Pêches-nectarines : une production européenne en légère hausse

En l’absence d’incident climatique majeur, la production européenne de pêches et nectarines est attendue en hausse de 5 % par rapport à l’an passé. Tour d’horizon des principaux producteurs européens.

Hand with nectarine. At the Grocery Store. Choosing a nektarine.

L'emballage plastique bientôt de retour dans les rayons ? « Une forte probabilité existe » selon le président de l’AOP Pêches et Abricots de France, Bruno Darnaud.

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Quelques semaines après l’annonce des prévisions de récoltes européennes d’abricot lors du Salon Medfel, celles pour les pêches et les nectarines ont été dévoilées ce 21 mai. Elles se situent pour 2024 à 2,7 millions de tonnes de pêches, nectarines et de pêches plates, soit une hausse de 5 % par rapport à 2023 et de 10 % par rapport à la moyenne 2018/2022.

Pour les pêches pavies, avec une prévision européenne de 715.000 tonnes, la récolte est attendue 1 % au-dessus de 2023 et 4 % en dessous de la moyenne 2018/2022.

Aucun accident climatique majeur n’est à signaler dans les différents bassins de production européens, les épisodes de gel ou de grêle ont pour le moment été très limités. De plus, même si la sécheresse est toujours d’actualité en Catalogne et en Roussillon, les pluies du printemps devraient permettre de garantir les volumes d’eau suffisants pour irriguer les vergers tout au long de l’été.

Grèce : les producteurs boudent la pêche

Avec près de 370.000 tonnes de pêches et de nectarines, la production grecque devrait se situer cette année 8 % au-dessus de la production 2023 et 23 % au-dessus de la moyenne 2018/2022, période qui avait été marquée par des sinistres climatiques. Pour les pavies, la production devrait être équivalente à 2023, autour des 345.000 tonnes, soit équivalente à 2023.

Au cours des dernières années, le pays constate également une diminution des superficies cultivées de pêches, en raison des mauvais résultats économiques et d'une réorientation vers les cerises, kiwis et, de manière plus limitée, les abricots. En revanche, les superficies cultivées de nectarines ont augmenté sensiblement les dernières années.

Le verger italien poursuit son recul

Le potentiel de production italien devrait s’exprimer normalement, avec un volume attendu au-dessus des 900.000 tonnes de pêches et de nectarines, soit une hausse de 11 % par rapport à 2023.

La production devrait se redresser, notamment dans les régions du centre et du nord de l'Italie, où l'année 2023 a été particulièrement pénalisée par le gel, tandis que dans le sud, les quantités pourraient être supérieures, mais seulement légèrement, à la bonne année 2023.

L'offre 2024 pourrait cependant être inférieure à 2022, dernière année « normale ». En cause : la diminution du verger (- 4 % par rapport à 2023, - 7 % par rapport à 2022), plus marquée pour les pêches, notamment dans le nord.

Les conséquences de la sécheresse 2023 se font sentir en Espagne

Avec un peu moins de 1,2 million de tonnes de pêches, nectarines et pêches plates, la production espagnole en 2024 devrait être inférieure de 1 % à la production 2023 et supérieure de 14 % à la moyenne 2018/2022. Pour les pavies, la production sera légèrement supérieure à 300.000 tonnes, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023.

À noter que dans les régions de production plus tardives (Aragon et Catalogne), le stress hydrique lié à la sécheresse et aux températures élevées de 2023 a affecté la production de cette année, avec de légères baisses attendues. La floraison a été bonne, mais la nouaison a été parfois insuffisante dans certaines zones.

Toujours un bon taux de renouvellement pour le verger français

La production française de pêches et de nectarines devrait se situer autour de 230.000 tonnes, soit 5 % au-dessus de 2023 et être de 22 % supérieure à la moyenne 2018/2022, soit un potentiel intégral, sauf si des accidents climatiques viennent perturber la récolte.

« La production française de pêches-nectarines s’est stabilisée depuis 4 ou 5 ans, grâce au niveau élevé des plantations, dont le taux de renouvellement est proche de 8 % » souligne le président de l’AOP Pêches et Abricots de France, Bruno Darnaud.

Dans ce contexte, il espère que la météo, notamment en début de saison, sera plus favorable à la consommation. L’an passé, il a fallu attendre le 20 juillet pour assister à l’installation d’une consommation satisfaisante.

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Vers un retour de l’emballage plastique ?

Mais alors que les premières pêches françaises vont entrer début juin en station de conditionnement, la question de l’emballage pèse sur la filière. Depuis le 1er janvier 2024, la loi Agec interdit l’utilisation du plastique pour les emballages en dessous d’1,5 kg en rayon.

« Nous ne sommes pas à l’abri que le conseil d’État donne raison aux producteurs de plastiques qui ont déposé un recours pour demander l’interdiction du décret d’application, explique Bruno Darnaud. Il y a de fortes chances pour que ce décret soit annulé mais nous n’avons aucune idée de quand cela pourrait intervenir. Dans un contexte politique fort avec les prochaines élections européennes, il est fort probable que la décision intervienne après le 9 juin alors que la saison aura débuté. »

Ce dernier précise que les producteurs de pêches et nectarines respectent à ce jour la loi mais, dans ce contexte d’incertitude, que tous n’ont pas acheté tout le matériel pour l’ensemble de la saison. Il rappelle également que la filière ne dispose pas de toutes les solutions techniques ni économiques pour répondre à cette interdiction du plastique.

Selon lui, « les distributeurs n’auront pas d’états d’âme pour revenir au plastique en cas d’annulation du décret et ce, pour des raisons économiques. Le premier prix, qui est en effet souvent vendu en barquette, et les alternatives au plastique sont aujourd’hui plus coûteuses ».

Rappelons que la France a pris les devants sur cette thématique alors que le texte européen ne rentrera en application qu’en 2030, comme le regrette Bruno Darnaud : « On sollicite un règlement européen qui s’applique à tous les pays membres en même temps. »

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