Christian Barbier est responsable des vignobles mais aussi copropriétaire du Clos Mogador, un domaine situé dans le Priorat en Catalogne. Depuis plus de 10 ans l’agriculture régénérative est au cœur de toutes les pratiques.
Bienvenu au Clos Mogador ! La propriété accueillant 20 ha de vignes est localisée au Nord-Est de l’Espagne dans un paysage de moyenne montagne où les parcelles sont toutes en pente. Ici, il pleut peu : 400 mm/an en fin d’hiver et au printemps. Heureusement nos sols schisteux gardent l’humidité.
J’ai rejoint le domaine familial après mettre formé à l’agriculture régénérative, un ensemble de techniques permettant de séquestrer du carbone dans les sols. Parmi les plus fondamentales il y a les couverts végétaux. Fini le labour. L’enherbement a pris le relai. Les couverts spontanés sont, s’ils ne sont pas assez denses, complétés avec des espèces semées ; des légumineuses en priorité comme la vesce et la féverole mais j’intègre souvent au mélange des crucifères.
Pour réguler la pousse du couvert, un troupeau de 12 moutons vient paitre dans les vignes. Avant qu’ils ne soient tentés de manger les pousses de vignes, ils sont sortis des parcelles et remplacés par nos 7 chevaux. En dernier lieu, ce sont les poules qui déambulent entre les rangs. En grattant, elles vont repartir les déjections des moutons et des chevaux. Un passage de rouleau tiré par les chevaux de trait permet de créer un paillage. Enfin, juste avant les vendanges, un dernier passage de rouleau cette fois-ci tiré par un tracteur, est réalisé. Les animaux sont au cœur de notre domaine ; c’est un autre pilier majeur de l’agriculture régénérative.
Au Clos Mogador, on a aussi arrêté les traitements avec les produits phytosanitaires, conventionnels ou biologiques. Pour lutter contre l’oïdium qui est la principale maladie dans le Priorat je n’utilise donc pas de soufre. En fait, l’agriculture régénérative au Clos Mogador en rupture avec l’agriculture conventionnelle et bio ou biodynamique. Ces méthodes reposent sur le même principe : tuer les agresseurs qui attaquent la vigne. Ici, on améliore l’écosystème et notamment la vigne pour renforcer ses capacités physiologiques à lutter contre les agresseurs. Cela passe par le sol avec des biofertilisants mais aussi par la phytothérapie. En moyenne six fois par an, on applique des décoctions de plantes comme de la prêle ou des orties.
Sur les 70 ha du domaine seulement 20 sont couverts par de la vigne. L’agriculture régénérative ne peut pas être une monoculture. On a donc des oliviers, des amandiers, des bois, des talus enherbés…
Pour finir correctement cette présentation du domaine et de ma philosophie, je vais parler de mon équipe. Nous sommes 13 à travailler dans les vignes. Il m’importe de les former et de travailler dans la convivialité. La part sociale est la plus importante dans mon travail.