Pour que l'agrivoltaïsme prenne vraiment son envol

Les premières Rencontres de l'agrivoltaïsme se sont tenues à la fin du mois dernier à Paris. L'occasion de faire le point sur l'état d'avancement du dossier, les clarifications à apporter, notamment en matière de partage de la valeur et de contractualisation, et les défis techniques à relever. Voici le premier épisode d'une série de cinq articles sur la semaine.

 

À l'horizon 2050, les autorités françaises espèrent atteindre 100 GW au total, en multipliant par 5 la capacité solaire installée.

© Amarenco

Comme d'autres pays, la France rêve d'accroître son recours aux énergies renouvelables... Avec des ambitions claires et chiffrées, notamment sur le solaire.

Ainsi, si la puissance du parc solaire photovoltaïque (toutes surfaces confondues) français atteignait 15,8 gigawatts (GW) à la fin septembre 2022 et qu'en 2023 de nouvelles installations ont permis d'ajouter 3 GW supplémentaires, les autorités françaises entendent encore accélérer, pour atteindre 6 GW annuels en plus d'ici 2025.

Mieux : à l'horizon 2050, elles espèrent atteindre 100 GW au total, en multipliant en conséquence par 5 la capacité solaire installée.

Les surfaces agricoles sont privilégiées

« Sur l'objectif de 100 GW en 2050, seul 21 % du parc est posé, relève Pascal Lecamp, député de la Vienne. Il reste donc 79 % à aller chercher. Et ce sera essentiellement par le biais de l'agrivoltaïsme. »

Présent aux premières Rencontres de l'agrivoltaïsme, qui se sont tenues le 29 octobre dernier à Paris, sous la houlette de France Agrivoltaïsme, cet élu MoDem, qui anime un groupe de travail transpartisan sur le partage de la valeur et la contractualisation des projets agrivoltaïques, a détaillé les progrès qui restent à faire pour que l'agrivoltaïsme prenne réellement son envol en France.

Une loi d'accélération

Pour dynamiser la production d'énergies renouvelables, la France s'est dotée d'une loi (loi d'accélération des énergies renouvelables nᵒ 2023-175, promulguée le 10 mars 2023), qui a d'abord mis l'accent sur les terrains affectés par l'activité humaine : parkings, bâtiments, terrains délaissés près d'axes routiers ou ferroviaires.

Interrogée, EDF Renouvelables souligne toutefois que si, jusqu'à présent, « les sites ayant déjà accueilli une activité humaine ont été privilégiés pour le développement des centrales solaires au sol, ils se raréfient ».

Seulement 1 % de la SAU ferait la différence

Par ailleurs, selon un rapport du Centre commun de recherche de la Commission européenne, publié en 2023, il suffirait de couvrir 1 % seulement (soit 157.621 hectares) de la surface agricole utile (SAU) sur le Vieux continent pour dépasser largement les objectifs européens en matière de production d'électricité renouvelable avec le photovoltaïque en 2030.

En effet, si c'était le cas, l'agrivoltaïsme, qui consiste à associer sur un même site une production agricole et, de manière secondaire, une production d'électricité grâce à des panneaux solaires photovoltaïques, représenterait une capacité installée de 944 GW, alors que la stratégie solaire de l'Union européenne (UE) vise à livrer 320 GW issus du photovoltaïque en 2025 et 590 à horizon 2030. Fin 2022, la capacité photovoltaïque installée (toutes surfaces confondues) dans l'UE ne représentait que 211 GW.

Mais que les riverains se rassurent : la France et l'Europe ne seront pas constellées de panneaux solaires ! « Si l'on prend comme référence la surface moyenne des exploitations agricoles et le fait qu'un hectare produit environ 1 MW, les futures installations ne représenteront que 0,2 % ou 0,5 % de la surface agricole utile en France », relève ainsi Audrey Juillac, agricultrice et présidente de la Fédération française des producteurs agrivoltaïques.

« En fonction des caractéristiques de l'exploitation agricole ou du territoire, il n'y aura pas de projets partout, ajoute Maxime Cumunel, délégué général de l'association France Agrivoltaïsme. Mais je pense que nous atteindrons les objectifs fixés en matière de production. »


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