Depuis son installation en 2013, Édouard Massart tend vers une conduite « nature » de ses vignes. Son domaine viticole, Le Jardin d’Édouard, est conduit en bio depuis 2019, date à laquelle il a souhaité tester le pâturage de ses vignes par des brebis. Son objectif ? Réduire le temps de tracteur, améliorer la vie des sols et le bilan carbone par rapport au travail du sol.
Grâce à un prestataire (Pâturage and Co), huit brebis d’Ouessant sont intervenues sur une parcelle de 0,7 ha pendant 4 semaines en fin d’hiver.
« Les résultats ont été plutôt positifs, avec une réduction du couvert végétal et par exemple un bon impact sur le lierre », explique Célia Bregeon, ingénieure Dephy et conseillère viticole à la chambre d’agriculture Pays de la Loire.
Convaincu par cet essai, le vigneron a acheté trois brebis l’année suivante. Un cheptel qu’il a poussé jusqu’à 16 brebis en 2022, et un chien, pour faciliter les mouvements de ce petit troupeau.
Suppression d’un travail du sol
Depuis, les brebis pâturent dans les vignes, depuis les vendanges jusqu’au débourrement, donc cinq à six mois, selon les années. Elles passent le reste de l’année dans des prairies. Le pâturage se fait par petites zones de 15 à 30 ares délimités par des clôtures mobiles, avec des déplacements en fonction de la disponibilité de l’herbe. Au total, la zone pâturée concerne 2 ha. L’objectif est d’arriver à un gazon très bas peu concurrentiel sous le rang et de gagner de la portance sur l’interrang.
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De fait, les résultats sont au rendez-vous. Avec l’écopâturage, le travail du sol débute en mai, alors que la date habituelle se situe plutôt fin mars début avril. Soit un décalage d’un mois environ, qui peut aller jusqu’à la suppression d’un passage. L’organisation du travail dans les vignes au printemps s’en trouve allégée.
Les brebis mangent tout type de flore, même les vivaces, sauf les mercuriales. Leur impact sur l’évolution de la flore sera suivi, de même que les bénéfices éventuels de leurs déjections.
Des brebis rustiques qui passent sous les fils
Le vigneron n’étant pas éleveur, son choix s’est porté sur une race rustique : avec les moutons d’Ouessant, il n’y a pas de soin particulier à donner, pas d’abri à fournir, pas de nourriture complémentaire à apporter.
Grâce à leur petite taille (45 cm de haut), les brebis passent facilement sous les fils porteurs. Malgré tout, il sera nécessaire de relever les fils pour qu’elles ne puissent pas atteindre les premiers bourgeons si elles restent un jour dans les vignes toute l’année, comme le vigneron l’envisage.
Autres avantages : c’est une action en faveur de la conservation d’une race bretonne locale. Les brebis constituent un sujet pour la communication du domaine vis-à-vis des consommateurs. Pour le vigneron, c’est un plaisir qu’il partage avec son équipe, même si le troupeau nécessite aussi un peu de temps pour ses déplacements et de la surveillance.
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