Limagrain se lance dans l’agriculture verticale avec Vif Systems

Le groupe coopératif Limagrain a concrétisé un partenariat avec la société Vif Systems, start-up spécialiste dans l’équipement des fermes verticales. L’objectif : apporter des revenus complémentaires aux agriculteurs.

Vif systems container

Limagrain et Vif systems espèrent développer cette filière, et faire du Puy-de-Dôme un département pilote.

© Photo : Vif Systems

Limagrain a décidé de s’investir dans une nouvelle filière : la production verticale, en environnement contrôlé. Le groupe coopératif a en effet officialisé début octobre, à l’occasion du Sommet de l’élevage, son entrée au capital de la société Vif Systems, à hauteur de 25 %. Cela concrétise un partenariat démarré en 2022 avec cette start-up, fondée en 2021, spécialisée dans l’équipement de fermes verticales.

L’idée : apporter des revenus complémentaires aux agriculteurs, grâce à des productions de micro-pousses ou de jeunes plants en conteneur. La production est destinée principalement au marché de la restauration.

Une emprise foncière limitée

« En plaine de la Limagne, la pression foncière est importante, et installer des jeunes peut s’avérer compliqué », explique Vincent Tardif, directeur stratégie et développement nouvelles filières chez Limagrain. La production en conteneur s’affranchit de cette problématique foncière, puisqu’ils ne demandent qu’une emprise au sol limitée : 6 x 2,43 m pour celui de 20 pieds, 12 x 2,44 m pour celui de 40 pieds. « Nous nous affranchissons également des conditions climatiques, car l’environnement est totalement contrôlé », indique Vincent Tardif. En effet, dans les conteneurs, équipés d’un groupe frigorifique et de led conçues par Vif Systems, température, humidité et éclairage peuvent être adaptés aux besoins des plantes.

Selon les plantes et les débouchés, les cycles de production varient entre une et trois semaines. L’irrigation se fait par bassinage, et des éléments fertilisants peuvent être intégrés par fertirrigation. « 80 % de l’eau est recyclée car nous fonctionnons en circuit fermé, les 20 % restants correspondent à l’eau contenue dans les plantes », affirme Frédéric Jamet, associé fondateur de Vif Systems.

Les cycles de production étant courts, plusieurs peuvent se succéder dans l’année. Toutefois, entre chaque cycle, il faut respecter un vide sanitaire et nettoyer le conteneur. « C’était assez chronophage au début, maintenant nous avons pris le coup », explique Éric Alexandre, céréalier dans la plaine de la Limagne et investi dans le projet de production de micro-pousses en conteneur.

Pionnier de la démarche, il participe à la recherche et au développement du projet et échange régulièrement avec les ingénieurs de Limagrain et Vif Systems. Ensemble, ils améliorent les itinéraires techniques, qu’ils partageront aux autres agriculteurs équipés d’un conteneur.

Un projet co-construit

« Nous voulions intégrer les agriculteurs à la conception du projet, le construire ensemble », raconte Vincent Tardif. « Je trouve cela très enrichissant. Il faut dire que j’apprécie de tester de nouvelles choses, de sortir de ma zone de confort », ajoute Éric Alexandre, qui se dit agréablement surpris par le goût des micro-pousses, très aromatiques.

Alors, tous les jours, il suit l’état et les paramètres des cultures dans le conteneur, équipé de surchaussure et d’un masque. « Il faut passer les voir tous les jours, ce sont comme des bébés », explique l’agriculteur.

Pour l’aider, il peut compter sur son fils, dont l’installation a été confortée par la production en conteneur. En effet, Vif Systems et Limagrain annoncent un investissement de moins de 100.000 € pour un conteneur de 20 pieds. Les micro-pousses sont rachetées par Vif Systems, qui s’occupe de la commercialisation vers les clients finaux. Les barquettes sont vendues entre 2,5 et 3 € et il est possible de produire 1.728 barquettes par cycle, d’environ 14 jours.

Un Smic par mois

« L’idée est d’assurer une rémunération fixe aux agriculteurs, à hauteur d’au minimum un Smic par mois », affirment Vincent Tardif et Frédéric Jamet.

Dans les conteneurs, une cinquantaine de plantes aromatiques peuvent déjà être produites (plusieurs basilics, de la roquette, du cresson, de la coriandre, du shiso…). « Techniquement, nous pouvons tout produire dans ce type d’environnement. La question est : à quel coût ? » affirme Frédéric Jamet, qui estime que, dans les territoires d’Outre-Mer, les conteneurs pourraient offrir une solution pour la production de salades.

Pour les semences, Limagrain s’appuie sur sa filiale Vilmorin. « Pour les espèces dont nous ne disposons pas, nous essayons de trouver des fournisseurs qui respectent nos standards », ajoute Vincent Tardif.

Et si les cinquante plantes ne peuvent pas être produites dans le même conteneur, il n’est toutefois pas nécessaire de disposer de cinquante conteneurs. En effet, les concepteurs du projet ont réparti les plantes en cinq grandes familles, ayant des besoins similaires.

À ce jour, quatre conteneurs sont installés dans des fermes du Puy-de-Dôme. « Le projet est en phase pré-industrielle, nous réalisons un processus d’amélioration continue », estime Frédéric Jamet. D’ici la fin de l’année 2024, quinze conteneurs devraient voir le jour. Limagrain et Vif Systems espèrent développer cette filière et faire du Puy-de-Dôme un département pilote. En effet, bien que cette production s’adresse à un marché de niche, ils estiment qu’il existe encore un fort potentiel de développement.