
En produisant son thé de compost oxygéné (TCO), qu’il applique sur ses 59 ha de terres, Émeric Saboureau n’emploie plus de fongicides ni d’insecticides « classiques » sur son exploitation de Latillé (Vienne).
Adepte du semis direct, il cherche à multiplier les cultures et les couverts sur les terres reprises à son beau-père en 2018. Le double actif, également agent de silo pour une coopérative locale, s’est très vite intéressé au TCO. « Je souhaitais travailler davantage sur les bactéries et les champignons pour protéger mes cultures et ramener de la vie au sol », explique-t-il. Après des échanges sur les réseaux sociaux, un groupe Facebook est créé, ainsi qu’une structure, Agroleague, afin de former les agriculteurs intéressés au TCO.
Appliquer le TCO en préventif
En quelques mots, « la préparation d’un TCO consiste à infuser dans une eau déchlorée une base de lombricompost, en système aérobie, et d’ajouter à la préparation de la mélasse de canne, diverses algues et oligoéléments, ainsi que des acides humiques et fulviques et des bactéries “Pseudomonas” et champignons “Trichoderma”. Épandu au pulvérisateur en préventif trois à quatre fois durant le cycle, et en enrobage de semences, le TCO agit en boostant les plantes, qui sont alors mieux préparées à affronter les bioagresseurs », affirme le céréalier.
Si un passage de TCO revient entre 7 et 15 euros/ha, Émeric Saboureau met en garde sur la pratique : « Il est vite possible de faire des erreurs, qui peuvent être assez graves avec les TCO ! Il est très important de comprendre le fonctionnement, pour retrouver le maximum de bénéfices sur ses parcelles et ses cultures. »
Itinéraire cultural du blé au fil de la campagne 2020-2021
- Le 23/07/2020 : Récolte du pois protéagineux avec un rendement de 22 q/ha sur la parcelle de 9 ha, nommée Le Champ Trajeau, a Latillé (Vienne). Cette parcelle est divisée en deux : une partie de limons battants avec silex, et une partie plus profonde.
- Le 7/10/2020 enrobage de la semence avec du TCO. « Le TCO doit
Pour obtenir une préparation adaptée à l’enrobage de semence, de l’argile est ajoutée afin de pouvoir coller aux grains, passés dans un mélangeur (1,5 à 2 l/q de TCO ). Un peu de lombricompost en poudre est ajouté aux semences, afin qu’elles ne s’agglomèrent pas dans le semoir.
- Le 10/11/2020 : désherbage de la culture de blé, avec Chlorto (2,5 l/ha) et Compil (0,6 l/ha) passé a 80 l de bouillie/ha dans de bonnes conditions de pulvérisation et une bonne hygrométrie. « Sur une partie de la parcelle le désherbage a bien fonctionné, mais sur l’autre les graminées n’ont pas été détruites, à cause de résistances, en particulier sur vulpin et raygrass », observe l’agriculteur, qui précise qu’il aurait dû choisir des produits mieux adaptés face aux problématiques de résistance, après avoir effectué des analyses.
Au-delà de rebooster les cultures, l’apport de TCO avant l’hiver, notamment avec Trichoderma, vise à lutter contre les champignons pathogènes et ainsi éviter les maladies. « Je n’ai vu aucun problème sur les blés cet hiver, ni en pression puceron, ni en maladie. Seulement une cicadelle. Le prochain apport de TCO devrait avoir désormais lieu mi-février-début mars. »
- 15/03/2021 : apport de 92 unités d’urée. Ce 2e apport se fait en un seul passage, au plus tôt quand les conditions l’ont permis. L'apport de TCO prévu mi-février à début mars n'a finalement pas pu avoir lieu, car les conditions n'étaient pas favorables (températures inférieures à 10-12°C puis temps trop sec).
17/07/21 : Récolte affichant rendement de la parcelle de 64 q/ha, avec un taux de protéines de 12,3 % et un PS de 76,4 kg/hl. Sur la bande témoin ayant reçu un passage de fongicide, le taux de protéines était de 11,8 % avec un PS de 75,9 kg/hl et un rendement équivalent. «L’apport de TCO permet de gagner généralement de la protéine, en tous les cas, c’est ce que j’observe sur mes parcelles, avec jusqu’à 1 point de différence », note le céréalier.
Si la moyenne de l’exploitation pour les rendements en blé atteint 71 q/ha, la parcelle suivie pour Cultivar a souffert d’un salissement de raygrass. « Les blés ont peu tallé également suite aux conditions climatiques, ce qui explique un rendement moins bon qu’espéré. »
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