
Dans le cadre de ce prototype, de nombreux capteurs agronomiques sont installés afin de mieux comprendre l’impact de la canopée sur la parcelle agricole.
© M. Lecourtier/Média&AgricultureSi 3 ha sont recouverts par une canopée agrivoltaïque, la parcelle agricole est plus vaste ; le reste de la surface servant de témoin aux essais agronomiques menés sous la canopée agrivoltaïque.
Il a d’ailleurs été convenu entre toutes les parties de mener des « essais simples » sur l’ensemble du dispositif, comme le présente Jean-François Cortot, l’un des quatre associés de la SCEA des Tours dont le siège se situe à Asnières-en-Montagne (Côte-d’Or) : « Chaque campagne, une seule culture sera implantée dans cette parcelle. Chaque année, deux variétés seront implantées et chacune recevra deux modalités différentes de fumure. »
Des semis de légumineuses sous couvert
C’était en tout cas le postulat de départ. Afin de mettre en évidence l’intérêt de la canopée sur une potentielle meilleure efficacité des plantes sous les panneaux, les agriculteurs ont proposé de réaliser des semis de légumineuses sous couvert dans chacune des modalités dès que la culture en place le permet, comme cela se fait souvent en agriculture biologique.
Avec ce dispositif, il sera possible d’observer l’effet de la canopée sur la production de biomasse estivale. Jean-François Cortot n’a pas beaucoup de doutes sur le résultat : « TSE ayant une vision agronomique de ses projets agrivoltaïques [c’est-à-dire des panneaux orientés verticalement pour laisser passer l’eau quand il pleut et qui suivent le soleil quand il fait beau, NDLR], il y a de fortes chances que l’ombre des panneaux en été provoque un différentiel de température et, donc, une différence d’évapotranspiration significative en faveur des plantes sous la canopée. De telle sorte que la production de biomasse sous les panneaux sera plus importante. »
« Cela permettra naturellement un retour au sol plus important de matière organique et induira une augmentation plus rapide du taux de matière organique de la terre, et ainsi un meilleur potentiel agronomique de la parcelle », poursuit-il. En quelque sorte, la canopée agrivoltaïque agit comme un intensificateur de production de biomasse et donc de matière organique.
Un différentiel de couleur et de hauteur visible sur le blé
Jean-François Cortot conçoit que cette année 2024 n’est sans doute pas la meilleure pour mettre en avant l’intérêt de la canopée de TSE contre les températures extrêmes et la sécheresse de l’été. Toutefois, durant la première campagne, pour laquelle un blé a été semé, l’agriculteur a observé tout au long du cycle de la culture un différentiel de couleur et de hauteur entre les modalités placées sous la canopée et celles en dehors.
« Ce différentiel peut s’expliquer par un écart de température qui existe entre les deux environnements : plus chaud sous la canopée et plus froid en dehors, compte tenu du contexte de l’année. Cet écart de température peut directement expliquer des plantes plus vigoureuses, donc plus hautes et plus vertes, ou indirectement une minéralisation plus importante des éléments du sol en faveur d’un meilleur développement des plantes. »
Quoi qu’il en soit, ces observations ne préjugent en rien du résultat final, dont le verdict sera connu à la moisson.
Foins : valoriser les légumineuses implantées pour la fertilité des sols
Les légumineuses et les mélanges prairiaux implantés pour trois ou quatre ans représentent 250 ha pour la SCEA des Tours. Ils ont pour missions de nettoyer le sol des adventices et de lui apporter de la fertilité. Absolument nécessaires en agriculture biologique, pour maintenir les performances des autres cultures de la rotation, il est parfois difficile de les valoriser dans un système céréalier.
La SCEA des Tours, qui ne les valorise pas directement en interne, les vend à l’extérieur. Pour assurer les débouchés, choix a été fait de s’orienter vers du foin de qualité. Dès lors, les associés ont investi dans un séchoir à balle cubique. Le fourrage est ainsi récolté entre 30 et 35 % d’humidité et les balles sont séchées dans les 24 heures qui suivent. Le processus de séchage dure entre huit et dix heures. L’objectif du pressage humide est de conserver la totalité des feuilles des légumineuses pour proposer un fourrage riche aux clients. En règle générale, le fourrage ne passe pas plus de deux nuits dehors après la fauche pour éviter qu’il jaunisse. Et les interventions effectuées le sont quand l’humidité est la plus forte, afin, toujours, d’éviter la perte de feuilles. Ce sont ainsi près de 1 500 tonnes de foin qui sont pressées, séchées et expédiées en France et partout en Europe. Les clients sont avant tout des producteurs laitiers, que ce soit de brebis, de vaches ou de chèvres. « En France, notre foin est principalement expédié dans les zones AOP, situe Jean-François Cortot. Nous expédions aussi du foin en Suisse, Italie, Pays-Bas et en Espagne. »
Comme l’activité de séchage de foin se répartit principalement sur les mois d’été, les associés ont ajouté, en 2017, sept cases de séchage à plat. Objectif : valoriser le séchoir lors des récoltes d’automne par le séchage de tournesol et de maïs en prestation de services auprès des agriculteurs ou des organismes stockeurs du secteur.
Les balles cubiques sont séchées pendant 8 à 10 heures jusqu’à ce que les sondes ne détectent plus d’humidité dans le fourrage.
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