Lupin : « Le protéagineux le plus rentable »

Le lupin fait partie des meubles à l’EARL la Grand Fat, dans le sud Vienne. Installé depuis 2013 sur l’exploitation, Ludovic Royoux a étendu cette culture, lancée en 1985 par son prédécesseur, Jean-François Violette (président du GIE Pro lupin), accompagné par Terrena Poitou. Les atouts agronomiques, économiques et de temps de travail assurent à la légumineuse une pérennité dans la rotation.

Les rendements en lupin sont bons sur l’exploitation de l’EARL de la Grand Fat : 32 q/ha en 2015, 34 q/ha en 2014. Photo O.Lévêque/Pixel Image

Sur les 410 ha de l’exploitation, le lupin est passé de 15 à 35 ha depuis l’installation de Ludovic Royoux. Les rendements sont bons : 32 q/ha en 2015, 34 q/ha en 2014, et un peu plus faibles les deux années précédentes, autour de 27-28 q/ha, en raison de la sécheresse et du gel. L’agriculteur souligne :

À partir de 25 q/ha, le lupin est une culture qui rapporte. On parle beaucoup du soja actuellement, mais les rendements sont loin d’être satisfaisants avec les variétés actuelles, et la culture nécessite 6-7 tours d’eau. Le lupin, à 37-38 % de protéines, produit au final plus de matière azotée à l’hectare qu’un soja, et sans eau ! 

Ludovic Royoux a développé le lupin, passant de 15 à 35 ha sur les 410 ha de l’exploitation. Photo O.Lévêque/Pixel Image

 

1500 euros/ha

Avec 1500 euros de produit/ha, le lupin arrive devant le pois à 1200, et la féverole à 1000 euros/ha, faisant de lui « le protéagineux le plus rentable », détaille Maxime Bujon, son technico-commercial Terrena Poitou, d’après les données Terrena 2015 :

Mais le premier intérêt du lupin est de diversifier les rotations pour combattre les adventices. Dans la zone, certains producteurs ont des coûts de désherbage colza de 130-150 euros/ha, avec des adventices toujours présentes au final. Après un protéagineux, le désherbage colza se limite à 90 euros/ha, avec une seule intervention en postsemis et les parcelles sont ensuite nickel.

Une nouvelle variété de lupin d’hiver, plus précoce, devrait sortir prochainement, indique Maxime Bujon, technicien Terrena Poitou (à gauche). Photo O.Lévêque/Pixel Image

 

Réduire la dose d'azote

Autre atout du lupin d’après le conseiller : il permet de réduire la dose d’azote sur le blé suivant de 60 unités, avec un gain de rendement de 3-4 q/ha. Dans les faits, Ludovic Royoux réduit en moyenne de 30 à 40 unités d’azote la fertilisation de la culture suivante :

Il y a deux ans, nous avions d’ailleurs fait une impasse au premier apport sur nos blés hybrides. 

 

350 euros la tonne

Grâce à Lup’ingrédients et ses débouchés en alimentation humaine, la filière lupin a redémarré ces dernières années. Terrena compte 3600 ha de lupin en 2016, dont 1500 ha dans le sud Vienne. Les contrats Terrena fixent la tonne à 350 euros en 2016. À ce montant s’ajoute la prime protéagineux.

J’espère toucher 170 euros par hectare cette année. L’an dernier, c’était autour de 200 euros, précise Ludovic Royoux.

Mais pas question de faire du lupin en opportuniste. Premier critère : le choix de la parcelle.

Les terres hydromorphes sont à proscrire. Il faut de bonnes terres, avec un peu de profondeur, car le lupin a un cycle long sur la fin, donc attention aussi aux sols trop séchants. Le lupin est aussi à proscrire dans les sols riches en calcaire actif.

 

Deuxième critère : le désherbage. Si votre parcelle est parsemée de vivaces dicotylédones, comme des chardons, rumex, c’est éliminatoire. Le désherbage est le point noir, car après le semis, vous n’avez plus de possibilité de rattrapage, ajoute Maxime Bujon.

 

 

Retrouver l’intégralité du reportage dans le numéro de septembre de Cultivar.