Sur un péage à Cahors, la colère des agriculteurs n'en finit pas de monter

Nicolas Roux est producteur de melons et céréalier. Avec 150 autres agriculteurs, il s’est posté à Cahors sur son tracteur, bloquant la sortie sud de l’autoroute. Comme toutes les filières agricoles en France, il fait part de son désarroi.

Manifestation des agriculteurs à Cahors le 23 janvier 2024

Le tracteur de Nicolas Roux fait passer les messages sur le rond point bloqué de l'autoroute.

© Nicolas Roux

Pour lui, le premier point d’achoppement porte sur les accords de libre-échange : « Nous produisons avec des règles différentes des autres pays, qui, eux, entrent en concurrence déloyale. La loi Egalim prévoyait d'étendre les échanges avec la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas possible, ils n’ont pas les mêmes obligations que nous », s’écrie Nicolas Roux.

« Arrivera-t-on à vivre encore longtemps comme cela ? »

Cette année, avec ses 50 ha (46 en céréales et 4 en melon), il pense n’avoir même pas couvert ses charges. « Si les taxes sur le GNR augmentent, si les charges augmentent et que les prix baissent chaque année, ça ne marche pas. Arrivera-t-on à vivre encore longtemps comme cela ? »

Au volant de son tracteur, Nicolas Roux explique ses investissements : « J’ai acheté un semoir parce qu’il y avait une aide de 40%, mais cette aide, je l’attends depuis un an. Et maintenant, je dois rembourser la banque. Il faut comprendre que ce n’est pas parce qu’on a de gros tracteurs qu’on gagne de l’argent : nous sommes obligés d’investir pour diminuer les charges de MSA. »

Donner des aides pour répondre aux contraintes

Critique, Nicolas Roux l’est aussi vis-à-vis de la PAC qui verse pourtant 9,5 milliards à l’agriculture française : « Le système change tout le temps. À Bruxelles, ils sont obligés de donner des aides pour répondre aux contraintes. C’est comme pour les élèves à l’école : par un système de points. Si on a les points, on a les primes. Mais celles-ci baissent chaque année. »

Il est un des initiateurs du mouvement « On marche sur la tête », qui a renversé les panneaux à l’entrée des villes. L'agriculteur cite un exemple d’incohérence : « Nous produisons des veaux qui sont engraissés en Italie et qui reviennent en France après ».

Malgré la mobilisation qui s’étend, malgré un mouvement européen, il a le sentiment que rien ne change. « Si les politiques prenaient vraiment le problème au sérieux, on n’en serait pas là. »

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