
Exploitant en Haute-Marne, Mickaël Masselot fertilise au semis son colza et l’associe à diverses espèces de plantes compagnes gélives ou pérennes.
"Je développe l’agriculture de conservation des sols (ACS) sur mon exploitation depuis sept ans. Ce système de production m’a orienté vers la pratique du colza associé à des plantes compagnes, explique Mickaël Masselot, exploitant à Dommartin-Le-Franc, en Haute-Marne. Lorsque j’ai commencé cette technique, j’ai associé uniquement la féverole au colza. Par la suite, j’ai complexifié l’association en semant des mélanges de sarrasin, de lin, de féverole, de tournesol et de trèfle blanc nain."
Selon les années et la parcelle, le trèfle blanc nain est semé soit simultanément au colza et aux autres plantes associées, soit un peu plus tard à la volée après l’application d’un herbicide post-semis. C’est une culture sensible à la profondeur de semis. Le mélange à d’autres espèces n’est pas toujours favorable à sa levée.
L’agriculteur est satisfait de la technique. "Elle favorise la structure du sol. De plus, les plantes compagnes perturbent l’activité des insectes ravageurs. Je n’applique plus d’insecticide contre le charançon du bourgeon terminal à l’automne. Les légumineuses apportent de l’azote et permettent une couverture du sol, limitant mes intrants herbicides. Le sarrasin est aussi une espèce intéressante car elle nécessite peu d’eau et favorise l’extraction du phosphore du sol. Sa floraison précoce est bénéfique pour les pollinisateurs qui disposent ainsi de réserves de pollen pour l’hiver", car le semis du colza est réalisé au début du mois d’août.
Itinéraire cultural du colza au fil de la campagne 2020-2021
Le 14/07/2020 : Récolte du blé dont le rendement atteint 63 q/ha. La paille est broyée et restituée au sol.
Le 20/07/2020 : Épandage de 12 t/ha de fumier de bovins allaitants et de 4,5 t/ha de compost (mélange de lisier de porc et de fumier de volaille) contenant 2 % d'azote et autant de phosphore et de potasse.
Le 21/07/2020 : Passage d'une herse à paille afin de répartir de manière homogène sur la parcelle à la fois la paille broyée et les amendements organiques apportés. Le hersage est effectué à 15 km/h en diagonale du sens de récolte et de semis pour une meilleure répartition de la paille sur la parcelle.
Le 11/08/2020 : Triage des futures plantes compagnes du colza et préparation du mélange. Les féveroles proviennent du colza associé récolté en 2020 en raison des conditions hivernales clém
Les 12 et 13/08/2020 : Semis du colza, des plantes compagnes et de la fertilisation localisée en un seul passage. Le colza est semé à 45 grains/m². Ces 45 grains comprennent un mélan
Le 18/08/2020 : Pulvérisation insecticide avec 0,05 l/ha de Karaté Zéon. L'intervention est effectuée à une vitesse de 15 km/h avec un volume de bouillie de 60 l/ha. Si les quelques cotylédons déjà émergents ne sont pas infestés d'altises, ce premier insecticide vise à contrôler le plus tôt possible ce ravageur. Depuis le semis, la parcelle a reçu 10 mm de pluie en plusieurs averses.
Le 05/10/2020 : Le stade du colza est hétérogène dans la parcelle malgré les 110 mm reçus depuis la fin du mois de septembre. 10 à 12 ha sur les 44 n'ont pas levé ou très peu. Mickaël Masselot s'interroge sur leur retournement pour y implanter de l'orge de printemps
Le 31/10/2020 : Désherbage antidicotylédone par l'application de Mozzar à la dose de 0,2 l/ha. "L'intervention est indispensable pour maîtriser les géraniums et les gaillets présents dans la parcelle", note Mickaël Masselot. Par contre, elle a entrainé la perte de toutes les plantes compagnes.
Le 01/12/2020 : Désherbage avec 1,8 l/ha de Kerb sur 30 des 44 ha implantés initialement. Malgré la pluviométrie de mois d'octobre et les 100 mm tombés durant le mois de novembre, Mickaël a pris la décision de détruire 14 ha où le nombre de pieds de colza était vraiment insuffisant. De l'orge et du chanvre se partageront cette surface. Sur les 30 ha encore emblavés de colza, la culture est au stade rosette et reste bien poussante. Le Kerb vise à maîtriser les graminées adventices, en particulier le vulpin qui est résistant aux "fop" et aux "dim", dans le colza et ainsi limiter leur nuisance dans le reste de la rotation. À cette date, l'agriculteur a déjà réalisé plusieurs fois le test Berlèse. Le dernier en date donne un résultat de trois larves de grosses altises par pied. Mickaël n'a encore pulvérisé aucun insecticide en raison de conditions météorologiques qui ne le permettent pas. Il attend des conditions plus clémentes pour intervenir.
