Un nouveau collectif demande l’interdiction des pesticides

Le collectif "Nous voulons des coquelicots" demande l'interdiction des pesticides de synthèse, "Pas demain. Maintenant". Photo : Nous voulons des coquelicots
Le collectif Nous voulons des coquelicots a lancé le 12 septembre un appel pour faire interdire tous les pesticides de synthèse. Relayé par un numéro spécial de Charlie Hebdo, l’appel fait mouche. Et les agriculteurs se défendent, avec leurs petits moyens.
 
« Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et dans l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveaux-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et dans les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. » C’est ainsi que démarre « l’Appel des 100 ». 100 personnes connues ou anonymes – des journalistes, des artistes, des scientifiques, des agriculteurs aussi – des ONG (Générations futures, Greenpeace…) et des associations diverses, réunies au sein d’une association présidée par le journaliste de Charlie Hebdo, Fabrice Nicolino. L’appel est relayé dans un numéro « spécial pesticides » publié le 12 septembre. Plusieurs membres de la rédaction du journal satirique ont confié un échantillon de leurs cheveux à un laboratoire d’analyses et les résultats ont confirmé la présence de 34 à 50 pesticides différents.
 

Le coquelicot comme symbole

L’objectif du mouvement : faire interdire tous les pesticides de synthèse en France. « Pas demain. Maintenant ». « Cette bagarre qui commence aura son emblème », explique Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo : une cocarde en forme de coquelicot, que chaque partisan pourra arborer en signe de ralliement. Pendant 2 ans, le collectif souhaite organiser des rencontres chaque mois, « le même jour et à la même heure, sur les places des villes et des villages ». Le mouvement espère « 10 personnes la première fois et 1 million ou plus à la fin ». En moins d’une demi-journée, plus de 10000 personnes avaient déjà signé l’appel sur Internet (nousvoulonsdescoquelicots.org).
« Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. [...] Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! », demandent les signataires.
 

La réponse des agriculteurs sur Twitter

De leur côté, les agriculteurs déplorent la médiatisation de ce mouvement tandis que leur parole manque de relais. Sur Twitter, ils ont ainsi lancé leur hashtag : #mescoquelicots pour rappeler d’abord, photo à l’appui, que non, les coquelicots n’ont pas disparu du paysage, mais que pour les voir, il faut sortir des villes... Les agriculteurs twittos rappellent également que, aussi joli soit-il, le coquelicot est une mauvaise herbe… Certains font même remarquer : « Bizarre ! J’ai des coquelicots dans mes champs alors que j’utilise des pesticides ! ».
 

L’économie est partout

Interdire les pesticides est une revendication qui peut s’entendre. Au fond, personne n’a vraiment envie d’utiliser des produits dangereux, surtout pas les agriculteurs qui sont en première ligne… Il faudrait cependant que les signataires aillent plus loin dans leur démarche et qu’ils proposent des solutions aux agriculteurs pour produire sans pesticides tout en étant rentable. Car les agriculteurs ne sont pas des jardiniers du dimanche, ils doivent vivre de leur travail… Le problème qui se pose devient alors bien plus compliqué !
Fabrice Nicolino et Charlie Hebdo dénoncent – à tort ou à raison, là n’est pas la question – les lobbies des pesticides qui craignent pour leurs profits. Mais il est à noter toutefois que le jour du lancement de l’appel, Fabrice Nicolino sort un livre intitulé Nous voulons des coquelicots – Stop aux Pesticides. Publié aux éditions LLL (Les liens qui Libèrent – Acte sud), l’ouvrage de 112 pages est disponible au prix de 7,50 €… La promotion est assurée !