« Localement, il n’y a rien à récolter. Des vignerons audois ont renoncé à vendanger. Les rendements cette année tournent autour de 400 à 800 kg/ha. Nos vignes soufrent, encore du gel de 2021 et des sécheresses successives », se désespère Frédéric Rouanet, président du syndicat des Vignerons de l’Aude.
« Le vignoble se meurt dans l’indifférence générale des élus, nous déplorons l'absence de réaction des pouvoirs publics, continue le vigneron audois. Pourtant, nous avons des propositions. »
Parmi celles-ci :
- un fonds d'urgence de 20 millions d'euros, non adossé aux minimis, pour le seul département de l’Aude, « afin de renflouer les trésoreries exsangues après tant d'années de crise » ;
- une enveloppe MSA de 3,6 millions d’euros « pour permettre la prise en charge des cotisations sociales » ;
- une exonération totale de la TFNB pour tout l’arc méditerranéen.
Le vignoble se meurt dans l’indifférence générale des élus.
Un accès à l'eau sans attendre
Sur le plus long terme, les professionnels de la production demandent des solutions pour compenser « le handicap naturel lié à la sécheresse ». Le système de calcul des indemnisations par les assurances est ainsi visé. « Il faut réformer la moyenne olympique. Nous enchaînons les millésimes sans volumes », enchaîne Frédéric Rouanet qui demande en parallèle de faciliter l’accès à l’eau pour les viticulteurs à l’écart des projets d’extension du réseau hydraulique régional géré par BRL.
« Sur le terrain, les dossiers pour créer des ASA d’irrigants et des retenues se multiplient. On paie des études longues et onéreuses pour être dans le cadre réglementaire mais il ne se passe rien. Il y a toujours un blocage. Et on attend. Mais on ne peut plus attendre. Nous demandons à l’État de tenir ses engagements pour autoriser les projets de stockage d’eau, avec un financement dédié à l’Aude. »
Autre demande : que les vignerons audois puissent bénéficier de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) , une aide qui vient soutenir les agriculteurs installés dans des territoires où les conditions de productions sont plus difficiles qu’ailleurs, du fait de contraintes naturelles ou spécifiques. Actuellement dirigé vers les territoires de montagne, le syndicat des vignerons de l’Aude demande à un élargissement du périmètre de l’ICHN vers les zones défavorisées sèches.
Les aides à l'arrachage jugées insuffisantes
« Avec la situation décrite et le prix du vrac de vin proposés par le négoce, au plus bas depuis 25 ans, nous allons perdre des vignerons. La très faible récolte en cours a découragé des viticulteurs qui ne comptaient pas arracher il y 6 mois. Je parle de vignerons proches de la retraite mais aussi de jeunes installés. Le Gouvernement propose un maximum de 4.000 euros par hectare pour arracher et renoncer définitivement à notre vignoble. C’est trop peu. Réaliser un arrachage coûte 2.000 euros/ha. Que représente les 2.000 euros restant face à la perte de chiffre d’affaires et de patrimoine ? »
La très faible récolte en cours a découragé des viticulteurs qui ne comptaient pas arracher il y a 6 mois.
« Si l’enveloppe est insuffisante, on ira en chercher plus. Nous ne laisserons pas le vignoble mourir sans rien faire », promet le président du syndicat des vignerons de l’Aude.
NDLR. Dans l’Aude, le prix des vignes varie actuellement entre 8.000 et 14.000 euros. Le prix des terres agricoles oscille entre 4.000 et 6.000 euros. D’après la Safer Occitanie, le prix des terres non irrigué dans l’Aude baisse, conséquence d’une offre supérieure à la demande.
>>> À lire aussi pour mieux comprendre la situation du languedoc-Roussillon :
Trois retenues hivernales en projet pour pérenniser des vignes dans l’Hérault
« Notre problème n°1 n’est pas la sécheresse, c’est la sous-commercialisation »