15000 tonnes de kiwis "français" étaient en réalité italiens

Les producteurs de kiwi français suspectaient une fraude à la "francisation" de kiwi italien. Leurs doutes ont été confirmés par l'enquête de la répression des fraudes. CP : BIK
Selon une enquête menée par la DGCCRF, 12% des kiwis vendus sous l’étiquetage « origine France » seraient en réalité d’origine italienne. Ce sont ainsi 15 000 tonnes de kiwis qui ont été vendus frauduleusement en trois ans, pour un bénéfice total illicite de 6 millions d’euros.
 
La rédaction de l’Arboriculture fruitière avait annoncé dans son numéro du mois de mars qu’une enquête de la DGCCRF était en cours, suite à des suspicions de francisation illégale de kiwi italien. Les résultats ont été rendus publics par la DGCCRF le 25 mars : ils confirment les doutes de la filière française du kiwi.
Selon l’enquête, 15 000 tonnes de kiwis italiens francisés ont été vendus sur le marché national entre fin 2016 et début 2018. Cela représente 12% des kiwis vendus sous l’étiquetage « origine France », et une fraude de près de 6 millions d’euros.
Sept sociétés – une italienne et six françaises – sont suspectées d’avoir réalisé de telles fraudes. La DGCCRF a transmis des procès-verbaux à la justice pour que cette dernière prenne les suite de l’affaire.

Des résidus de pesticides interdits en France

À l’origine de l’enquête, des suspicions de la filière kiwi à l’égard d’une société italienne qui « avait commercialisé environ 3 350 tonnes de kiwis "origine France" alors qu’elle n’en avait acheté qu’une centaine de tonnes. Pour maquiller ses pratiques trompeuses, cette entreprise allait jusqu’à présenter des certificats falsifiés », explique la DGCCRF. L’entreprise a été assignée devant la justice italienne.
Au-delà de cette suspicion, la DGCCRF a mené une enquête plus approfondie suite au constat de « la présence régulière de résidus de produits phytosanitaires interdits en France sur des kiwis pourtant annoncés d’origine française : présence de fenhexamide et/ou de fludioxonil, substances actives dont l’usage est interdit en France, contrairement à l’Italie, où il est utilisé pour améliorer la conservation des kiwis », précise la DGCCRF.
Parmi les filières démantelées : une tromperie en bande organisée mise en place entre une entreprise italienne et une entreprise française, via une société écran domiciliée dans le Sud de la France. « Entre 2015 et  2017, environ 6 000 tonnes de kiwis ont ainsi été « francisées » par l’édition de fausses factures pour un bénéfice illicite estimé à environ 2 M€ », indique encore la DGCCRF.

Une enquête saluée par la filière kiwi française

Les réactions aux résultats de l’enquête ne se sont pas fait attendre.
Le Bureau interprofessionnel du kiwi (BIK), qui dénonçait le « fléau » de la francisation du kiwi se dit « satisfait de voir cette longue enquête enfin arrivée à son terme ». Il « attend des sanctions exemplaires ». Au-delà de la tromperie manifeste pour les consommateurs, cette francisation constitue «  un préjudice » et « une concurrence déloyale » pour les producteurs français, rappelle le BIK.
Même discours à l’Apfelso (Association des producteurs de fruits et légumes du Sud-Ouest), qui estime que les producteurs français sont « les premières victimes de cette fraude ».
Interfel salue également « le travail de la répression des fraudes ». L’interprofession dénonce les agissements identifiés car ils « risquent de porter atteinte injustement à l’image de l’ensemble des acteurs de la filière ».