« Des pâtes, des pâtes, oui, mais... » : la célèbre publicité comporte aujourd'hui un « mais » qui n'a rien à voir avec une marque. Alors que la consommation de pâtes alimentaires ne cesse de croître (+ 8 % depuis 2019) dans l'Hexagone, notamment à la faveur des difficultés économiques que rencontrent nombre de ménages, la production française, elle, diminue.
Moins de surfaces cultivées en blé dur
De fait, les surfaces cultivées ont été divisées par 2 en moins de 15 ans. Et si les producteurs rechignent à s'engager, c'est que cette activité est risquée, le blé dur étant très sensible aux aléas climatiques.
En outre, ils ont vu arriver, sur les marchés internationaux, des producteurs de poids, comme la Russie et la Turquie, dont les prix sont très compétitifs.
Les besoins nationaux ne sont pas couverts
Résultat, si la France est le 2e producteur de blé dur de l'Union européenne, derrière l'Italie, la production nationale et la transformation ne couvrent que 35 % du total des besoins de consommation du pays.
Comment, dès lors, dynamiser la production, pour renforcer la souveraineté alimentaire française et éviter de se fournir ailleurs ? Associée à Intercéréales, la filière blé dur a concocté un plan, prévu pour une durée initiale de 5 ans, et assorti d'un montant de 43 millions d'euros, dont une participation de l'État estimée à 11 millions d'euros.
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Un exercice de co-construction
Le dispositif, que Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, a signé le 29 février dans le cadre du Salon international de l'agriculture, vise, à travers un processus de co-construction (acteurs de la filière, organismes de recherche, chambres d'agriculture...) à satisfaire 4 ambitions :
- D'abord, enrayer le déclin constaté et développer les surfaces de culture et les volumes produits, notamment par la recherche, afin de rendre le blé dur plus résilient face aux aléas climatiques.
- Ensuite, reconquérir des parts de marché pour les pâtes, afin d'arriver à 45 % de satisfaction des besoins nationaux à horizon 2033 (au lieu des 35 % actuels).
- En outre, le plan vise à réduire l'empreinte carbone de la filière (avec un engagement de - 20 % d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport aux émissions de 2015).
- Et enfin, il s'agit de sécuriser une partie de la filière en instaurant des contrats entre producteurs, collecteurs et industriels, et en adoptant divers mécanismes d'assurance.
Stratégie générale de souveraineté
« Nous souhaitons que la filière blé dur s'inscrive dans la stratégie générale enclenchée par le Gouvernement ; celle de rebâtir la souveraineté alimentaire de notre pays, a déclaré le ministre Marc Fesneau lors de la signature du document. L'objectif est de produire plus et plus durablement, afin de faire face aux défis alimentaires, environnementaux, sanitaires, climatiques et économiques. »
Les travaux de co-construction du plan vont se poursuivre dans les semaines qui viennent, afin de lancer rapidement les premières actions en faveur de la filière blé dur.