Les syndicats dressent le bilan au Sival

Au Sival à Angers, les principaux responsables agricoles de la filière fruits et légumes ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont fait le point sur la filière. En pleine inflation, les prix doivent baisser pour répondre aux attentes sociétales et la « variable d’ajustement » est une nouvelle fois le producteur.

Cyril Pogu Légumes de France et Françoise Roch FNPF

Cyril Pogu, coprésident de Légumes de France, et Françoise Roch, présidente de la FNPF.

© S.Beaudoin/Tema

Tous se sont réjoui d’avoir conservé Marc Fesneau en tant que ministre de l’Agriculture. « Nous avons un ministre qui a compris nos problématiques mais dans ce Gouvernement, c’est très difficile de passer des lois. La grande loi d’orientation agricole est en train de se transformer en loi d’installation des jeunes agriculteurs », précise Franck Sander, vice-président de la FNSEA, qui déplore également : « En même temps, nous avons d’un côté un ministre de l’Agriculture qui nous comprend et un ministre de l’Environnement qui va pousser vers une politique différente. »

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Un discours mais où sont les actes ?

Un an après l’annonce du plan de souveraineté alimentaire fruits et légumes, c’est le statut quo. « Le plan a accouché d’une souris », déclare Françoise Roch, présidente de la FNPF. La filière est pourtant bien déterminée à participer à tous les grands projets.

La filière fruits et légumes peine. « Nous avons eu les premières négociations annuelles avec la grande distribution, tous demandent une baisse importante pour répondre à une demande sociétale ainsi qu'à une demande gouvernementale. Leclerc a demandé à un de nos clients de 4e gamme une baisse de 11 % ! Vous avez très bien compris où ça va se répercuter cette baisse et qui va servir de variable d’ajustement », s’indigne Cyril Pogu, coprésident de Légumes de France.

Baisse de la compétitivité

Dans ce contexte, les producteurs doivent produire mieux et moins cher. Une conclusion tirée par Françoise Roch. « Nous perdons de la compétitivité au sein de l’Europe. Le producteur n’est pas responsable de l’importation des produits étrangers. Au Maroc, en Espagne les agriculteurs peuvent produire trois à quatre fois moins cher que nous parce que nous, nous avons des normes très drastiques, le plan pollinisateur, les ZNT, les retraits de produits, etc. », ajoute-t-elle.

Selon des chiffres FranceAgriMer, la production de légumes a baissé de 4,2% en France alors que les importations ont augmenté de 34 %. En fruits, la production a baissé de 21 % en France alors que les importations ont augmenté de 42 %.

« Je reviens d’un voyage à Almeria où 40 000 hectares de serres ont été construits. Comment pouvons-nous rivaliser avec ça ? » se questionne-t-elle.

Le plan France 2030, non adapté

Les syndicats déplorent également le plan France 2030 où les producteurs n’ont pu trouver leur place. Par exemple, les filets insect proof n’entraient pas dans les critères alors qu’ils sont nécessaires pour lutter contre la Drosophila suzukii en cerise.

Les serres verres ont été retirées sous prétexte qu’elles ne sont pas innovantes et non carbonées. Alors que 30 millions ont été posés sur la table pour aider les producteurs à investir dans des serres plastiques.

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Métiers en tension

La main-d’œuvre a aussi été évoquée. « De manière régionale, les filières peuvent être classées “métier en tension”. Avoir ce qualificatif facilite beaucoup l’accès à la main-d’œuvre », ajoute Cyril Pogu.

En effet, la filière fruits et légumes rencontrent des difficultés pour recruter, que ce soit des saisonniers ou des permanents. Étendre « les métiers en tension » à l’ensemble du territoire serait un vrai levier pour trouver la main-d’œuvre. Sans compter l’extension du TO-DE que défend Légumes de France.

Sabrina Beaudoin