Même en agronomie, il existe des phénomènes de mode. Le compost n’y coupe pas… Tantôt adulé, tantôt décrié. Mais sa valeur agronomique ne se dément pas. Pour Anthony Le Quemener, directeur technique grandes cultures de Biosphères, « la question n’est pas d’utiliser du compost ou pas. L’interrogation doit davantage se porter sur la raison technique d’un compostage et sur le temps de compostage ».
Le fumier fertilise, le compost amende
Anthony Le Quemener affirme que le fumier est avant tout un fertilisant, car les éléments minéraux ne sont pas coincés dans des éléments stables, tandis que le compost un amendement.
Avec un ISMO de 80 %, ce dernier favorise la création de MO liée et donc d’humus. Mais cette stratégie a un coût. En compostant, l’agriculteur paie une taxe qui est la perte de carbone, que l'on peut observer en comparant le rapport C/N des deux produits. Par contre, avec un C/N de 12, le compost n’engendre aucun risque de faim d’azote. Pour le fumier, cela va dépendre du produit précisément épandu.
Si le rapport C/N est inférieur ou égal à celui des micro-organismes qui le décomposent (le rapport C/N des bactéries est compris entre 20 et 25), alors il n'y a aucun risque de faim d’azote. Au-delà, le risque existe, car les micro-organismes ont besoin d’azote pour dégrader la matière. Il n’y a donc pas lieu d’opposer fumier et compost, chacun a son intérêt pour piloter la qualité de la MO du sol.