L’éthanol subit de plein fouet la crise du Covid-19

L’éthanol subit de plein fouet la crise du Covid-19. © Patryssia/adobe Stock

Alors que les travaux de semis de betteraves vont s’achever d’ici quelques jours, Timothé Masson, responsable des affaires internationales à la CGB, nous propose un point de marchés sur le sucre et l’éthanol, inévitablement impactés aussi par la pandémie mondiale du Covid-19. Après la déprime des cours mondiaux du sucre en 2017/2018, on assistait à une remontée continue jusqu’à la mi-février 2020. Cette remontée a été stoppée net. Le sucre roux a perdu 32% de sa valeur, le scénario est identique et dans les mêmes proportions pour le sucre blanc. Toutefois depuis une dizaine de jours, on assiste à une légère reprise et le sucre blanc s’en sort mieux car la disponibilité est moindre, explique le spécialiste.

Deux éléments justifient cette chute. D’une part la dévaluation du real brésilien face au dollar. « La monnaie brésilienne a perdu 35% de sa valeur en 1 an et c’est vrai pour d’autres grands pays producteurs, ce qui tire nécessairement les marchés vers le bas. D’autre part, il n’aura échappé à personne qu’à cause de la pandémie et des guerres commerciales, le pétrole s’est effondré depuis le début d’année (-60% de sa valeur). Par conséquent l’éthanol brésilien s’est lui aussi déprécié (-20% de sa valeur en real), dans ces conditions le Brésil va privilégier le débouché du sucre.» En résumé, la reprise des cours était portée par un déficit mondial attendu en sucre, mais le Brésil devrait pouvoir compenser cette perte en switchant de l'éthanol moins rémunérateur au sucre. De plus, les spéculateurs anticipent cette baisse et sont redevenus vendeurs.

Quelles conséquences pour l’Europe ?

En Europe le prix de l’éthanol s’est aussi fortement dégradé passant de 64 euros/hl avant la crise à 45 euros/hl (échéance mai) indique Timothé Masson. Les mesures de confinement impactent fortement la demande. Concernant les prix du sucre, l’expert indique qu’il est compliqué d’avoir à ce jour des éléments tangibles sur les prix. Toutefois, les stocks sont bas et les emblavements de betteraves attendus en baisse d’environ 2%. « L’Europe devrait produire environ 17 millions de tonnes de sucre pour cette campagne, et être importatrice nette donc les fondamentaux sont sains », résume le spécialiste.

Mais dans le contexte actuel, il faut s’affranchir d’une pesée des cours mondiaux sur les cours européens. Comment ?

Timothé Masson rappelle qu’il ne faut pas tolérer les ruptures de contrats pour les livraisons déjà contractualisées sur les campagnes 2019/2020 et 2020/2021. « Les utilisateurs de sucre ne doivent pas profiter de la baisse mondiale pour renégocier. » Par ailleurs, l’expert ajoute que pour les négociations à venir il faut limiter les importations bradées par des pays à la monnaie dévaluée. La filière a donc demandé la mise en place de clauses de sauvegarde sur des importations prévues dans le cadre d’accords de libre-échange par exemple mais aussi la suspension du régime de perfectionnement actif (concerne les pays qui importent sans droits de douane et qui réexportent).

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