Le projet MACC 0 (2019-2024), porté par FREDON Grand Est, consiste à identifier
des stratégies alternatives afin de maîtriser durablement les populations de campagnols
des champs.
Le test. Dans la Marne, des graminées porte-graines font l’objet d’expérimentations pour mesurer l’effet de la herse étrille sur ces populations de rongeurs. Les résultats montrent une technique efficace dans les situations où la densité de population est faible à moyenne.
- « S’il n’est pas maîtrisé, le campagnol des champs, petit rongeur très prolifique, avec cinq à huit portées par an, occasionne de nombreux dommages aux cultures, jusqu’à leur destruction complète », indique Louis Audren de FREDON Grand Est lors d’un webinaire organisé par le réseau Dephy.
Un point sur le campagnol. Granivore et herbivore, ce rongeur apprécie particulièrement les jachères où le sol n’est pas travaillé. Ainsi, il se retrouve dans les luzernes, les prairies ou les graminées porte-graines, qui lui offrent le gîte et le couvert, avant de coloniser les parcelles de colza ou de céréales.
Le labour, seul moyen efficace en cas de population élevée ?
Alternatives à l'étude. Dans le cadre du projet MACC 0, quatre sites avec des cultures et des systèmes de production différents font l’objet d’expérimentations. « Nous cherchons à utiliser des méthodes qui portent atteinte aux populations de campagnols des champs (gestion des bordures, piégeage, favorisation des prédateurs, dérangement des rongeurs, etc.) », précise Louis Audren. Des actions précises sont réalisées sur chaque site d’étude :
- un diagnostic paysager pour caractériser l’environnement dans lequel évoluent les rongeurs et leurs prédateurs ;
- un suivi régulier des densités de campagnols des champs et des populations de prédateurs terrestres et volants sur le territoire étudié, afin d’établir un lien entre les oscillations saisonnières et pluriannuelles des rongeurs et les habitats paysagers ;
- des expérimentations à la parcelle, avec des leviers choisis en concertation avec les agriculteurs.
Vers de nouvelles solutions ? Dans les graminées porte-graines, la lutte mécanique avec le passage de la herse étrille est testée.
- Son efficacité est comparée à un témoin et à une modalité traitée avec du Ratron GW®, référence chimique du marché.
- La densité de population est évaluée sur l’ensemble des trois modalités, au moment de la mise en place de l’essai, puis tous les vingt-et-un jours, durée de gestation de la femelle.
- La méthode utilisée est basée sur l’observation d’indices de présence active (couloirs de circulation, présence de crottes, etc.).
À j +21 et j +42, nous observons des différences significatives de densité par rapport au témoin. Le passage de la herse étrille montre une efficacité similaire au traitement chimique avec une diminution des populations, explique Louis Audren. En revanche, au-delà de deux à trois mois après le passage mécanique, les effets s’estompent.
Des méthodes en demi-teinte. La herse étrille doit donc être passée régulièrement pour obtenir des résultats satisfaisants. Lorsqu’il y a trop de populations, aucune méthode de lutte connue ne fonctionne, pas même la chimie, les populations de campagnols étant très prolifiques. Seul le labour, en détruisant l’habitat, peut agir efficacement.