
Suite à la consultation du Gouvernement, 3.500 viticuteurs ont déclaré vouloir arracher une partie de leurs vignes.
© Adrien Roussel - stock.adobe.comD'après les premiers résultats de la consultation sur les intentions d'arrachage, entre 20.000 et 25.000 hectares de vignes pourraient être rapidement arrachés si l'État consent, en échange, à aider financièrement les producteurs concernés.
Dans le détail, un tiers des surfaces seraient orientées vers un arrachage temporaire. Une autorisation de replantation pourrait être octroyée après une période de 4 ans.
Pour les quelque 15.000 autres hectares restants, les viticulteurs ayant répondu à l'enquête gouvernementale opteraient pour un arrachage définitif. « La moitié des producteurs qui s'est positionnée sur cette option souhaite aussi arrêter son atelier viticole », a précisé Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs de France, à l'occasion du congrès annuel de la fédération.
10 % de participation
« Ces enseignements doivent être analysés avec précaution », souligne l'élu de la CCVF. 10 % des viticulteurs français se sont exprimés. « 5.000 viticulteurs ont participé. Sur ce panel, 1.500 ont déclaré ne pas vouloir arracher. Avec cette faible participation, il est difficile de se projeter. Néanmoins, au sein de la CCVF, nous sensibilisons dès à présent toutes les coopératives membres. Elles doivent se préparer à perdre 10 à 15 % de leur surface. On évoque localement - 30 % sur certains secteurs du Bordelais. »
« Les difficultés commerciales touchent tous les secteurs, à plus ou moins grande échelle. Les caves en difficultés financières doivent se rapprocher de leur fédération. Il existe des solutions pour éviter de tomber sous le coup de la loi sur la faillite », indique le président, qui évoque en filigrane la situation de la cave de Buzet.
La coopérative située dans le Lot-et-Garonne est engagée dans une procédure de sauvegarde. « En cinq ans, l’endettement est passé de 4 à 36 millions d’euros. C’est 130 % du chiffre d’affaires de la cave, qui est de 26 millions d’euros », expliquait l'avocat de la structure dans un article de La Dépêche du Midi.
Cap Leucate pourrait perdre 30 % des vignes d'ici 5 ans
« À quatre mois des vendanges 2024, nous avons encore en stock une demi-récolte. La situation économique est difficile tout comme celles de nos principaux metteurs en marché, introduit Lilian Copovi, président de la cave coopérative de Cap Leucate dans l'Aude. Nous avons questionné les viticulteurs sur leur trajectoire d'entreprise pour les années à venir. J'estime que l'on va perdre 30% de nos surfaces d'ici 5 ans. On passerait alors de 1.200 à 800 hectares. Des vignerons vont partir à la retraite sans repreneur, d'autres en activité diminuent les surfaces exploitées et, depuis deux ans, nous n'avons eu aucune installation. »
Les vignes les moins productives disparaîtront en premier estime Lilian Copovi. « On se restructure à partir de ces données. De la place se libère dans les chais. On va pouvoir envisager des prestations œnologiques très qualitatives à des prix compétitifs. Pourquoi pas des cuvaisons longues avec des vinifications traditionnelles en rouge ? Il y a encore de la demande sur ce type de profils s'ils sont bien faits. On doit se diversifier sur des produits à plus haute valeur ajoutée pour améliorer l'amortissement de nos outils. »