Diplômée en agronomie à l'Ensat de Toulouse en 2011, Gwennoline Moussière, agricultrice de 35 ans, a parcouru le monde avant de reprendre en 2022 la ferme familiale, située dans le Nord Finistère. « C’est un outil familial transmis de parents à enfants depuis cinq générations, même si j’étais partie, je devais revenir », assure-t-elle.
Après ses études, Gwennoline suit son futur mari au Mexique. Là-bas, elle travaille en développement commercial pour des entreprises bretonnes qui souhaitaient s’exporter sur le territoire mexicain, notamment en alimentation animale. Le couple rentre finalement en France en 2015 et Gwennoline rejoint l’entreprise Kersia, au service marketing.
Une transmission de patrimoine
« À notre retour s’est posée la question de la retraite de mes parents et de la transmission de la ferme. Après échange avec mon mari, car ce n’est pas qu’un changement de travail, c’est un véritable changement de vie, je me suis positionnée et j’ai décidé de reprendre l’héritage familial », explique-t-elle.
Si Gwennoline a deux sœurs, il n’y a eu aucune discussion sur la reprise. C’était la seule à avoir envie de le faire. « Il y a une dimension patrimoniale non négligeable. On ne peut pas s’en affranchir. Il y a aussi la valeur de la terre, c’est important », rappelle-t-elle.
En 2019, Gwennoline décide alors de rejoindre la ferme familiale pour préparer son installation. Salariée pendant deux ans au sein de l’exploitation, elle officialise son installation en 2022, à 35 ans. Si, dans le Nord Finistère, le maraîchage est très présent, dans la commune de Gwennoline, c’est la seule productrice de lait !
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Maraîchère, éleveuse et maman
Sur son exploitation, Gwennoline cultive 38 ha, des mini-choux-fleurs en rotation avec des cultures destinées à la production laitière (maïs, orge, herbe). Ses mini-choux-fleurs sont commercialisés en circuit long par la coopérative SICA et vendus sous la marque Prince de Bretagne et son lait à la Sill.
Sur son exploitation, elle trait une trentaine de vaches de race prim’holstein qui produisent 30 litres par jour.
Son mari, cadre dirigeant d’une coopérative agricole, n’intervient pas sur l’exploitation. Au-delà de son rôle d'agricultrice, Gwennoline jongle avec brio entre sa vie professionnelle et sa vie familiale. Elle est maman de deux enfants de 4 et 6 ans et sait se dégager du temps pour profiter d’eux.
Du 7 jours sur 7 en vie pro et perso
Entre maraîchage et production laitière, les journées de Gwennoline sont bien remplies. Si elle débute sa journée et la termine par la traite des vaches, en journée, elle s’active autour des cultures.
Les mini-choux-fleurs doivent être récoltés et livrés en station de conditionnement chaque jour de récolte. « Je ne peux pas dissocier ma vie personnelle à mon métier. Je suis chef d’entreprise, je peux donc aménager mon temps en fonction aussi de mes enfants. Ils entrent dans la gestion de mon emploi du temps », souligne-t-elle. D’autant plus que Gwennoline s’est installée après avoir eu ses enfants.
L’association maraîchage/production laitière
Gwennoline a suivi les traces de ses parents. « L’association des deux filières a une vertu agronomique intéressante : essayer de produire sa propre fumure. Ce qui est assez précieux », avoue-t-elle. Sans compter que les légumes sont aussi très bons pour les vaches.
« Nous sommes dans une zone fortement productrice de légumes. Nous avons des usines qui les transforment. Elles achètent des choux-fleurs et les retravaillent, par exemple, pour ne garder que les sommités. Alors, nous récupérons les déchets pour les donner à manger à nos vaches », ajoute-t-elle.
Dans un élevage standard, il faut prévoir un hectare par vache. Avec ses 30 vaches et ses 38 hectares, l’agricultrice est à la limite. D’autant plus que sur ses 38 hectares, elle produit 15 hectares de choux-fleurs.
Ainsi, son système fonctionne bien grâce à l’introduction des déchets des légumes, qu’elle donne tous les jours à ses animaux. « C’est nutritivement intéressant. Après on compense avec du maïs et c’est assez équilibré », indique-t-elle.
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Peu de femmes autour d’elle
Autour d’elle, peu de femmes, à peine 2 % suppose-t-elle. Pour l’agricultrice, c’est surtout grâce à son âge qu’elle a été prise au sérieux. « Quand tu t’installes à 20 ans, que tu sois une femme ou un homme, ce n’est quand même pas la même chose qu’à 35 ans où tu as eu une vie avant, une certaine expérience, un peu plus de maturité », exprime-t-elle.
Au Mexique, se souvient-elle, elle œuvrait dans un milieu excessivement masculin et elle a su se forger un caractère fort.
>>> « Être une femme n’est pas un handicap dans mon métier. Je monte sur le tracteur même si ce n'est pas mon activité favorite. Mais certaines femmes aiment les tracteurs ! » sourit-elle.
Son conseil : « Homme ou femme, ce n’est qu’un détail dans ce métier, l’important c’est d’avoir confiance en soi et de s’épanouir, parce que travailler en agriculture, c’est une vie, ça demande beaucoup de temps, de présence et d’effort », conclut Gwennoline Moussière.
Sabrina Beaudoin
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