Et c'est pour cette raison qu'il faut reconnaître la bonne volonté de Jean-Marie Joutel, directeur général adjoint du groupe Bigard, d'être venu, dans le cadre d'une table ronde, défendre son point de vue devant les producteurs de viande bovine s'estimant insuffisamment rémunérés.
L'industriel achète chaque semaine environ 6000 vaches et génisses de races à viande, autant de jeunes bovins de races à viande, et au moins 10000 animaux issus du troupeau laitier. Soit au total environ 23000 bovins/semaine, et parfois jusqu'à 28000.
Nous vendons à la grande distribution, aux sociétés de restauration, à la boucherie traditionnelle et nous exportons en Europe. Nous pesons beaucoup, environ 40% sur le marché français, mais nous ne sommes pas seuls. Nous menons tous les jours un combat âpre avec la grande distribution. Nous n'aimons pas trop le terme de contractualisation dans le groupe. Néanmoins, nous mettons en place des partenariats qui peuvent atteindre 20% de nos achats dans certaines régions ou sur certains produits. Les contrats devraient être tripartites, avec la distribution. Nous sommes appelés à prendre des engagements avec les producteurs, mais nous avons peu d'engagement de la part de nos clients finaux, en particulier quand il s'agit d'export.
"Horse Gate"
Dans les premiers pays consommateurs de viande bovine en Europe, la France et l'Italie, la consommation de viande bovine a tendance à diminuer depuis plusieurs années. La crise récente n'arrange rien, notamment en Italie et plus encore en Grèce, pays fortement touchés.Il faut ajouter à cela la récente affaire de la viande de cheval, dite du "Horse Gate". Ainsi que la concurrence d'autres pays, l'Allemagne notamment, dont les viandes entrent en concurrence avec la viande française.
Enfin, avec l'évolution de la consommation, les carcasses se vendent de moins en moins souvent entières, ce qui a un impact sur les coûts des industriels selon le représentant de Bigard.
À l'éleveur et syndicaliste Joël Limouzin, qui regrette que les producteurs soient toujours obligés de faire pression sur les abattoirs pour tirer les prix vers le haut, Jean-Marie Joutel répond:
Passons 48h ensemble dans nos abattoirs, et vous verrez que la problématique n'est pas si facile que cela à résoudre. Nous avons la même problématique de coûts que vous: sur l'énergie, le transport, le personnel. Nous sommes capables de performances industrielles, aussi bien que les Italiens ou les Allemands. Notre problème, ce sont les coûts.
En viande bovine, nous sommes une entreprise profitable, a-t-il cependant reconnu. Et c'est important pour que les éleveurs soient payés. Par ailleurs, il y a des secteurs où l'on perd de l'argent.
L'observatoire des prix plaide pour davantage de contractualisation et de dialogue
Restructurer les IAA françaises: une nécessité
Intervention de Stéphane Le Foll à l'AG de la FNB
Horse Gate, et après?