Après une lettre ouverte envoyée au Premier ministre Gabriel Attal, des plateaux TV, des rencontres avec l’Anses et des élus, des échanges avec les filières noisette, pomme, betterave, pomme de terre et 300 producteurs d’endive et de chicorée rassemblés le 20 février à Lille devant l’hôtel de Région, l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) veut désormais des réponses. Et vite.
« Il faut apporter des garanties techniques aux producteurs de racines d’ici cet été, car sans cela beaucoup arrêteront et nous perdrons une grande partie de notre potentiel de production, avertit Pierre Varlet, le directeur général de l’Apef. Aux dires des uns et des autres cela pourrait représenter un quart de la production. »
Marc Fesneau reconnaît qu’il y a « urgence »
La filière endive redoute une crise majeure après la saison 2024. En cause, l'interdiction de trois substances actives décidée par l’Union européenne. Deux herbicides : le Benfluraline (Bonalan), dont le retrait est programmé le 12 mai prochain, et le Triflusulfuron-méthyl (Safari) au 20 août 2024, ainsi qu'un insecticide, le Spirotétramate (Movento), autorisé jusqu’en avril 2025.
Sans solution de remplacement efficace, l’Apef demande comme mesure d’urgence un délai avant l’interdiction. Un point sur lequel elle n’a pas encore reçu de réponse. Le ministre de l’Agriculture a néanmoins entrouvert une porte, le 29 février lors de sa visite au Salon de l’Agriculture.
Marc Fesneau a en effet reconnu que l’endive ainsi que la pomme allaient se retrouver face à une « impasse technique » après 2024 et qu’il y avait « urgence » à trouver des solutions. « On aurait dû s’en préoccuper depuis longtemps », a-t-il également concédé.
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Des mesures pour inciter les équipementiers
À plus long terme, l’Apef appelle à des mesures incitatives en direction des équipementiers. Selon son directeur général, ces derniers rechignent à développer des solutions pour les petites filières, y voyant un marché trop peu rentable. « Nous dépendons du bon vouloir des offreurs de solutions et des semenciers qui ont tendance à privilégier les grandes cultures, déplore-t-il. Notre transition peut aller très vite ou très lentement, tout dépend de leur volonté. »
Maintenant que les décideurs politiques sont sensibilisés, Pierre Varlet espère les mettre « autour de la table » afin d'établir rapidement un plan de marche. « Nous ne demandons pas d'argent, mais des moyens, souligne-t-il. Le marché se porte bien et les endiviers veulent des solutions quel que soit le coût. »
La bonne santé de la filière autorise en effet les producteurs à envisager des investissements conséquents. Cette année, la demande a été telle que la production n’a pas pu fournir tous les clients, faisant grimper les prix producteurs à des niveaux records. « On a atteint 2 € le kilo, c’était du jamais vu. »