Le 15/02/2021 : Fertilisation azotée par l'apport de 70 unités d'azote en solution azotée liquide (solution 39).
Le 20/02/2021 : Pulvérisation insecticide avec 1,5 l/ha de Boravi WG dont l'objectif est de freiner les altises et les charançons de la tige. Malgré l'application, les larves d'altises continuent leur développement. Les tests Berlèse indiquent la présence de 4 à 6 larves d'altises par pied de colza.
Le 01/03/2021 : Seconde fertilisation azotée avec 30 unités d'azote par du sulfate d'ammonium.
Le 10/03/2021 : Semis à la volée de 2 kg/ha de trèfle blanc nain de variété Huia. Au moment du semis, le sol est humide et le colza est en reprise de végétation.
Le 15/03/2021 : Troisième apport de 70 unités d'azote sous forme liquide (solution 39) juste avant une pluie.
Le 01/04/2021 : Seuls quelques trèfles blancs nains au stade cotylédons sont visibles, le reste n'est pas encore levé. Depuis le début de l'année, les précipitations s'élèvent à 373 mm (207 mm en janvier, 106 mm en février et 60 mm en mars). Les gelées de février (jusqu'à -8°C dans les champs) et la neige ont défolié les colzas. Ces derniers pesaient environ 2 kg/m² avant ces épisodes de froid. Le colza peine à fleurir. Il est à un stade compris entre E et F (boutons séparés à début floraison). Dans le fond de vallée, le colza présente un léger retard de végétation comparé au reste de la parcelle. Les attaques de ravageurs ayant été plus importantes, le colza est plus buissonnant et tarde à se développer. Habituellement, à ce
Le 02/04/2021 : Intervention insecticide avec 0,2 l/ha de Talita Smart avec 60l/ha de bouillie à 15 km/h. La pression méligèthes est très importante, jusqu'à 15 individus par bouto. Le colza, en plus de subir des conditions météo défavorables à sa croissance, est pénalisé par la présence des méligèthes qui mangent les boutons et empêchent sa floraison. Une première intervention est nécessaire pour permettre au colza de se développer et de fleurir. Une seconde intervention sera indispensable pour limiter les impacts du ravageurs sur la floraison.
Le 16/04/2021 : Intervention insecticide avec 0,2 l/ha de Trébon 30EC. Peu de précipitations depuis la dernière intervention. La pression de ce ravageur est très importante et progresse d'année en année. Le colza fleurit mais des méligèthes sont encore présents. "Mes plus beaux colzas sont ceux semés en tant que couverts végétaux dans un mélange, note l'agriculteur. J'ai choisi de ne pas les détruire. A ce jour, ils sont plus développés que les colzas semés de façon "classique". Cette méthode est à réitérée".
Le 01/05/2021 : Intervention fongicide avec 0,3 l/ha de Propulse. Le fongicide est effectué avant les pluies annoncées en prévention du risque sclérotinia. Avant l'intervention, peu de pluie et des températures fraîches rythmaient les journées. Mickaël Masselot en profite pour appliquer 1,5 l/ha de Céda BMo (bore et molybdène). Systématiquement, il applique ce type d'oligo car il a connu par le passé des carences importantes dues à un manque de Bore et de molybdène. Le rendement étaient affecté.
Le 05/05/2021 : Le gel de début avril, jusqu'à -5 ° voire -6 °C, a limité le développement du colza et du trèfle. Ce dernier est toujours présent dans la parcelle mais peu développé.
Le 20/07/2021 : Récolte du colza avec un rendement moyen de 17 q/ha sur la surface qui a pu être récoltée. En effet, deux hectares sur les 30 hectares que représente la parcelle ont été broyés, jugés trop sales par l’agriculteur. « Cette zone de la parcelle a toujours été plus claire. Le passage de la lumière dans la végétation a profité au développement des adventices. » Historiquement, « mes rendements en colza s’élèvent à 35 q/ha. Depuis trois ans, je récolte 25 q/ha en moyenne. Ceci s’explique par des aléas liés au sec, au froid et à la pression des grosses altises. » Malgré les 12 mm de pluie avant l’implantation du colza, le sol est resté sec longtemps pénalisant la dynamique de levée avec les mêmes impacts pour des parcelles semées avec ou sans plantes compagnes.
Pour les semis 2021, l’agriculteur réitère l’association du colza avec des couverts (lin, sarrasin, féverole, tournesol et trèfle blanc nain). « Je poursuis cette technique car j’ai la conviction qu’elle est bénéfique pour mes cultures et mon sol. D’ailleurs, les résultats des essais menés par le GIEE Sol-Union l’attestent tous les ans. Cependant, je ne mesure pas d’impact direct du couvert sur le colza. Selon moi, les services rendus, notamment l’azote apporté par les légumineuses, profitent davantage aux cultures dans la rotation qu’à la crucifère elle-même. »
Le suivi est terminé !