Une biomasse importante des couverts végétaux passe par une forte densité de semis

250 pieds/m2, c’est 1 milliard de mètres carrés d’échange entre les plantes et le sol. Crédit: Pixel6tm

Pour Thierry Têtu, enseignant-chercheur à l’université de Picardie et agriculteur, il est avant tout important de chercher à obtenir une biomasse importante des couverts végétaux. Et cela commence par une forte densité de semis. Par "forte densité", on entend, par exemple, 30 pieds de féverole par mètre carré, 75 pieds de pois, 62 pieds de vesce velue, 100 pieds de trèfle d’Alexandrie et 20 pieds de radis, soit, en tout, 287 pieds par mètre carré. Les raisons de chercher un couvert dense sont multiples.

En premier lieu, les manchons rhizosphériques produisent, par exsudation, des sucres, des enzymes et des acides aminés issus de la photosynthèse. Ces exsudats nourrissent la biomasse microbienne du sol, qui s’enrichit. Pour peu que le volume racinaire soit important, ce phénomène entraîne une augmentation de 15 à 20% de matière organique dans le sol à terme. La hausse du CO2 est, quant à elle, de l’ordre de 30%. À titre d’exemple, il est possible de produire dix tonnes de matière sèche par hectare en semant 15 kilos de trèfle d’Alexandrie et 2 kilos de radis Pegletta. Sont ainsi piégées 300 unités d’azote, 40 de phosphore et 180 de potasse.

70% de légumineuses au moins

L’augmentation de la biomasse racinaire entraîne par ailleurs la surminéralisation de la matière organique dans le sol rhizosphérique. Ce mécanisme va à son tour accroître l’azote du sol disponible pour la culture. Ce sont ainsi 100 à 120 unités d’azote qui peuvent venir du sol, au lieu de 50 à 60 d’ordinaire. "Ce phénomène peut durer dans le temps, à condition d’apporter des couverts et de la matière organique en permanence, sinon on épuise le sol", prévient Thierry Têtu.

Pour des couverts réussis, Thierry Têtu conseille de viser généralement 250 pieds par mètre carré, dont 70% de légumineuses. "250 pieds, c’est un milliard de mètres carré de surface d’échange entre la plante et le sol", révèle-t-il. Ce chiffre illustre le rôle essentiel de la qualité de l’enracinement sur la nutrition végétale. En outre, plus les racines des couverts sont denses et plus l’exploration du sol est forte.

"Si les racines se touchent, tout le sol devient du sol rhizosphérique", souligne Thierry Têtu. Un enracinement dense influence donc favorablement l’absorption des éléments nutritifs et leur restitution à la culture suivante.