Spécial Tour de France • En Italie, comment la viticulture renaît en Émilie-Romagne

L'année 2023 avait été marquée par de gigantesques inondations qui ont touché la région considérée comme le verger de l'Italie. Mais Rimini, terme de la première étape du Tour de France 2024, compte aussi une route des vins qui a déjà retrouvé son dynamisme.

>>> Étape 1 – 29 juin 2024. Florence -> Rimini. 206 km.

© Freesurf

À pied, en vélo, en voiture : passer de la mer aux collines, de la plaine aux Apennins est un jeu d'enfant en Émilie-Romagne. Au programme : parcours gastronomique et œnologique, toute l'année, sur la Route des vins et des saveurs des collines de Rimini ou une fois par an, grâce au Cattolica Wein Tour – celui de 2024 ayant eu lieu du 17 au 19 mai – à partir de Cattolica, une bourgade de 16.000 habitants à une vingtaine de kilomètres de Rimini.

Trois jours de promenade œnogastronomique au cours desquels les visiteurs ont pu assister à des master class animées par des experts et déguster les vins locaux, dont les plus célèbres sont le lambrusco, le pignoletto ou ceux des Colli Bolognesi, terres du « sang de Jupiter », grâce à la participation d'une cinquantaine de producteurs.

L'une des grandes régions viticoles italiennes

Avec quelque 2.700 caves, 66.000 hectares de vignobles gérés par 16.000 entreprises et quelque 30 vins à appellation (21 AOP et 9 IGP), l'Émilie-Romagne est l'une des grandes régions viticoles italiennes, après la Sicile, les Pouilles, la Vénétie et la Toscane. La production 2022 s'est élevée à 6,14 millions d'hectolitres (+ 4 % sur 2021), mais celle de 2023 a porté la marque des énormes inondations, en mai.

Les innondations ont pénalisé les volumes de production

Si la qualité a été au rendez-vous, grâce à un temps stable et ensoleillé de la deuxième partie de l'été, cela n'a pas été partout le cas de la quantité. En montagne, en particulier, la production a reculé de 20 à 25 %. Au-delà des eaux, les dégâts liés aux glissements de terrain et au développement du mildiou et de l'oïdium, parfois difficiles à traiter du fait des conditions des terres et des routes, sans oublier le manque de main-d'œuvre ont pénalisé les récoltes.

Solidarité régionale 

Mais tous les acteurs se sont serrés les coudes. En plus de l'aide de l'État central, l'Enoteca Regionale Emilia Romagna, une association qui vise l'amélioration de la production de vin et la promotion des crus locaux, a fait don de nourriture et de produits de première nécessité aux habitations des zones touchées.

La grande banque régionale, Emil Banca, a mis sur pied un système d'avances de liquidités et de financements sur mesure et a offert des délais pour les remboursements de crédit. Et l'association qui gère le Cattolica Wein Tour a maintenu, en le décalant quelque peu, du 2 au 4 juin, le fameux rendez-vous annuel et créé un tee-shirt à vendre lors de l'événement, dont les bénéfices ont été reversés pour soutenir les populations touchées par les inondations.

Compétitivité à l'exportation

Selon l'édition 2024 de l'Observatoire – italien – sur la compétitivité des régions viticoles, si les exportations de vins italiens ont connu un léger ralentissement (-1 %) en 2023, l'Émilie-Romagne s'est inscrite à contre-courant, avec +3 % par rapport à 2022, pour une valeur de 446 millions d'euros.

En Italie même, l'Émilie-Romagne occupe la troisième place parmi les 10 premières régions d'origine des vins les plus vendus dans la grande distribution, pour une valeur de 119 millions d'euros et est en deuxième position pour les volumes, avec 29,4 millions de litres.

Recherches pour accroître la résilience

Une renaissance, certes, mais toujours fragile, notamment en raison du dérèglement climatique. Des expérimentations et des recherches, dès 2016, dont celles mises en œuvre par le Consortium Vitires, ont déjà ouvert la voie à une nouvelle stratégie.

L'initiative, qui regroupe quatre coopératives (Cantine Riunite & Civ, Cantina Sociale di San Martino, Caviro, Terre Cevico), en collaboration avec le centre de recherche Ri.Nova, a donné lieu à la redécouverte et à la valorisation de cépages autochtones, mineurs mais résistants, en particulier aux agents pathogènes fongiques, comme le famoso, le centesimino ou le longanesi. Des noms sans doute appelés à remplacer, dans les années à venir, lambrusco, pignoletto et autre « sang de Jupiter ».