappeler que « les larves de D. suzukii causent des dégâts importants sur de nombreuses cultures (cerise, fraise, petits fruits…). Les fruits infestés ne peuvent pas être récoltés et dans les cas de forte pression, la récolte entière est abandonnée. Des pertes peuvent aussi survenir après la récolte, suite à des retours de lots contaminés ».
 

Bien surveiller les populations

Le CTIFL conseille tout d’abord de « surveiller l’évolution des populations dans certaines régions afin de détecter les premiers vols et de déclencher si nécessaire la mise en œuvre de moyens de lutte. » Pour cela, les Bulletins de santé des végétaux (BSV) du territoire, disponibles sur les sites des Draaf, permettent de connaître la situation en temps réel et son évolution prévisionnelle.
Il est également possible de suivre la pression en installant des pièges. Le CTIFL propose ici une méthode peu coûteuse et facile à mettre en place pour fabriquer des pièges de façon artisanale

Mettre l’accent sur la prophylaxie

« Tout doit être fait pour éviter la pullulation de l’insecte dans les cultures. La mise en œuvre de mesures prophylactiques est de première importance dans le maintien des populations de D. suzukii à un faible niveau », insiste le CTIFL qui recommande de :
  • veiller à la bonne aération du verger : taille des arbres adaptée, maintien de l’enherbement ras, pas d’eaux stagnantes dans le verger;
  • éviter les fonds de cueille et les fruits en surmaturité;
  • sortir les écarts de tri de la parcelle et les éliminer de façon rigoureuse pour éviter toute contamination ou le développement de la population; par exemple : mettre les fruits écartés dans des sacs poubelles fermés hermétiquement ou dans une benne couverte d’une bâche de couleur foncée et laisser quelques jours au soleil (solarisation).

Quelles solutions phytosanitaires ?

Si tous les produits phytopharmaceutiques à base de diméthoate ont été retirés du marché depuis février 2016 pour tous les usages sur toutes cultures, il existe toujours des produits réglementairement utilisables contre D. suzukii en 2018. Dans sa note technique, le CTIFL dresse la liste d’une dizaine de produits, en précisant les délais avant récolte, le nombre d’applications maximum ainsi que les intervalles à respecter entre les applications.

De nouvelles pistes à explorer

Mais la protection phytosanitaire n’est pas la seule qui est étudiée de près, comme l’explique le CTIFL : « Conjointement à la mobilisation pour disposer très rapidement de solutions efficaces, des travaux sont entrepris pour identifier d’autres méthodes de protection qui pourraient à terme enrichir les stratégies de protection. »
C’est notamment le cas des filets verticaux entourant les parcelles, sans toit, qui seront testés en France à partir de 2018. On notera que l’efficacité de la protection par filets (monorang et monoparcelle) a déjà été démontrée en verger de cerisiers. Avec des filets totalement « étanches », l’efficacité est même de 100% et peut également procurer un avantage contre d’autres ravageurs.
Le piégeage massif n’a, pour sa part, pas prouvé son efficacité à ce jour dans les essais réalisés en France sur cerise et fraise, en conditions de forte pression.
Quant aux produits de biocontrôle, le CTIFL précise, qu’à ce jour « les extraits d’ail utilisés comme répulsifs n’ont pas montré d’efficacité dans des essais conduits sur fraise et autres petits fruits. D’autres produits sont à l’étude. »
Mais d’autres pistes restent à explorer : c’est notamment le cas des auxiliaires parasitoïdes et des lâchers d’insectes stériles, deux méthodes qui font actuellement l’objet de travaux.
 
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