Espoirs et ambitions pour la filière prune

La campagne 2023 fut celle du succès retrouvé pour les acteurs de la prune en France. Malgré quelques difficultés et des cours en baisse, les motifs de satisfaction sont réels et, lors de son AG annuelle, ce jeudi 23 mai 2024, l’AOPn Prune évoquait avec conviction de futurs projets voués à dynamiser son marché et promouvoir ses produits.

Une gouvernance de l'AOPn Prune consolidée et pilotée par deux présidents, Joël Boyer et Jérôme Capel.

© Thomas Francoual

Après deux saisons bouleversées par les fortes gelées de printemps et une production nationale amputée jusqu’à 50 %, 2023 vint consacrer un quasi-retour à la normale, soulageant et réveillant une filière encore un peu sonnée.

Une embellie qui profite à l'excédent commercial

La production totale dépasse à nouveau le seuil des 60.000 t. Un net mieux qui rejaillit de facto sur la balance commerciale.

Côté importations, on note un recul de 28 % en volume par rapport à 2022, ainsi que 16 % en valeur. Les exportations progressent d’autant, avec une forte demande de la Belgique (+ 24 %) et la Suisse (+ 22 %), où la prune française séduit davantage qu’à l’accoutumée.

Une lutte difficile pour le juste prix

Fin juillet 2023, entre la relative abondance de la récolte, le manque de visibilité des fruits sur les étals de la GMS et la pression des consommateurs, les cours chutent. Le 2 août, la filière entre dans une crise conjoncturelle, qui durera jusqu’à début octobre.

L’ajustement de l’indicateur RNM de - 25 à - 15 % a accentué la réalité des faits, mais durant deux mois de campagne le mal était fait. « Avec des prix de vente moyens de 3 €/kg au détail, il manquait, selon les variétés, au minimum 20 à 30 ct€ pour assurer la survie et l’équilibre des comptes d’exploitation », déclarait Joël Boyer, président de l’AOPn Prune. La filière insistait alors sur la demande d’application de l’accord de modération des marges. 

La problématique reste la valeur à l’amont et l’obtention de prix rémunérateurs en réciprocité des efforts continus de la production et de la première mise en marché.

Valoriser la communication pour attirer le consommateur

Les analyses menées par l’AOPn Prune mettent au jour un comportement hésitant chez l’acheteur. En moyenne, le consommateur français n’achèterait des prunes que 3 fois par an. Il ressort des enquêtes un achat de prunes souvent opportuniste ou impulsif.

Plusieurs axes de travail sont en cours pour améliorer cette situation.

La filière rejoint le label Vergers écoresponsables

Intégrer le précieux label apparaît comme l’un des principaux enjeux de l'AOPn Prune. Après de longues discussions et l’élaboration d’une charte qualité conforme aux critères demandés, Vergers écoresponsables a rendu une réponse positive à l’ANPP le 17 avril dernier.

Les producteurs et les stations de conditionnement doivent encore se mettre en conformité sur certains points. En station, il y a par exemple :

  • la mise en place d’un plan des risques hygiéniques et sanitaires pour le personnel ;
  • l’enregistrement du traitement post-récolte ;
  • la signature du contrat de concession avec le respect de ses règles d’utilisation.

Sur le terrain, plusieurs actions en faveur de la protection de l’environnement, de la gestion des déchets et des émissions de CO2 sont demandées :

  • l’implantation de variétés tolérantes adaptées au changement climatique ;
  • l’analyse du sol tous les 5 ans sur les vergers affilié au label ;
  • l’enregistrement des pratiques d’irrigation dans le cahier de culture ;
  • l’implantation de structures écologiques en vergers (haies, bandes fleuries) ;
  • l’élimination des emballages vides et des filets ;
  • la gestion de la fin de vie des vergers sans brûlage.

La remise des attestations de conformité à la démarche est prévue pour décembre.

Parmi les autres démarches entreprises en 2024, Jérôme Capel, coprésident de l’AOPn Prune, insistait sur la mise en place d’une cellule de suivi marché, ou encore la création des premières rencontres acheteurs.

 

Quelles tendances pour la saison 2024 ?

L’association nationale évoque une campagne qui se dirige vers une production « dans la fourchette moyenne-basse » comme l’évoque Joël Boyer. 80 % du potentiel normal de production serait disponible. Mais la situation peut s’améliorer si les conditions météo deviennent plus favorables.

Côté communication, la filière entend poursuivre son rapprochement avec le consommateur et axer son discours sur les thématiques environnementales.

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