La lutte agronomique contre les adventices demande des connaissances pointues pour que chaque choix technique ait une efficacité sur la réduction du risque d’apparition de celles-ci dans la culture de rente. Cela est d’autant plus ardu que le nombre d’espèces adventices à contrôler en même temps est important.
Simon Vandrisse, ingénieur au sein d’Agro-Transfert RT, ne cite qu’un seul exemple: "L’efficacité d’un faux-semis peut varier de 20 à 80% selon les conditions de sa réalisation. S’il s’agit d’un travail du sol grossier avec un outil à dents sans rappui du sol derrière, l’efficacité ne dépasse guère 20 à 25%. Au contraire, si l’outil de travail du sol permet un travail superficiel générant de la terre fine et un rappui efficace juste derrière en bonnes conditions, l’efficacité peut dépasser les 80%."
De la simplicité pour qu’OdERA soit utilisé
Si l’outil d’aide à la décision OdERA récemment mis à jour par Agro-Transfert RT et ses partenaires n’a pas prétention à aller jusqu’à ce niveau de détail, il est un outil stratégique pour construire un système de culture qui induise une baisse du risque d’apparition des adventices dans les parcelles. Pour ce faire, OdERA prend notamment en compte deux critères: la biologie des adventices et les pratiques culturales.
La nature du sol n’a pas été prise en compte dans l’OAD pour deux raisons principales, évoque Simon Vandrisse: "Nous avons exclu ce critère pour simplifier l’outil et le rendre accessible au plus grand nombre. En l’état, il faut compter une dizaine de minutes pour saisir les informations nécessaires pour une parcelle. La seconde raison est technique: la nature du sol est moins importante que les pratiques de l’agriculteur dans le risque d’apparition des adventices dans une parcelle, et il est plus difficile de la faire évoluer."
Pour que l’outil soit simple d’utilisation, ses créateurs ont opté pour une saisie des informations par décade. C’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de connaître la date exacte d’une intervention dans une parcelle pour compléter les informations nécessaires au bon fonctionnement de l’outil, mais simplement de savoir si elle a été réalisée en début, milieu ou fin de mois.
Une note de risque adventices initiale à améliorer par des scénarios
Pour qu’OdERA puisse calculer la note de risque d’apparition des adventices, il est nécessaire de compléter la succession culturale de la parcelle ainsi que les interventions mécaniques effectuées. Les interventions chimiques de désherbage n’interviennent pas dans le calcul de la note, sauf si elles sont couplées à du désherbage mécanique. Auquel cas, les renseigner permet à l’outil de prendre en compte le décalage de développement de la flore adventice et d’évaluer si l’intervention mécanique est effectuée au bon stade des adventices. Le désherbage chimique agit en compensation des manquements ou non-possibilités de mise en place précoce de la stratégie mécanique. Et il ne doit être pris en compte que si son efficacité est bonne.
L’objectif d’OdERA est de participer à la réduction des IFT des exploitations agricoles. Pour ce faire, la note initiale n’est qu’une étape dans l’utilisation de cet OAD. En effet, il est possible, dans la version expert, de concevoir une nouvelle approche des itinéraires techniques des cultures au sein de l’outil. C’est à l’agriculteur de s’en charger, OdERA de son côté calculera ensuite la note de risque adventices des scénarios imaginés. Si la note est meilleure, il revient à l’agriculteur de tenter de mettre en œuvre les pratiques renseignées réellement dans les parcelles.
La courbe de levée des adventices: une grande aide pour positionner les interventions
L’un des principaux points forts de l’OAD OdERA est de proposer une courbe de levée de chacune des principales adventices. Si ces courbes ont été validées pour les Hauts-de-France, Simon Vandrisse estime qu’elles peuvent être utilisées pour tout agriculteur dont les parcelles se situent au nord de la Loire. Ces courbes ont l’énorme avantage de positionner facilement les interventions mécaniques qui impactent le plus le risque de levée des adventices: le faux-semis et le semis.
Pour Simon Vandrisse, "idéalement, il faut positionner un faux-semis durant la décade qui correspond au(x) sommet(s) de la courbe de levée des adventices considérées. C’est mettre toutes les chances de son côté, que de faire lever un maximum de graines indésirables. Au contraire, pour le semis, il est préférable d’attendre d’être dans un «creux» de la courbe de levée. Le calcul de l’impact d’un semis sur le risque de levée des adventices prend en compte les 5 décades qui suivent le semis. De fait, mieux vaut semer juste à la fin d’un pic de levée, le semis permettant alors de détruire les nombreuses levées générées par le faux-semis effectué au plus haut de la courbe".
Si chaque adventice à sa propre courbe, il peut être difficile de combiner la lutte contre différentes adventices en même temps. Cependant, s’y essayer, c’est prendre le risque de diminuer l’impact des adventices sur un système de culture et donc de réduire l’IFT à terme.