
Malgré la grogne des agriculteurs, exprimée au début de cette année, les questions agricoles ont été largement ignorées pendant la récente campagne pour les législatives.
© IRUSi, comme le relate La Tribune Dimanche dans sa dernière édition, Julien Denormandie, un proche d'Emmanuel Macron, appelle des personnalités politiques du camp socialiste, ce n'est pas en tant qu'ancien ministre de l'Agriculture, mais simplement pour connaître leur vision de la situation actuelle.
Une situation de blocage, qui ne permet toujours pas aujourd'hui de faire émerger un nom consensuel pour un Premier ministre. Dans ces conditions, difficile de savoir comment sera constituée l'équipe gouvernementale, et partant, qui sera le ministre de l'Agriculture.
Un nom ? C'est prématuré !
« Nous avons nombre de profils compétents en agriculture et en alimentation en France, mais si j'ai des idées pour un(e) futur(e) ministre, ce serait très prématuré d'en parler », relève la députée Nicole Le Peih (Ensemble), réélue dans la 3e circonscription du Morbihan.
Alors que les 577 députés éliront aujourd'hui le président de l'Assemblée nationale, cette ancienne agricultrice sera candidate dans le cadre des prochains votes pour la présidence des commissions permanentes. Nicole Le Peih souhaite ainsi siéger à celle des affaires économiques, « notamment pour suivre l'Europe et l'impact de la PAC », dit-elle.
La simplification administrative à l'honneur
D'autres, comme Jean-François Rousset (Ensemble), élu député de la 3e circonscription de l'Aveyron, réfléchissent à des solutions pour les agriculteurs. Sous la forme, dans son cas, d'un dossier numérique unique, en vue de simplifier les tâches administratives des exploitants.
« Je suis élu dans un département éminemment agricole et ce qui remonte du terrain, ce sont entre autres ces difficultés administratives, dit-il. D'où l'idée d'un dossier unique, renseigné une seule fois par l'agriculteur, et qui servirait ensuite à l'administration, mais aussi aux banques, à la MSA, aux autorités européennes : elles viendraient y chercher les informations dont elles ont besoin pour les déclarations, les aides, les subventions. »
Un chantier d'envergure
Quoi qu'il en soit, le ou la prochain·e ministre de l'Agriculture aura fort à faire. D'autant qu'Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA, a déjà prévenu, dans les colonnes du Figaro. « Le futur locataire de Matignon devra respecter les promesses faites aux agriculteurs », a-t-il déclaré dans l'édition du 12 juillet du quotidien.
Non seulement la dissolution de l'Assemblée nationale a mis en suspens les discussions sur la future loi d'orientation agricole, dite « d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture », et le texte Egalim 4, visant à renforcer les dispositifs déjà en place et régissant les relations commerciales de la filière agroalimentaire, mais en plus, malgré le mouvement de grogne du début d'année, le dossier agricole a disparu des radars lors de la campagne pour les législatives.
Des soutiens de la cause paysanne à l'Assemblée
Pour relancer l'examen des différents textes législatifs, le ou la prochain·e ministre pourra compter sur certains députés, acquis à la cause paysanne. Avec, entre autres, le candidat désigné par le Nouveau Front populaire (NFP) pour la présidence de l'Assemblée, le communiste André Chassaigne (auteur de la loi sur la revalorisation des retraites agricoles), qui a retrouvé son siège dans le Puy-de-Dôme.
Marc Fesneau (Modem), qui gère désormais les affaires courantes au ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, sans toutefois pouvoir faire des propositions de loi, a quant à lui été réélu dans le Loir-et-Cher, de même qu'Agnès Pannier-Runacher (Ensemble), dans le Pas-de-Calais.
Par ailleurs, Stéphane Travert (Ensemble), ancien ministre de l'Agriculture, a conservé sa place dans la Manche, tout comme Charles Sitzenstuhl (Ensemble), président de la commission d'enquête sur les raisons de la perte de la souveraineté alimentaire, dans le Bas-Rhin.
Des élus agriculteurs ou sympathisants
D'autres élus sont également sensibles aux questions agricoles, voire agriculteurs eux-mêmes. C'est le cas, entre autres, de Sandrine Le Feur (Ensemble), qui a pratiqué l'agriculture bio dans le Finistère.
À gauche, Dominique Potier (divers gauche), qui a créé le Gaec du Sillon, a été réélu en Meurthe-et-Moselle, tandis que l'ouvrière agricole Mathilde Hignet (NFP) a retrouvé son poste en Ille-et-Vilaine.
Aurélie Trouvé (NFP), ingénieure agronome, a quant à elle été élue dès le premier tour en Seine-Saint-Denis. Enfin, l'ancien ministre délégué à l'agroalimentaire, Guillaume Garot (PS), entame un quatrième mandat dans la 1re circonscription de la Mayenne.
Parmi les écologistes, Benoît Biteau, qui a repris la ferme familiale en Charente-Maritime, a été élu dans la 2e circonscription de ce département, et Marie Pochon, fille et petite-fille de vignerons, a conservé son mandat dans la Drôme. Enfin, Nicolas Turquois (non inscrit), ingénieur agronome de formation et agriculteur, spécialisé dans les semences de légumes et de céréales, a été reconduit à son poste dans la Vienne.