Jeudi 23 novembre, la station d’expérimentation La Pugère organisait à Mallemort dans les Bouches-du-Rhône une journée régionale poire. Un état des lieux de la filière, notamment en région Paca, a été présenté avec tout d’abord un point sur la situation économique dans l’Hexagone.
"Une poire sur deux consommée en France est importée. Il nous manque 100 000 tonnes de production pour être autosuffisants", a indiqué Vincent Guérin, responsable des affaires économiques de l’ANPP. En 20 ans, le verger français a en effet fortement décliné mais aussi vieilli. Néanmoins, certains indicateurs laissent espérer de meilleures perspectives à l’avenir. "Nous avons 100 000 tonnes à reconquérir", a-t-il lancé aux acteurs de la filière présents.
Ce ne sont pas les données de la fédération régionale, Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui viendront contredire ce regain d’intérêt pour la poire. Entre 2015 et 2018, les surfaces de vergers de poiriers bio devraient doubler en Paca, pour atteindre environ 800 ha. "Il y a un boulevard pour les variétés d’automne/hiver qui sont très demandées sur tous les circuits et pour lesquelles les opérateurs sont complètement en pénurie", a souligné Anne-Laure Dossin, chargée de mission à Bio Provence.
Deux épées de Damoclès en arboriculture bio
Dans ce contexte, où certains producteurs se convertissent en bio, Gilles Libourel, référent en arboriculture bio au Grab, a fait le point sur les ravageurs et maladies qui peuvent poser problème et sur les stratégies à adopter. Selon lui, les deux "épées de Damoclès pour les producteurs de poiriers bio" sont deux coléoptères : l’anthonome et l’agrile du poirier. Il a notamment appelé à la vigilance face aux carpocapses et à la tavelure du poirier.
Cette maladie cryptogamique reste un problème important pour l’ensemble de la filière. Dans le cadre du réseau fermes pépins suivi par le GRCeta de Basse-Durance, Pascal Borioli, son directeur, a fait le bilan des IFT poiriers sur la période 2010-2017 et a notamment fait observer qu’entre 2015 et 2017, en PFI, "la tavelure représente une grosse part des interventions en fongicides".
Cette maladie, spécifique au poirier, a fait l’objet de plusieurs études depuis dix ans. Myriam Bérud, responsable du programme "Protection du verger" à La Pugère, a ainsi présenté certaines stratégies de protection qui présentent un intérêt, comme l’utilisation de cuivre à faible dose et de soufre en agriculture biologique ou l’association de certains produits phytosanitaires en conventionnel.
Baisse des IFT en trente ans
Sur ce sujet controversé et médiatisé des produits phytosanitaires, Vincent Ricaud, conseiller à la chambre d’agriculture de Vaucluse, s’est quant à lui plongé dans les archives pour montrer les efforts réalisés par la profession depuis 30 ans pour diminuer les IFT. Le bilan dans le secteur de la Basse-Durance est positif puisqu’entre 1987 et 2017, les IFT pour lutter contre le carpocapse et le psylle du poirier ont reculé d’une fourchette allant de 9-14 à 0-3.
Pour la filière, si la baisse des IFT est un enjeu majeur, notamment dans le cadre des vergers éco-responsables de l’ANPP, celui de la recherche variétale l’est tout autant pour redynamiser la filière, et ce d’autant plus, comme le souligne Vincent Guérin, que "la diversité variétale est faible". Outre la présentation des nouvelles variétés étudiées à La Pugère, Bernard Florens, responsable du programme "Matériel végétal et conduite" dans la station, a également fait un point sur les essais menés avec les récentes matières actives autorisées pour l’éclaircissage chimique. "C’est une technique à s’approprier avec précaution et qui doit être encore affinée", a-t-il conclu.
Enfin, en aval de la filière, la thématique de la conservation et l’affinage a été abordée par Vincent Mathieu-Hurtiger du CTIFL de Saint-Rémy de Provence. Pouvoir stocker sur une longue durée les poires est un sujet stratégique majeur pour toute la filière.