
En Provence, les adhérents d'Estandon peuvent acheter des semences pour les couverts auprès de viticulteurs céréaliers.
© EstandonSur les 140 adhérents à l’union Estandon Coopérative, en Provence, de plus en plus intègrent des couverts végétaux dans leurs vignes. Cette pratique aux multiples intérêts agronomiques a cependant un coût. Des mélanges de semences assez classiques peuvent se vendre à 3 euros le kilo. « Cette charge peut inciter les viticulteurs à sous-doser, alors qu’au contraire il est important de surdoser les semences. Les couverts ont un intérêt s’ils font rapidement de la biomasse », précise Stephan Reinig, le responsable technique du vignoble.
L’idée est donc venue de mettre en relation des viticulteurs céréaliers avec des viticulteurs mettant en place des couverts temporaires. En 2022, un hectare d’avoine et un hectare de seigle cultivés par un producteur ont alimenté quatre viticulteurs avec deux fois deux tonnes de semences récoltées.
Deux ans plus tard, force est de constater que le groupement d’achats a pris de l’ampleur. Pour les prochains semis, 19 ha ont été mis en culture chez 5 céréaliers. Et le bouche-à-oreille a fait son œuvre. Le nombre de viticulteurs se sourçant en local est lui aussi croissant.
Une boucle économique locale
« Chaque producteur fixe son prix et les modalités de retrait, indique Stephan Reinig. Mais cela tourne autour de 0,70 à 1,10 euro/kg. Chacune des parties y trouve son compte et le calcul n’est pas qu’économique. »
Yves Jullien peut en témoigner. Viticulteur et céréalier à Cotignac dans le Var, il a semé plus de 10 ha de vesce, de féverole, de seigle et d’avoine fourragères cette année. « Intégrer de nouvelles cultures, et notamment des légumineuses, dans ma rotation est agronomiquement intéressant. De fait, depuis cinq ans, je sème de moins en moins de blé dur. Seulement 20 ha cet hiver. Faire des semences à couverts plutôt que des cultures de rente ne change pas grand-chose à mon organisation. J’ai le matériel nécessaire sur l’exploitation ou en Cuma. Désormais, une vingtaine de vignerons me commandent des semences paysannes triées à la ferme. Je les conditionne en sac ou en big bag. »
Après les moissons, Estandon informe ses adhérents sur les semences disponibles, les volumes et les prix chez chacun des producteurs. Premiers arrivés, premiers servis ! « Tout se vend. En fin de campagne, je fais remonter les besoins des viticulteurs aux producteurs. Les deux premières années, on avait que du seigle et de l’orge. Des légumineuses sont aujourd’hui disponibles. Dans les mélanges de couverts, il serait pertinent d’intégrer des crucifères. Mais les conditions pédoclimatiques locales ne sont pas propices à la levée de ces cultures. La diversification de l’offre doit aussi être avantageuse pour le céréalier », rappelle Stephan Reinig, qui dresse un bilan positif de cette initiative collective naissante.
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