5 juin : la Journée mondiale de l’environnement au chevet des sols
Ce 5 juin a lieu la Journée mondiale de l’environnement organisée par le Programme des Nations unies pour l’environnement. Son thème pour 2024 ? La restauration des terres, la désertification et la résistance à la sécheresse. Elle déploie son slogan « Nos terres. Notre avenir. Nous sommes la #GénérationRestauration ».
« La désertification ne signifie pas que le Languedoc va se couvrir de cactus. C’est un phénomène de perte de fertilité défini par la science agronomique », nous confiait récemment Matthieu Dubernet, à la tête du laboratoire d’œnologie éponyme.
Cet agronome veut contrer la tendance à la désertification qu’il constate sur la base des analyses : « Nous voyons un décrochage violent des paramètres physico-chimiques des sols. […] Plus le climat se réchauffe, plus la minéralisation du carbone est active et plus le taux de matière organique diminue.[…] Ce constat est dur, mais tout n’est pas fatalité. À chaque fois que l’on remet de la matière organique dans le sol, on voit des améliorations. La réaction est rapide et forte. »
Matthieu Dubernet évoque la clé stratégique qu’est la matière organique pour la vie du sol. Plus largement, l’ensemble du vivant est interconnecté, à l’image du concept One Health. La santé d’un sol se définit actuellement comme sa capacité à fonctionner comme un système vivant. En agriculture, la santé d’un sol va être liée à la quantité et à la qualité des organismes vivants qu’il contient, au pool de matières organiques qui fournit leur nourriture et à la structure qui constitue leur habitat.
Le choix des techniques et des matières est à adapter à chaque situation, en fonction des indications données par les différents outils de diagnostic. Dans ce contexte, les couverts végétaux se positionnent comme une porte d’entrée vers la conservation des sols.
Le réchauffement climatique présente des risques non seulement écologiques mais aussi économiques : chaque entreprise a la responsabilité de minimiser son empreinte écologique et de promouvoir des pratiques durables. À Chiroubles, les vignerons du Château de Javernand ont choisi l’agroforesterie pour améliorer leurs sols à faible réserve utile. Ses sols, issus d’arènes granitiques, sont sableux, pauvres en matière organique, avec une réserve utile faible. Pour augmenter l’humus de ce sol, les viticulteurs veulent maximiser la biomasse produite et restituée aux sols.
En grandes cultures aussi, les producteurs sont conscients qu’une diminution de la biodiversité du sol entraîne une baisse des rendements et une perte accrue d’éléments nutritifs dans le sol. En Suisse, Agroscope a réalisé une expérimentation en maïs qui chiffre les pertes de rendements et les pertes en azote et phosphore lorsque la biodiversité du sol diminue : elle montre une chute de l’absorption d’azote de 20 % et de phosphore de 58 % pour les sols pauvres en micro-organismes par rapport à ceux présentant une vie plus riche.